Trois organisations distribuent à la suite de leur rapport de 2019, des "cartes de transport", aux maires des douze principales métropoles françaises. Bilan de leur engagement en matière de mobilité durable, elles font figure de témoins des nouvelles tendances à l’œuvre dans le secteur. Analyse.

Le Réseau Action Climat, UNICEF France et Greenpeace France, ont choisi la voie de l’originalité pour attester des performances des maires élus lors des élections municipales de 2020. Des "cartes de transports" seront effectivement attribuées à chaque maire, compilant les résultats de leurs mesures sur sept leviers d’actions, pour le développement d’une mobilité durable dans leur métropole. Un code couleur caractéristique émaillera ainsi ces fameuses cartes, allant du rouge pour signifier un retard notable, à un bleu encourageant pour récompenser des actions "sur la bonne voie".

Des cartes d’un genre nouveau

Ces cartes de transport font office d’"outil d’évaluation et de suivi des engagements des maires en matière de lutte contre la pollution de l’air liée au trafic routier", d’après le rapport. Elles attestent du respect, ou non, des engagements des maires des 12 principales métropoles françaises, depuis leur élection en juillet 2020. Afin de déterminer, au mieux, l’état d’avancement des projets de ces nouveaux élus concernant la mobilité, sept champs d’actions clés ont été examiné et pris en compte. Tout d’abord, la sortie des véhicules polluants occupe une place de choix dans l’initiative, accompagnée d’une demande de mise en œuvre de zones à faibles émissions, avec pour ligne d’horizon la sortie du diesel en 2025, puis de l’essence en 2030.

"Les trois organisations demandent l’abandon de la construction de nouvelles infrastructures routières, et la favorisation de la mobilité active"

Ensuite, les élus devront lutter pour réduire la place de la voiture dans leur agglomération pour obtenir une "carte de transport" immaculée. Cela implique, une généralisation des limitations de vitesses en ville (30 km/h), ainsi que sur les rocades. Toujours dans cette optique, les trois organisations demandent l’abandon de la construction de nouvelles infrastructures routières, et la favorisation de la mobilité active par le biais de zones à trafic limité dans les centres-villes. Autre mesure nécessaire à l’émergence d’une culture de la mobilité douce, investir plus de 25 € par an et par habitant en faveur du vélo, la mise en place de réseaux express et l’implémentation de services de location ainsi que d’apprentissage, seront important dans l'élaboration des cartes.

Les bons élèves

Eric Piolle, maire de Grenoble, continue d’appliquer sa stratégie urbaine écologique, dans la continuité de ses précédents mandats. La généralisation des 30 km/h, de même qu’à Lyon ou à Nantes, ainsi que l’instauration d’une zone à trafic limité contribuent à réduire la place de l’automobile en ville. Particularité grenobloise, la ville d’Eric Piolle est la seule à s’être engagée à piétonniser l’ensemble des écoles maternelles et élémentaires. De son côté, Lyon abandonne le projet routier de l’Anneau des Sciences et mise sur le développement du vélo, malgré des objectifs encore flous selon le rapport, et une sortie du diesel à renforcer. Nantes se démarque quant à elle, par la "généralisation de solutions pour réduire la présence des voitures aux abords des écoles", mais voit sa politique climatique globale pâtir de l’absence d’engagement concernant la mise en place d’une zone à faibles émissions. La métropole nantaise se rapproche de son homologue strasbourgeoise, proposant une prime à la mobilité durable mais tardant à intégrer à calendrier à son projet de zone à faibles émissions.

Le bilan de Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, est selon le rapport, plutôt contrasté. En effet, si un programme ambitieux en faveur du vélo a pu voir le jour, accompagné de limitations de vitesse, des zones d’ombres persistent, notamment concernant la sortie des véhicules polluants et les aides financières à la transition. Enfin, la "carte de transport" la plus exemplaire est attribuée à la capitale, continuant à développer une zone à faible émissions, déjà opérationnelle sur une partie de l’agglomération et à renforcer des objectifs d’interdiction des véhicules thermiques.

"Le rapport se veut encourageant et souligne les initiatives impulsées par des maires, dans des métropoles "partant de plus loin" que d’autres"

Des résultats encore hétérogènes

De l’autre côté du spectre, d’autres métropoles obtiennent des "cartes de transport" moins attrayantes. Toutefois, elles ne symbolisent pas nécessairement une absence d’effort de la part des élus en place. Bien au contraire, malgré des résultats pouvant paraître décevants, le rapport se veut encourageant et souligne les initiatives impulsées par des maires, dans des métropoles "partant de plus loin" que d’autres. Michèle Rubirola, nouvelle maire de Marseille, incarne ce paradoxe. De fait, en dépit du retard important accumulé par la cité phocéenne en matière de mobilité durable, la généralisation de la baisse de la vitesse à 30 km/h ou encore l’opposition à la poursuite des travaux du Boulevard Urbain Sud témoignent des progrès ayant eu cours. 

Le cas de Montpellier est par exemple très différent. Si de bonnes dynamiques sont observées par le rapport en ce qui concerne le développement de transports collectifs, elles sont pondérées par plusieurs projets routiers et une zone à faibles émissions qui peine à se profiler. Par ailleurs, une partie des villes arborant des résultants moins bons que les autres agglomérations, sont sur une trajectoire positive, mais l’engagement est jugé trop timide par les trois organisations. C’est le cas de Lille, Rennes et Toulouse. Pour finir, affichant une "carte de transport" jaune-orangée, la ville de Nice présente un retard généralisé dans l’ensemble des postes couvert par cet outil de mesure, malgré quelques réflexions intéressantes, notamment sur la création d’un réseau express pour vélos.

Thomas Gutperle

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