Après avoir connu de sérieuses difficultés financières, EuropaCorp restructure son capital à la faveur d’une conversion de sa dette en actions. Vine Alternative Investment, son principal créancier, prend donc le contrôle stratégique du groupe de production, mais Luc Besson a su valoriser sa renommée pour conserver sa liberté artistique et ses intérêts financiers.

Placée en procédure de sauvegarde en mai 2019, la société de production-distribution fondée par Luc Besson trouve une porte de sortie. Grâce à un plan de debt to equity, EuropaCorp passera sous le contrôle de Vine Alternative Investment, un investisseur américain spécialisé dans les médias et le divertissement. Ce fonds a déjà utilisé cet outil lors du redressement de Village Roadshow, producteur de « Joker » qui a connu un succès incontestable en salles. Dans le cas d’EuropaCorp, la dette senior, détenue par des banques, sera rééchelonnée sur 7 ans, quand les dettes mezzanine et de troisième rang seront transformées en participations. In fine, Vine détiendra 60,15 % du capital, diluant les parts du réalisateur de 31,6 % à 10,6 %, et divisant ainsi sa rémunération par deux. Pourtant, Luc Besson est le grand gagnant de cet accord unanime entre les parties prenantes, car même s’il perd toute fonction de gestion, il conserve celle de directeur artistique pour au moins 5 ans et sera impliqué dans le choix de son successeur à la tête du groupe. Selon une source proche du dossier, si , à l’inverse des sociétés financières impliquées, les détenteurs de la dette la plus risquée n’ont pas choisi de rééchelonner celle-ci, mais de prendre un contrôle purement financier du groupe, c’est parce qu’ils misent sur l’actif principal d’Europacorp, son fondateur. Celui-ci sera, en outre, intéressé financièrement au succès des films que permettra de produire la ligne de trésorerie de 100 millions d’euros débloquée par Vine. La renommée de Luc Besson lui aura donc permis de liquider sa dette, tout en préservant sa liberté de production et ses intérêts financiers. Sur le plan stratégique, le producteur devra désormais sortir trois films par an, dont un en français, et d’éventuelles séries avec un retour à la rentabilité espéré d’ici à 2022. Un rebond bienvenu après avoir subi des pertes nettes de 110 millions d’euros en 2018.

Baptiste Delcambre

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