Numéro un des résidences de loisirs, le groupe Pierre et Vacances, qui rencontre d’importantes difficultés financières, pourrait bientôt sortir de l'impasse. Dans le cadre d’une opération de recapitalisation, un consortium d’investisseurs, Alcentra, Fidera et Atream, annonce être entré en négociations exclusives avec cet acteur emblématique du tourisme français.

Déficitaire depuis une dizaine d’années, le groupe de tourisme a vu croître ses difficultés financières avec la crise sanitaire. Ainsi au cours des deux dernières années d'exercice, Pierre et Vacances a accumulé 677 millions de pertes. Acculé, le groupe a vu sa dette atteindre 1,1 milliard d'euros. Face à cette situation financière périlleuse, Gérard Brémond, fondateur du groupe, confiait à l'AFP que cette opération de recapitalisation vise à sortir le groupe du cataclysme.

Des investisseurs à la rescousse

Le 20 décembre dernier, à l'aube de la nouvelle année, le groupe concluait un accord d'exclusivité de négociations jusqu’au 31 janvier avec Alcentra, Fidera et Atream, ses principaux créanciers. L'assemblée générale annuelle prévue le 10 février devra approuver cet accord. Selon Franck Gervais, son directeur général : "Avec cet accord, [le groupe] sera beaucoup plus solide sur ses deux jambes".

Ensemble, les créanciers injecteront 200 millions d'euros de fonds propres via une opération de recapitalisation et convertiront en capital via des bons de souscription d’achat plus de 551 millions d'euros de dettes dans les prochains mois. Dans le détail de l’opération, une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription d’à peu près 50 millions d’euros apportés par Alcentra et Fidera et 150 millions d’augmentation de capital avec suppression du droit préférentiel de souscription permettront d’oxygéner le groupe écrasé sous le poids de ses dettes. Alcentra et Fidera apportent 50 millions d'euros chacun, et Atream s’engage pour 30 millions ; les créanciers obligataires souscriront le solde. L’opération ramènera la dette financière nette du groupe à environ 132 millions d’euros au 30 juin 2022.

Cette opération conduit inéluctablement à la recomposition du capital du groupe, notamment la dilution de la participation des actionnaires actuels à l'issue de l'opération. Ils ne détiendraient plus qu'entre "2,1 % à 16,4 %" du capital, contre "42,6 % à 56,8 %" pour les investisseurs, hors détention de capital au titre de créances.

Pour Atream, il s'agit d'une acquisition stratégique, car celle-ci s'inscrit parfaitement dans sa volonté d'investir en private equity pour la relance et la compétitivité du secteur du tourisme durement frappé par la crise sanitaire en France et en Europe.

Les investisseurs ont confirmé leur volonté de poursuivre le plan Réinvention 2025 initié début 2021 par le groupe. Ce plan stratégique vise les 275 millions d’Ebitda en 2025. Toutefois, compte-tenu de la conjoncture sanitaire et de la situation financière du groupe, le consortium rappelle que la réalisation de ce plan pourrait connaître un retard de 12 à 24 mois.  

Clap de fin pour Gérard Brémond

Selon les termes de l'accord, Gérard Brémond, son fondateur, âgé de 84 ans, deviendrait "conseiller spécial" du groupe et accompagnera la transition pendant 3 ou 4 ans comme il l'a indiqué à l'AFP.

À ce titre, Gérard Brémond bénéficiera d’une attribution gratuite d’actions de préférence convertibles en actions ordinaires. Il est prévu qu’il prenne la tête d’une nouvelle société immobilière dont il détiendrait 70% des parts. Cette société aura vocation à préparer tous les dossiers d’investissements futurs du groupe. Le départ de Gérard Brémond ne signe donc pas la fin de son aventure avec un groupe qu’il a fondé et dirigé pendant 54 ans.

Georges Milolo

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