Yves-Marie Ravet, fondateur du cabinet Ravet et avocat fiduciaire, revient sur ses différentes expertises et détaille les outils mis en place par son cabinet afin d’affronter les effets de la pandémie de Covid-19.

Décideurs. Quelles sont vos expertises et votre savoir-faire ?
Yves-Marie Ravet.
Il y a trente ans, après une carrière internationale, fort de ma formation axée sur le droit anglo-saxon, j'ai créé le cabinet Ravet. Les années 1990 nous ont d’abord donné une orientation vers des dossiers de procédures collectives. Ainsi, pendant une quinzaine d’années, j’ai accompagné les dirigeants, généralement des repreneurs mais aussi des débiteurs, dans leurs procédures collectives. Après avoir fait le choix d’évoluer par le biais d’une croissance externe, les spécialisations du cabinet se sont diversifiées pour finalement proposer à nos clients tous les principaux pôles d’activité d’un avocat d’affaires. J’étais un avocat auprès des débiteurs et je suis aussi devenu un avocat pour les créanciers, notamment bancaires.

Depuis 2007, avec l’apparition de la fiducie, j’ai eu le plaisir de revenir à ma formation initiale en droit des trusts anglo-saxons pour devenir avocat fiduciaire, dans le cadre, aujourd’hui, de notre structure ad hoc : la Fiduciaire de l’Orangerie.

Ma préoccupation aujourd’hui est de répondre à la demande d’une clientèle, à la fois bancaire et financière, composée également de repreneurs d’entreprises et de dirigeants que je conseille sur leurs problématiques patrimoniales. Pour cela, je cherche à mettre en place des complémentarités mais aussi à diversifier notre pratique en me tournant vers mes confrères.

Enfin, il faut souligner que 30 % de l’activité du cabinet est constituée par des dossiers de crise, très spéciaux et techniques sur lesquels j’interviens dans l’urgence. Je dois confesser que j’aime les dossiers difficiles. La complexité m’amuse !

"La sécurité juridique et la fiabilité proposées par la fiducie en font aujourd’hui la reine des sûretés"

En tant qu’avocat fiduciaire, pourquoi conseillez-vous l’instrument de sûreté qu’est la fiducie ?
Tout d’abord, il convient de préciser que la fiducie a deux fonctions. Nous accompagnons nos clients dans le cadre de la mise en œuvre et du déroulement des mécanismes de fiducie-sûreté ou de fiducie-gestion. La fiducie-sûreté va permettre à un débiteur de transmettre la propriété d’un bien – plutôt que de l’hypothéquer – à un fiduciaire garant en garantie de paiement d'une dette, par exemple. D’un autre côté, la fiducie-gestion permet au constituant de transférer la propriété d’un bien au fiduciaire chargé de le gérer, soit dans l’intérêt du constituant, soit dans l’intérêt d’un tiers bénéficiaire.

La sécurité juridique et la fiabilité proposées par la fiducie en font aujourd’hui la reine des sûretés. Elle n’a pas la lourdeur de l’hypothèque ni ses aléas. Elle s’est développée avec une nouvelle approche de la propriété qui était impensable auparavant.

La fiducie est un instrument encore jeune, comment évolue-t-il ?
Actuellement, l’attrait pour la fiducie est énorme et nous sommes de plus en plus sollicités. Cependant, deux résistances freinent la généralisation de cet outil. La première est culturelle. Nous rencontrons encore des difficultés à vendre la fiducie comme une évidence pour les banquiers, les créanciers ou les emprunteurs qui vont lui préférer une hypothèque traditionnelle. Les banquiers restent fidèles à leurs habitudes et les emprunteurs se méfient de la grande efficacité de ce mécanisme qui permet de résoudre aussi bien les problèmes d’exécution. La seconde tient à la crainte des coûts qu’elle engendre. C’est pour cela que nous essayons d’être aussi compétitifs que possible.

L’intérêt de la fiducie est pourtant multiple. C’est un excellent moyen d’organisation de son patrimoine car il permet, notamment, d’en déléguer la gestion au profit d’un tiers fiduciaire. En outre, il ne faut pas non plus oublier que tout actif fiduciaire devient insaisissable pour les créanciers futurs, au même titre qu’un contrat d’assurance-vie.

Nous développons notre pratique fiduciaire en l’adaptant pour répondre aux besoins de nos clients sur de nouvelles problématiques. Et nous ne la réservons pas au domaine immobilier. Nous avons ainsi été les premiers à utiliser ce concept sur une entreprise en difficulté en 2007. De plus nous continuons d’aller vers des produits innovants. Par exemple, aujourd’hui, nous créons au sein du cabinet de nouvelles offres grâce à l’arrivée d’associés possédant de nouvelles expertises dans des domaines tels que la blockchain ou la cryptomonnaie.

Quelles évolutions avez-vous observées dans l’activité du cabinet depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19 ?
Nous avons constaté un frein sur les dossiers les plus classiques mais aussi un report des dossiers bancaires ; les banques s’étant concentrées sur les PGE. Cependant, depuis une quinzaine de jours, les dossiers redémarrent.

D’un point de vue interne, au cours des trois derniers mois, nous avons effectué un important travail d’organisation et de recadrage de nos activités. Cette période aura permis d’éprouver nos mécanismes de poursuite de l’activité et de vérifier que notre structuration était résiliente.

Cette phase difficile n’a pas non plus affecté le maillage géographique que nous élaborons progressivement. Depuis le mois de janvier, au niveau national, nous nous sommes étendus à Lyon grâce à notre rapprochement avec le cabinet Yellaw mais nous sommes aussi présents à Lille, Rouen, Rennes ou encore Marseille et avons renforcé notre présence en Bretagne. Nous avons aussi travaillé sur des rapprochements avec des confrères en Belgique et au Royaume-Uni.

"Nous proposons désormais une offre inédite en matière de recouvrement des créances grâce à un partenariat avec une étude d’huissiers de justice"

Comment anticipez-vous le second semestre de cette année ?
Nous savons que nous allons devoir affronter une crise majeure mais elle n’est pas encore réellement lisible. Notre rôle auprès de nos clients est de préparer de nouveaux produits pour l’affronter. Toutes nos équipes ont été sensibilisées et formées aux procédures collectives que ce soit en matière de prévention que de reprise d’entreprises par des investisseurs.

À partir du mois de septembre, le sujet central sera le recouvrement du compte client. J’en suis intimement convaincu. Nous proposons désormais une offre inédite en matière de recouvrement des créances grâce à un partenariat avec une étude d’huissiers de justice. Cette offre interprofessionnelle est originale et extrêmement compétitive. Après un audit précis et au regard des pièces communiquées, l’huissier recherchera des éléments sur la solvabilité du débiteur ce qui permettra de savoir, sous quinze jours trois semaines, quelles sont les chances du créancier de recouvrer son compte client et sous quels délais. En maîtrisant à la fois les procédures, les coûts, les délais et l’information, nous offrons un recouvrement optimum à notre clientèle. Ce sera l’un des outils clés pour faire face aux problématiques des mois à venir.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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