L’entreprise spécialisée dans les cartes à puce va investir 3 millions d’euros pour se développer dans la santé. Déjà dans les tuyaux, ces projets n’ont pas été entamés par la conjoncture, qui a pourtant bien secoué cette société dont le chiffre d’affaires dépendait en grande partie de l’aéronautique.

Malgré des voyants au rouge, le directeur général de Tronico, Patrick Collet, continue à investir. Le pari peut paraître audacieux quand on sait que le chiffre d’affaires de son entreprise, spécialiste des cartes électroniques, dépendait jusque-là à 70 % de l’aéronautique. Avec la tempête de la Covid-19, la société a connu une baisse de 50 % de son activité et les déboires rencontrés par le Boeing 737 ne sont pas pour arranger ses affaires. "Nous aurions pu nous dire : le décor est planté, ce n’est pas demain la veille que le secteur va repartir, explique le dirigeant. Mais je n’ai pas eu envie de me résigner à cet état de fait. En tant qu’entrepreneur je me devais de trouver des solutions pour rebondir."

Offensive dans le médical

Pour ce faire, il souhaite passer à l’offensive dans le médical, domaine où Tronico est déjà présent. Montant de l’investissement pour mettre en musique ses ambitions : 3 millions d’euros. Une partie de cette enveloppe est autofinancée. "J’ai la chance d’avoir un pool d’actionnaires qui sont plutôt des pères de famille et gèrent leur participation à long terme", précise Patrick Collet. Le tiers restant est subventionné par le plan de relance, sans lequel l’entreprise n’aurait pu déployer la feuille de route sur laquelle elle travaille depuis quelques années. Dans le détail, Tronico a obtenu 900 000 euros pour financer son projet Ambimed et 300 000 euros pour Recome. Pour ce dernier, la société élabore une norme de fiabilité – qu’elle espère devenir au moins européenne – concernant les composants des dispositifs médicaux invasifs. C’est-à-dire les composants électroniques utilisés dans le corps humain. Un thème que connaît bien l’entreprise qui a notamment fabriqué et industrialisé l’ensemble des fonctions électroniques du cœur artificiel Carmat.

Anticovid

Les subventions d’Ambimed couvrent, quant à elles, un patchwork de programmes, comme des investissements dans des machines pour soudures en titane, métal léger compatible avec le corps. Tronico espère également étendre ses tests salivaires, permettant de détecter la Covid- 19, à d’autres applications. Car, depuis le début de la crise sanitaire, l’entreprise a apporté sa pierre à la lutte contre le virus. Elle fait partie du consortium nantais qui a mis au point un respirateur artificiel, le Mak’Air. Le groupe a lancé ses tests PCR, EasyCOV, en s’appuyant sur son dispositif d’ovosexage des poussins, méthode qui détermine le sexe des embryons de poulet. Enfin, la société a mis au point un robot de désinfection des surfaces par UV-C et de filtration de l’air

Anticiper les crises

Depuis que Patrick Collet a repris l’entreprise en 2003, Tronico est passée de 260 à 700 employés. Considérant qu’il est traumatisant pour un manager d’avoir à licencier, le directeur général a décidé d’investir. "Tout ne marchera pas mais tout ne plantera pas, affirme-t-il. Si on n’a pas l’esprit entrepreneurial en temps de crise, on connaît malheureusement la fin." Bien qu’il ait eu recours au dispositif de chômage partiel, Patrick Collet s’est engagé dans un vaste processus de formation. "On aura toujours des crises. J’en suis déjà à ma troisième. Le meilleur moyen de les affronter, c’est d’avoir des collaborateurs formés en continu et de se montrer agile. Aujourd’hui, je forme les gens pour me préparer à la crise suivante." En espérant que celle-ci pointera le bout de son nez le plus tard possible.

Olivia Vignaud

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