Issue du Modem, Sarah El Haïry occupe une place centrale dans le dispositif de campagne d’Emmanuel Macron. La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement revient sur la stratégie du président en lice pour un second quinquennat.

Décideurs. Vos adversaires considèrent qu’Emmanuel Macron se dérobe, esquive le débat et que, d’une certaine manière, il vole l’élection…

Sarah El Haïry. C’est un vieux poncif qui touche tous les présidents en lice pour leur réélection. Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy ont subi les mêmes attaques. Emmanuel Macron est accusé de ne pas participer à un débat avec l’ensemble des candidats ? Aucun président sortant ne l’a fait, il s’inscrit dans cette tradition. Ce n’est pas une question de peur ou d’esquive, la raison est autre : en quoi parler quelques minutes en étant constamment matraqué permet-il à un candidat de présenter son projet de fond ? Or, ce qui nous importe c’est le programme. Et la majorité le présente dans toute la France de manière horizontale. Le second week-end de mars, nous avons organisé 150 réunions. Par ailleurs, s’il y a un président qui ne s’est pas dérobé durant son mandat, c’est bien Emmanuel Macron qui est allé sur le terrain parler avec les citoyens ; ce qui lui a d’ailleurs été reproché.

Sur quels axes la majorité mène-t-elle sa campagne ?

Nous montrons que, factuellement, la France est plus forte qu’il y a cinq ans, malgré une conjoncture difficile. L’objectif est de prouver en quoi le quotidien des Français s’est amélioré grâce à la baisse du chômage, la suppression de la taxe d’habitation, le chèque énergie, le plan de relance, le chômage partiel. Sur le terrain, dans les heures de porte-à-porte ou les réunions, les citoyens ressentent cela. Le fossé est énorme par rapport aux réseaux sociaux qui forment une bulle sans rapport avec la "vraie vie". La politique, ce n’est pas un concours de slogans, de postures ou de punchlines. En 2002, Lionel Jospin avait pourtant un "bon bilan" mais n’est parvenu ni à unir ni à accéder au second tour. Quels autres leviers activer ? Un bilan positif ne suffit pas et d’autres cordes à notre arc sont nécessaires. Il est important de projeter le pays sur le long terme, fixer un cap, ne pas se contenter de gérer. En dévoilant, par exemple, le plan France 2030, nous sommes dans la bonne direction. Je pense que la méthode doit changer. Nous ne sommes plus dans un monde où le politique est vertical et omniscient. Désormais, et nous le faisons depuis 2017, il est indispensable d’associer la société civile, le milieu associatif, les Français… Les partis qui ne l’ont pas compris sont du reste à la traîne dans cette campagne.

"La politique, ce n'est pas un concours de slogans ou de punchlines"

Dans tous les sondages, Emmanuel Macron réalise des scores plus élevés que la moyenne chez les 18-24 ans. Comment l’expliquer ?

Pour m’être spécialisée sur les questions de jeunesse depuis 2017, je note que la nouvelle génération est très bien informée et peu manipulable. On le remarque dans le monde du travail où elle rejette toute forme de greenwashing ou d’incantations qui ne sont que de la com. La jeunesse se fie aux preuves, au concret. En la matière, la majorité a des réalisations solides à avancer : le taux d’emploi des jeunes est au plus haut depuis 1981, la réforme de l’apprentissage offre de nouvelles perspectives. Mentionnons également la baisse du coût des mutuelles étudiantes, le chèque psy, le pass culture mais aussi la personnalité du président, capable de parler sur Brut, de mener des négociations internationales en anglais. Cette partie de la population n’est pas naïve et rejette les promesses perçues comme électoralistes telles que le RSA généralisé ou le chèque de 5 000 euros pour chaque jeune qui atteint 18 ans.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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