Jean-Pascal Tricoire, l’empereur du mieux

Critiqué pour avoir déserté la France pour Hongkong, le PDG de Schneider Electric pourrait bien représenter un exemple à suivre dans un monde de demain tout digital et électrique.
Codir à distance, visioconférences, outils collaboratifs, collectifs de travail éclatés: pour beaucoup d’entreprises, ce printemps fut celui des premières fois. Chez Schneider Electric, en revanche, la transition en mode confinement s’est faite tout naturellement. Il faut dire que le groupe pratique le nomadisme depuis longtemps. Avec son comité exécutif dispersé sur trois continents, le spécialiste de l’énergie fait même figure d’exception parmi les entreprises du CAC 40. Mais, si ses bons réflexes et son organisation singulière ont permis à Schneider Electric de maintenir le rythme, pour un employé au moins la période a relevé de l’extraordinaire. Le confinement, même léger, a contraint Jean-Pascal Tricoire à ne plus bouger de Hongkong, port d’attache qui sert aussi de tremplin au PDG globe-trotteur.
Heureux qui comme Ulysse
"Pour la première fois depuis vingt ans, j’ai eu une vie de famille", s’amuse ce fils d’agriculteurs qui explique sa boulimie de voyages par une enfance sédentaire dans les contrées du Maine-et-Loire. La Corée du Sud et Taïwan seront les premières destinations d’un long road trip qui lui fera parcourir plus de cent pays. Entré chez Schneider Electric à l’âge de 23 ans, l’ingénieur diplômé de l’École supérieure de l’Ouest et titulaire d’un MBA de l’EM Lyon a occupé de nombreux postes à l’international. Repéré en 1998 par le patron de l’époque, Henri Lachmann, Jean-Pascal Tricoire doit renoncer à l’Afrique du Sud où il se plaît beaucoup pour gérer le rachat de Legrand. Si la fusion capote au dernier moment, il hérite d’une mission de chasseur d’entreprises à vendre et susceptibles d’apporter des innovations de rupture. Nommé président du directoire en 2006, il s’astreint à jouer à l’électricien tous les ans et part s’installer en Chine en 2011.
Pari combiné
Sa feuille de route est simple: allier digital et développement durable. Défenseur de l’efficacité énergétique, Tricoire a saisi mieux que nul autre que le temps de l’entreprise se contentant de vendre un produit était bel et bien révolu. Le développement du groupe, observe-t-il, repose sur un constat simple: "Plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité." Dans le même temps, il faut rénover les habitations, bâtiments, usines déjà équipés. Il réoriente donc le groupe qui, certes, aide à bâtir des villes et des machines plus intelligentes mais dans l’optique de proposer toute une nuée de services. Une stratégie payante. Schneider Electric a signé une année 2019 record grâce notamment à son offre de solutions autour de l’intégration digitale. Et l’intéressé de résumer: "Je ne suis ni climatosceptique ni le contraire. Je suis un homme d’affaires."
Plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité
Il n’en demeure pas moins que le groupe suit autant ses résultats financiers que sa performance en matière de développement durable. Au premier semestre 2020, le Schneider Sustainability Impact a atteint un score de 7,71/10 contre 3/10 en janvier 2018, ce qui vaut sans doute à Schneider Electric d’être reconnu comme l’une des cent entreprises les plus durables du monde par le magazine Corporate Knights. La crise sanitaire ne devrait pas éloigner le groupe de ses engagements. Jean-Pascal Tricoire, en effet, se dit confiant quant à notre capacité d’"apprendre de cette épreuve". La période ressemblerait à une version longue et intense de Learning Week, cet événement créé par le PDG pour les membres du comex afin de les "secouer dans leurs habitudes". Jean-Pascal Tricoire a tenu à verser, le temps de la crise, 25 % de sa rémunération fixe sur le Tomorrow Rising Fund, un fonds destiné à soutenir la reprise et la résilience. Manière peut-être de signifier, pour celui qui parle couramment le mandarin, que la crise n’est rien d’autre qu’une opportunité au cœur du danger.
Marianne Fougère
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