Les investisseurs doivent-ils céder à la panique face au risque de pandémie mondiale ? Chief Market Strategist pour la Banque privée HSBC Monde, Willem Sels conseille aux investisseurs de rester positionnés sur les marchés financiers à condition de privilégier les actions de qualité. Il s’en explique.

Décideurs. Comment protéger les portefeuilles dans le contexte du coronavirus ?

Willem Sels. Quand il y a un niveau élevé d'incertitudes, il est important de s'appuyer sur les données macroéconomiques. Si la croissance globale est actuellement en dessous de la moyenne historique, celle-ci demeure toutefois positive, une situation qui concerne notamment la Chine. Pour 2020, nous restons investis mais privilégions des actions de qualité, offrant des revenus stables. Nous visons par conséquent des entreprises œuvrant sur des secteurs avantageusement positionnés sur le long terme tels que la technologie et l'urbanisation ainsi que la thématique de la démographie. Cela peut aider à protéger les portefeuilles à long terme et parer en partie aux incertitudes importantes à court terme. Nos portefeuilles apportent une diversification géographique, une surpondération en or et une limitation de la concentration des risques. La volatilité est assez basse. Les options ne sont pas chères et peuvent apporter une protection supplémentaire. Sur la partie obligataire, le soutien des banques centrales favorise la baisse des taux d'intérêts. Nous continuons de privilégier le segment de l'investment grade en ciblant des entreprises de qualité.

Les banques centrales mettent actuellement en oeuvre des revues stratégiques sur leur politique. Quels sont les impacts à venir pour les investissements ?

La politique de la Fed devrait rester inchangée pour 2020 et 2021. Les USA sont moins impactés en ce moment par le coronavirus, leur croissance est solide, le chômage faible et les consommateurs ont confiance. Il y a donc peu de changements à attendre. Pour la Zone Euro, le statut quo est également attendu. En Angleterre, une réduction des taux est anticipée. En Chine, on anticipe une réduction du taux de référence. Cette dynamique concerne également d'autres banques centrales au sein des pays émergents (Inde, Chine, Mexique, Malaisie …). De telles décisions constituent un soutien supplémentaire aux marchés obligataires émergents que nous surpondérons.

"Les risques d’interruption de la production de composants en Chine pourraient durer plus longtemps que prévu"

Quelles sont vos perspectives d'investissement dans le secteur de la technologie pour 2020 ?

Nous avons longtemps surpondéré ce secteur. Nous venons de réaliser un profit partiel aux USA. Dans la mesure où les risques d’interruption de la production de composants en Chine pourraient durer plus longtemps que prévu, nous devenons plus sélectifs. Globalement, dans le secteur de la technologie, nous avons des préférences pour les thématiques des fintechs, des health technology services (vieillissement de la population dans les pays développés, meilleurs accès aux soins pour la population des pays émergents) et à la 5G. C'est sur ces thèmes que la croissance y est la plus importante.

Quels sont selon vous les défis qui vont amener les investisseurs à faire évoluer leur style d’investissement ?

Au sein de la zone euro, la quête de rendement est toujours prioritaire. Il est important de ne pas exagérer le niveau de cash parce qu’il n'offre pas une bonne rémunération.

De plus en plus de personnes commencent à investir leurs liquidités. Il faut regarder les opportunités sur les marchés obligataires, en dollars et dans les marchés émergents, tout en veillant à ne pas prendre un risque trop élevé. La priorité étant de garder de la qualité au sein des portefeuilles. Le niveau des dividendes distribués par les entreprises nous ouvre aussi des pistes de réflexion. Le real estate est une autre source de rendement. Quoi qu'il en soit la recherche de rendement est aujourd'hui plus difficile qu'il y a cinq ans.

Les valorisations élevées représentent un autre défi, et pas seulement dans le secteur de la technologie. Nous ne pensons cependant pas qu'il y ait des risques d’une correction majeure à long terme. Les banques centrales continuent en effet d'apporter un précieux soutien aux marchés. Nous pouvons être amenés à conseiller à nos clients des solutions de type Hedge Funds, comme des fonds equity long short. Le private equity est une autre classe d'actifs pertinente, qui permet d'apporter de la valeur ajoutée. Les clients institutionnels, privées et les family office y montrent d'ailleurs beaucoup d'intérêt.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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