Alors que Bruno Le Maire a demandé jeudi aux grandes foncières d’annuler trois mois de loyers pour les TPE fermées et d’entrer en négociations avec les grandes chaînes en difficulté, plusieurs grands bailleurs ont d’ores et déjà pris des mesures qui vont au-delà des recommandations du Conseil national des centres commerciaux. Tour d’horizon.

Les propriétaires de centres commerciaux ne sont pas tous à loger à la même enseigne. Alors que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire les appelle sur BFM à faire plus d’efforts envers leurs locataires et que le bras de fer est engagé entre l’instance qui les représente, le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), et les fédérations de commerçants, plusieurs d’entre eux se démarquent. La Compagnie de Phalsbourg fait figure de pionnière dans ce groupe.

Après avoir annoncé dès le 16 mars sa décision d’annuler tous les loyers dus par ses clients enseignes non-alimentaires pendant les fermetures administratives (soit à l’époque entre le 15 mars et le 15 avril 2020), la foncière, qui détient 85 sites dont L’Atoll à Angers, Waves Actisud à Metz, Ma Petite Madelaine à Tours et The Village à Villefontaine, a décidé de prolonger cette mesure jusqu’au 11 mai suite à la dernière allocution d’Emmanuel Macron. « On ne peut pas raconter qu’on aime nos clients quand tout va bien… et les laisser tomber quand tout va mal ! explique Philippe Journo, son président-fondateur. Notre solidarité se poursuivra après la réouverture pour aider nos partenaires à redémarrer au mieux leur activité et à accueillir leurs clients dans les meilleures conditions. » Une mesure similaire a été prise par Ceetrus France. Le bras armé immobilier d’Auchan a annoncé jeudi l’annulation des loyers dus pour la période du 15 mars au 15 mai 2020 pour tous ses locataires en France, à l’exception des commerces ouverts. Dans le même registre, SNCF Gares & Connexions a renoncé, avec Altarea Cogedim (pour les gares de l’Est et de Montparnasse) et le groupe Demeter Concessions (à Rennes), à percevoir les loyers et les charges dus depuis le 16 mars et jusqu'au 30 avril 2020 par les enseignes et commerçants des gares.

Dernière initiative marquante en date, la foncière Frey a annoncé la création d’un fonds doté d’une capacité financière de 15 M€. Ce dernier a pour vocation de neutraliser le poids du loyer des enseignes proportionnellement à l’impact de cette crise, soit une neutralisation du loyer à 100 % durant la période de fermeture, 50 % durant le premier mois de réouverture, 25 % durant le deuxième mois et 10 % durant le troisième mois. De manière pratique, ce fonds assumera la moitié de cette charge directement par abondements financiers versés aux locataires de Frey, et l’autre moitié par la mise en place de prêts, sans intérêt, d’une durée de 24 mois à compter du 1er janvier 2021. « Le partenariat qui lie depuis des années Frey à ses commerçants s’exprime avant tout dans la répartition équilibrée de la création de valeur, souligne Antoine Frey, PDG du groupe. Avec un taux d’effort moyen de 8,8 %, nous sommes la foncière publiant l’indicateur le plus bas du marché. En retour, les enseignes nous renouvellent chaque jour leur confiance en nous permettant d’afficher l’un des taux d’occupation (97,6 %) les plus élevés du marché. Ce plan de soutien exceptionnel s’inscrit donc naturellement pour Frey dans cette relation de confiance et d’intérêts alignés avec ses enseignes partenaires. »

Ces différentes mesures de soutien donnent confiance à Éric Costa, directeur immobilier du groupe Galeries Lafayette : « Ce n’est qu’une question de temps pour qu’un compromis et des solutions soient trouvés entre les bailleurs et les commerçants afin de créer une dynamique positive. » La vigueur de la reprise et la pérennité des modèles économiques de chaque acteur de l’immobilier commercial en dépendra.

Par François Perrigault (@fperrigault)

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