Inconnu jusque fin 2020, le laboratoire Moderna a été le premier à trouver un vaccin contre la Covid-19. De quoi assurer la fortune de son patron, un Français au parcours international.

Rapide. C’est sans doute le terme le plus approprié pour décrire le parcours et la fortune de Stéphane Bancel, PDG de Moderna, laboratoire pionnier en matière de vaccin contre la Covid-19. Dans sa vie professionnelle, le Marseillais a brûlé les étapes. Après une classe prépa au prestigieux lycée jésuite de Sainte-Geneviève de Versailles, il intègre Centrale où il se spécialise en génie chimique et moléculaire. En 1993, alors qu’il n’a que 23 ans, il part au Japon (dont il a appris la langue) pour diriger les activités marketing de BioMérieux qu’il quitte en 2000 pour passer un MBA à Harvard et travailler aux États-Unis au sein du groupe Eli Lilly, spécialisé dans la lutte contre le diabète. En 2007, à 35 ans, il retourne chez BioMérieux pour occuper le poste de directeur général délégué. Cinq ans plus tard, le voilà nommé à la tête du laboratoire américain Moderna, encore confidentiel. Le credo du groupe ? Développer des vaccins basés sur l’ARN messager.

L’Elon Musk des labos

Ce parcours fulgurant ne va pas sans certaines accusations de management vertical voire paranoïaque. Le média en ligne Stat, spécialisé dans le secteur de la santé, va jusqu’à écrire que « Bancel a entravé la réussite de l’entreprise en raison de son ego démesuré, de son besoin d’exercer le contrôle et de son impatience à l’égard des revers qui sont pourtant une part inévitable de toute démarche scientifique ». Une attitude qui, selon l’intéressé, se justifie par son envie de changer le monde. Une audace et une impatience qui froissent certains mais qui permettent de renverser des montagnes, d’être agile, de damer le pion aux géants et de déjouer tous les pronostics. Que de points communs avec le patron de Tesla et SpaceX ! Une comparaison assumée par Alain Mérieux. Dans L’Obs, l’industriel n’hésite pas à comparer son ancien employé "à Elon Musk, le patron et fondateur de Tesla, qui a tout misé sur la voiture électrique quand personne n’y croyait ; et qui a chamboulé l’automobile comme Stéphane veut aujourd’hui bousculer l’industrie pharmaceutique". L’heure de gloire de Stéphane Bancel sonne en novembre 2020. En pleine pandémie mondiale, il annonce que sa firme a mis au point un vaccin efficace à 94,5% contre le coronavirus. Ce résultat est issu d’un test en phase 3 sur 30 000 personnes. Tout s’enchaîne ensuite très rapidement. La première dose est officiellement inoculée le 21 décembre 2020, l’administration Trump suivie par les autorités sanitaires de nombreux pays, dont ceux de l’UE, autorisent le vaccin.

"Stéphane Bancel veut bousculer l'industrie pharmaceutique comme Elon Musk l'a fait avec l'automobile"

Fortune fulgurante

Celui-ci ne tarde pas à faire envoler le cours de l’action du laboratoire du Massachusetts. Et fait la fortune de son PDG qui possède 9 % des parts du groupe. Le 18 mai 2020, cette fortune est estimée à 2,5 milliards d’euros après une levée de 1,3 milliard de dollars réalisée sur les marchés en… une heure seulement ! "Tout l’argent a été investi en personnel, machines et matières premières pour le vaccin. C’est un gros risque car, s’il ne marche pas, on met tout à la benne", explique le PDG. Mais la prise de risque s’est avérée payante au sens propre comme au sens figuré. La fortune de Stéphane Bancel bondit mois après mois pour atteindre 4,3 milliards en mai 2021. Soit une hausse annuelle de 72 %. Cependant, le dirigeant ne se repose pas uniquement sur un produit qui l’a rendu milliardaire. Son groupe développe une vingtaine de vaccins basés sur la technique de l’ARN messager.

Lucas Jakubowicz

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