Convaincus que les solutions de paiements actuelles sont dépassées, Pieter van der Does et Arnout Schuijff cofondent en 2006 Adyen, une plateforme qui permet de gérer tous les règlements en ligne ou en magasin dans le monde. En 2018, l’entreprise - dont le nom signifie en surinamais "recommencer de zéro" - s’introduisait en Bourse et atteignait les 17 milliards de dollars de valorisation. Retour, avec Philippe de Passorio, Managing Director France et Italie d’Adyen, sur les méthodes qui ont permis un tel succès.

Décideurs.  Vous mettez en avant votre capacité d'innovation. Comment se matérialise-t-elle ?

Philippe de Passorio. Lorsque vous effectuez des achats, que ce soit dans un commerce physique ou une boutique en ligne, vous devez les régler. Adyen s’occupe de tout : du terminal de paiement ou de la page de paiement e-commerce, jusqu’à ce que le commerçant perçoive l’argent. Nous avons mis en place une solution, une plateforme qui permet de gérer tous les règlements en ligne ou en magasin dans le monde. Pour les commerçants, cela signifie une seule intégration technique pour régir toute la chaîne de valeur, là où d’habitude ils doivent composer avec des dizaines d’interlocuteurs. Notre offre leur fait gagner en agilité. C’est pour cela que nous avons séduit des clients comme Spotify, Uber, Etam ou encore Zadig & Voltaire.

Comment êtes-vous organisés ?

Nous n’avons pas une organisation hiérarchique. Nous fonctionnons par réseaux, ce qui permet de remettre l’individu au centre et de le laisser prendre des initiatives. La culture d’entreprise d’Adyen est basée sur la "Formula", composée de neuf mantras, qui nous guident dans ces choix. Tels que "launch and iterate", c’est-à dire lancer rapidement des initiatives et faire des itérations pour les améliorer. Le rôle des managers consiste à les mettre dans une zone où ils ont le droit d’innover et de tester des choses. Il n’y a pas de notion d’échec. Ce principe s’applique aussi bien au marketing, au commercial qu’à la technique. On peut rapidement lancer une offre et y ajouter peu à peu des fonctionnalités si elle répond à la demande. C’est le marché qui aide la société à créer l’innovation. Il ne faut jamais se couper de celui-ci.

"Attirer le talent c’est le nerf de la guerre pour une société technologique et innovante"

Lorsque vous êtes arrivé chez Adyen, l’équipe française comptait quatre personnes. Aujourd’hui vous êtes une cinquantaine. Comment avez-vous recruté ?

Attirer le talent c’est le nerf de la guerre pour une société technologique et innovante. Nous avons de la concurrence. Nous ne recrutons pas des experts du domaine du paiement mais des personnes qui embrassent l’Adyen Formula : des gens capables de faire bouger les choses par eux-mêmes, de travailler en équipe pour enrichir leurs idées, des collaborateurs indépendants qui ont pour ambition de grandir avec la société. Les entretiens, menés de manière collégiale, sont l’occasion d’être transparent sur le sujet.

Vous-même, qui avez été entrepreneur, pourquoi avoir rejoint Adyen ?

J’ai été séduit par la vision aussi bien métier qu’humaine portée par les fondateurs qui se voyaient, grâce à cette organisation, pouvoir atteindre une valorisation d’1 milliard d’euros – dont nous étions très loin en 2015. Ce sont des personnes très humbles. D’ailleurs, l’une des formula d’Adyen dit "winning is more important than ego". Notre métier est extrêmement complexe, très réglementé et on ne peut pas réussir seul.

L’agilité est également dans votre ADN... 

Tout à fait. Et l’agilité est également le mot de 2021. Le contexte actuel oblige les commerçants à réinventer leur manière de faire du business. On voit se développer le pay by link, c’est-à-dire le paiement à partir d’un lien. Pour des raisons sanitaires, il y a également une volonté d’aller vers davantage de transactions sans contact. On va aussi de plus en plus régler ses achats avec des QR codes, comme cela existe en Asie. À chaque dîner de Noël, notre CEO affirme que nous sommes au début de l’aventure Adyen. À chaque fois que l’on ouvre une porte, on se rend compte qu’il a raison.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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