Présent à l’université d’été du Medef, le ministre de l’Économie et des finances est revenu sur la stratégie du gouvernement pour bâtir « la prospérité de demain ». En tête de ses objectifs : des finances publiques mieux maîtrisées, des entreprises plus innovantes et une Europe plus indépendante.

Pour clôturer cette 20ᵉ université d’été, Bruno Le Maire est venu livrer sa vision du pays à vingt ans. Aux entrepreneurs qui, a-t-il déclaré, « bâtissent la France de demain », le ministre de l’Économie et des finances a redit sa lucidité face aux défis de l’époque et sa détermination pour donner au pays les moyens de les relever. « Nous sommes dans une ère de combat, avec une guerre commerciale qui est à nos portes, avec l’émergence de géants du numérique qui ont autant de pouvoir que 90% des États de la planète, avec l’extrémisme qui gagne du terrain...  Dans ce contexte, nous avons besoin de dirigeants avec un cap », a-t-il déclaré avant d’assurer que le gouvernement resterait inflexible sur celui qu’il s’était fixé ; « Tout simplement parce que ce cap a été voulu par les Français et parce qu’il donne des résultats, a lancé Bruno Le Maire. Nous sommes sortis de la procédure pour déficit public excessif, nous avons une croissance de 1,7%... Je ne dis pas que c’est assez, je dis que c’est mieux que les résultats des dernières années ».

Innovation et stabilité fiscale

Concernant les entreprises, là encore, le discours est ferme et le message rassurant : le capital doit être moins taxé pour leur permettre d’innover davantage et de gagner en compétitivité. Objectif : emmener la France « vers une nouvelle prospérité », notamment en donnant aux entreprises les moyens d’innover dans la durée en leur permettant de se financer sur fonds propres « et non  plus sur de la dette ». « Nous en avons assez de voir se multiplier les start-up qui sont ensuite rachetées par des géants du numérique chinois ou américains !», a lancé le ministre qui, pour libérer la capacité d’innover des entreprises sans les fragiliser, entend parier sur les bienfaits d’une fiscalité sans surprise. « Nous allons garantir la stabilité fiscale et l’investissement des entreprises dans l’innovation », a-t-il déclaré en réaffirmant la volonté du gouvernement de « ne pas toucher au crédit impôt recherche ». 

Prospérité responsable

Concernant la récente loi Pacte et les changements qu’elle implique, le ministre s’est encore une fois voulu rassurant. « Lorsque nous proposons de modifier le Code civil pour élargir le rôle des entreprises, c’est une façon de vous dire que l’aventure dans laquelle vous vous êtes engagés est aussi sociale et humaine. Saisissez cette chance, c’en est une ! » a-t-il lancé avant d’insister sur le fait qu’il n’y aurait pas de prospérité future sans respect de l’environnement. « Qui irait investir massivement dans des entreprises qui nuiraient à l’environnement ? Qui achèterait leurs produits ? Pas grand monde », a estimé Bruno Le Maire pour qui « la France a besoin d’un État stratège sur ces questions ».

Maîtrise des dépenses

Autres leviers de la stratégie gouvernementale pour redorer le blason de l’économie française d’ici à vingt ans : revaloriser le travail et réduire les dépenses publiques – une urgence au vu de leur niveau actuel a déclaré le ministre en rappelant que, au cours des dix dernières années, la dépense publique avait augmenté de trois points et la dette publique de 32 points. « Ce n’est pas soutenable, ce n’est pas acceptable, ce n’est pas durable ! », a-t-il martelé avant de s’engager à prendre les mesures nécessaires pour rétablir les équilibres. 

Équilibres qui, à l’avenir, dépendront de plus en plus de l’Europe et de sa capacité à faire face à la guerre commerciale qui se profile.

Coopération européenne

« L’Europe doit être le continent de l’innovation, créateur de richesses, ferme dans la protection de ses technologies et indépendant dans ses finances », a affirmé Bruno Le Maire, convaincu qu’une Europe forte et indépendante participera à cette nouvelle prospérité française et permettra de contrer les ambitions protectionnistes de la Chine et de l’administration Trump. « Nous refusons les sanctions extra-territoriale américaines, a-t-il déclaré. Nous refusons que les États-Unis deviennent le gendarme du commerce international. » D’où l’enjeu de l’indépendance financière de l’Europe sans laquelle, a-t-il répété, il ne saurait y avoir d’indépendance économique.

Moyennant quoi, le ministre de l’Économie et des finances s’est dit confiant. « Nous ne sommes pas condamnés à une croissance molle, à la dette et au déficit, à utiliser les technologies que nous ne produirons plus faute de nous en être donné les moyens ; notre rôle n’est pas de regarder l’Histoire mais de la faire en défendant nos intérêts et nos valeurs, a-t-il lancé avant de conclure : cette prospérité demande audace, courage et constance : ce sont les qualités du Président, du Premier ministre et des entrepreneurs français. » Applaudissements.

Caroline Castets

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