La députée du Nord Valérie Petit revient sur la fracture entre progressistes et conservateurs. Elle estime que les élus réformateurs de "l’ancien monde" ont toute leur place dans la majorité s’ils rompent avec les vieux réflexes partisans.

Décideurs. LREM se définit comme un mouvement "ni de gauche ni de droite". Les récents ralliements d’élus LR risquent-ils de déséquilibrer le mouvement ?

Valérie Petit : Originellement, LREM a la particularité d’aller au-delà des étiquettes. Nous défendons des valeurs qui transcendent les partis : écologie, défense de la responsabilité individuelle, d’une Union européenne plus forte…

Le clivage gauche-droite ne parle plus aux Français, même s’il est encore utilisé par certains journalistes et élus. Nous sommes pragmatiques, nous nous concentrons sur les solutions concrètes et les effets positifs. Si de nouveaux venus rejoignent notre mouvement, c’est qu’ils partagent notre diagnostic. J’espère qu’ils oublieront les anciennes fractures. Que l’on soit issu de la droite, de la gauche ou de la société civile, nous avons besoin d’aventuriers, de personnes qui vont au-delà de leur ancien pré-carré. Je conçois que cela puisse paraître difficile. Mais si c’est ce constat qui anime ceux qui nous rejoignent, ils ont toute leur place chez nous.

Quels sont les clivages qui structurent désormais la politique française ?

Je pense qu’il s’agit de la séparation entre les progressistes et les conservateurs. Il peut y avoir des conservateurs à la fois dans les partis se définissant de gauche ou ceux se réclamant de droite. Les anciennes forces politiques ont un intérêt commun : il faut que rien ne change dans les équilibres politiques et sociaux car c’est ce qui permet de décrocher des postes, quitte à assigner les Français à résidence sociale. Des personnalités comme François-Xavier Bellamy ou Jean-Luc Mélenchon n’ont aucun intérêt à défendre le pragmatisme, l’émancipation, le dépassement des barrières… Ce sont les séparations artificielles qui les font vivre. Ils gèrent leur électorat comme un portefeuille d’action, et ils misent sur les postures pour tenter d’exister.

"Nous avons besoin d'aventuriers, de personnes qui vont au delà de leur pré-carré"

Quel exemple de posture vous a marqué ?

Lors de la loi « L’école de la confiance », j’ai proposé un amendement pour inscrire « parent 1 et parent 2 » dans les formulaires scolaires. Les demandes émanaient de citoyens qui ne se reconnaissaient pas dans « père et mère » pour plusieurs raisons : famille monoparentale, couple de même sexe…

Certains formulaires tenaient déjà compte de cette situation en utilisant par exemple les termes « responsable 1 et 2 ». J’ai tout simplement souhaité harmoniser la situation comme cela se fait par exemple au Québec. Mais aussi en France où lors des déclarations fiscales, on utilise « télédéclarant 1 et 2 ». Cet amendement a été monté en épingle, instrumentalisé par une partie de la droite conservatrice. Alors qu’il s’agit tout simplement de prendre en compte une situation déjà existante. Voilà une belle illustration de posture politicienne.

Selon-vous quelles sont les principales avancées progressistes qui ont été mises en place depuis mai 2017 ?

C’est toute l’action du gouvernement qui est cohérente et guidée par le progressisme et l’efficacité. Je pense que nous avons fait des progrès notables en matière d’écologie. Ils vont continuer avec le projet de loi relatif à l’énergie et au climat qui prévoit notamment la neutralité carbone pour 2050 ou la lutte contre la prolifération de matières plastiques. Le droit à l’erreur reconnu par l’administration est également une avancée à mon sens car il pourra encourager les initiatives individuelles et changera à terme les rapports entre citoyens et administration.

En matière d’inégalité et de violences contre les femmes, nous prenons position, encourageons la prise de parole. La législation était déjà là, mais en incitant à ne pas se murer dans le silence, nous nous inscrivons également dans une posture progressiste irréversible. Ce qui permet de mettre la lutte contre les inégalités dont souffrent les femmes ou les minorités au cœur de l’agenda politique.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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