Début février, le pays avait tout pour être l’épicentre de l’épidémie. Trois mois plus tard, il n’en a rien été. Il faut dire que le pays a très vite pris les mesures nécessaires, le tout sans confinement drastique

Comme en France, c’est un rassemblement religieux qui a grandement contribué à l’introduction du Covid-19 en Corée du Sud. Au pays du matin calme, les premiers cas sont apparus fin janvier après une réunion de l’église évangélique Shincheonji, que certains observateurs qualifient de secte. Pendant quelques jours, la presse internationale s’est inquiétée du cas coréen, nouvel épicentre de la pandémie. Pourtant, début mai, les chiffres sont catégoriques. Le pays asiatique, peuplé de 51 millions d’habitants, déplore 255 décès pour 11 000 cas (dont la moitié sont des membres de Shincheonji). Les autorités locales sont donc parvenues à faire ce que peu de pays ont fait : limiter l’épidémie à un cluster principal et à quelques autres plus secondaires.

Un pays bien préparé

Pour cela, le gouvernement du président Moon Jae- in a pu, comme de nombreux pays asiatiques compter sur un plan anti-pandémie conçu à la suite de la crise du Sras. Concrètement, le gouvernement a décrété un confinement bien plus léger qu’ailleurs, mais a obligé les habitants à porter des masques, qui sont présents en abondance dans le pays. Ils font d’ailleurs partie de la culture nationale puisque de nombreux Coréens sont déjà habitués à en porter, qu’il s’agisse de protéger les autres d’une grippe bénigne ou de préserver ses poumons lors de pics de pollution.

Pour limiter les pénuries, un système de distribution a été mis en place : chaque Coréen, selon un calendrier établi en fonction de l’année de naissance, achète une fois toutes les deux semaines le stock de masques dont il a besoin. À l’instar de l’Allemagne, les autorités de Séoul ont pu tester une grande partie de la population en se reposant sur le géant pharmaceutique local SD Biosensor qui, dès la fin du mois de janvier, a été capable de produire 350 000 tests par semaine. Le pays est allé encore plus loin que les autres en généralisant les tests dans des "drive-in" ou en menant des tests de groupe. Israël, à plus petite échelle, a agi de manière similaire. La stratégie a permis très rapidement d’isoler les principaux foyers et de limiter la contagion. Le système hospitalier, qui compte 12  places en réanimation pour 100 000 habitants n’a donc jamais été pris au dépourvu.

Les opérateurs mobiles et les émetteurs de cartes bleues ont participé à l'élaboration du système de tracking

Collaboration public-privé

Pays high tech par nature, la Corée du Sud a également mis en place un système de tracking sophistiqué. À l’inverse de Taïwan ou d’Israël, celui-ci a été déployé grâce à un partenariat entre l’administration et le secteur privé. En plus d’une appli classique, le gouvernement a agrégé les données fournies par trois opérateurs mobiles et vingt-deux émetteurs de cartes bleues. Ce qui permet de retracer le parcours complet d’un individu en dix minutes. Les nouveaux arrivants, pour leur part, peuvent entrer sur le territoire coréen après une prise de température, une quatorzaine et l’instauration d’un bracelet électronique, lui aussi relié au système de surveillance nationale. Si un malade est dans la rue, la police intervient dans un délai de vingt minutes.

Lucas Jakubowicz

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