Hidalgo au plus haut, des écolos en demi-teinte, une droite qui garde ses bastions, pas d’effet Buzyn, le flop Villani… Voici ce qu’il faut retenir de ce premier tour dans la capitale.

Hidalgo au plus haut

Décriée, critiquée… mais largement en tête avec 30% des suffrages. La maire socialiste dépasse les prévisions des instituts de sondage. Sa liste, Paris en commun, fait la course en tête dans neuf arrondissements. Elle dépasse les 40% dans plusieurs d’entre eux : le Xe avec Alexandra Cordebard (41,34%), le XIe avec François Vauglin (43%), le XIXe avec François Dagnaud (41,27%) et le XIIIe avec Jérôme Coumet (40,2%).

Des Verts en demi-teinte

Dans les grandes métropoles de l'Hexagone, EELV peut se targuer d’excellents résultats : 27,87% pour Jeanne Barseghian à Strasbourg, 28,3% pour Grégory Doucet à Lyon… En revanche, à Paris, c’est la soupe à la grimace. La liste menée par David Belliard n’atteint que 11,6%. Une hausse très faible par rapport à 2014 où l’écologiste Christophe Nadjovski obtenait 8,86%. Humiliation suprême, les Verts parisiens font moins bien qu’en 2001, année où Yves Contassot a attiré 12,35% des électeurs. En 2020, c’est dans le XVIIIe (17,1%) et dans le très bobo Xe (15,4%) que la liste conduite par Belliard obtient ses meilleurs scores.

Les écolos parisiens réalisent un moins bon score qu'en 2001 !

Comment expliquer cet échec ? Il est possible que la liste Belliard ait pêché par paresse en comptant capitaliser sur le bon score d’EELV aux européennes dans la capitale (19,89%). En ne répondant qu’avec parcimonie aux demandes d’interviews des journalistes, en verrouillant la communication, le candidat Belliard a eu du mal à se faire connaitre. Dans le même temps, Anne Hidalgo et Cédric Villani, qui ont joué la carte de l’écologie, ont pu attirer des parisiens sensibles à l’environnement.

Pas d’effet Buzyn

Malgré toute sa bonne volonté, Agnès Buzyn, désignée sur le tard, obtient 17,6% des voix. Un score similaire à celui de Benjamin Griveaux avant qu’il ne soit contraint au retrait. Le score est loin, très loin, de ceux obtenus par Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017 (34,83%) ou encore par Nathalie Loiseau aux européennes de 2020 (33%).

LREM arrive en tête dans seulement deux arrondissements : le Ve et le IXe grâce à deux élues de droite sortante et ralliées à la Macronie, Florence Berthout et Delphine Burkli. Les figures macronistes de la capitale sont à la peine : avec 21%, le député Pacôme Rupin est loin derrière le socialiste Ariel Weis (33%) à Paris Centre. Dans le VIe, le rallié de dernière minute, Gaspard Gantzer (22%), est très largement distancé par le maire LR Jean-Pierre Lecocq (38%). Enfin, dans le nord-est parisien, le parti présidentiel ne perce pas : 17% pour Pierre-Yves Bournazel dans le XVIIIe, 11,5% pour Olivier Rouxel dans le XIXe.

Villani : le flop

Traditionnellement, lors d’une soirée électorale, tous les candidats (même ceux qui ont déçus) peuvent trouver des raisons d’être optimistes. Pour Cédric Villani, dur dur de trouver des motifs de satisfaction. Le macroniste dissident a débuté sa campagne avec 16% des intentions de vote. Il la termine avec 6,7%. Le meilleur score obtenu par sa liste est dans le XIVe avec 12%. En communication politique, on parle de candidature qui n’imprime pas...

La droite se rassure (comme elle peut)

À quelques jours du premier tour, Rachida Dati faisait la course en tête avec environ 25% des intentions de vote. Elle n’en obtient que 22%, loin derrière Anne Hidalgo (30%). Objectivement, c’est une défaite sévère. Mais la droite parisienne peut se réjouir d’une chose : contrairement à ce que pouvaient laisser penser les élections législatives et européennes, elle existe toujours. Les bastions de l’ouest parisien lui sont restés fidèles.

Avec 50,69%, Rachida Dati est reconduite à la mairie du VIIe. Dans le XVIe, l’avocat Francis Szpiner est estimé à 48%. Les mairies du XVe, du XVIIe, du VIIIe et du VIe devraient rester des fiefs de droite. Si LR ne gagne pas du terrain, elle conserve toutefois les « bijoux de famille ».

Se rallier à LREM, une bonne idée ?

Certains maires d’arrondissements, pour se faire reconduire, ont revêtu la casaque LREM. Une bonne idée ? Pas forcément. A droite, Philippe Goujon, maire du XVe a louvoyé : pas avec Dati, pas tout à fait avec LREM. Un positionnement ambigu et sanctionné. Avec 21,37%, il est devancé par la candidate « datiste » Agnès Evren (22,77%). Tout reste encore jouable dans cet arrondissement.

Les marcheurs issus de la gauche doivent regretter leur choix

Les « néo marcheurs de gauche » doivent eux aussi regretter leur choix. La maire du XXe, Frédérique Calendra a quitté le PS pour rejoindre les équipes de Benjamin Griveaux, alors fer de lance de la macronie parisienne. Résultat ? Un piteux 12,6%. Elle termine derrière le candidat LR (13,9%) et le candidat PS Éric Pliez (38%. Rayon déception, dans le XIIe arrondissement, l’ancienne députée PS Sandrine Mazetier, désormais LREM, termine à la troisième place (16,5%. Elle est largement distancée par Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo (33,8%) et par LR (22,9%).

En revanche, certains convertis au macronisme peuvent se réjouir de leur choix. C’est notamment le cas de Florence Berthout, maire du Ve, ex LR qui termine en tête (28,5%) devant la candidate PS (25,5%). Dans le IXe, Delphine Burkli, maire sortante obtient 37%, soit 12 points de plus que son poursuivant socialiste.

Lucas Jakubowicz

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