La transparence européenne est au centre de toutes les attentions, notamment celles de l’opinion publique en quête d’une ­relation de confiance et d’une démarche de sincérité.

La corruption semble être le propre de l’homme. Elle gangrène le monde entier sans épargner l’Europe. En février 2018, l’ONG Transparency International a publié son très attendu rapport annuel concernant la perception de la corruption dans le monde. Une fracture semble exister au cœur de l’­Europe, qui sépare les pays du Nord, irréprochables, de ceux du Sud, mauvais élèves.

L’Europe du Nord : l’ADN de la transparence

Vertueuse, l’Europe du Nord reste un ­exemple. Les pays scandinaves occupent la pole position du classement de Transparency International : le Danemark (2e), la Norvège et la Finlande (3esex aequo) et la Suède (6e). Au Nord, la transparence dans la vie publique est particulièrement prise au sérieux. Mais comment justifier le bon fonctionnement du modèle scandinave ? D’après Transparency France, ces pays « reposent sur des systèmes dans lesquels les gouvernements sont transparents, la presse est libre, les libertés civiles sont garanties et les systèmes judiciaires sont indépendants », telles sont les raisons de cette success-story.

La Suède, par exemple, applique une politique de transparence, l’offentlighetsprincipen, datant du XVIIIe siècle. Elle permet à chaque contribuable, sous couvert d’une demande préalable, d’avoir un droit de regard sur l’ensemble des documents ­publics et administratifs. Bien qu’il n’existe pas une telle obligation au Danemark, les parlementaires publient leur patrimoine. Le système norvégien, quant à lui, propose une publication sur Internet de tous les revenus des citoyens et du montant de leurs impôts.

Le sentiment de « redevabilité » du personnel public joue également un rôle primordial. Les choses sont claires : chaque élu doit être en mesure de justifier l’utilisation de l’argent public. La pression de l’opinion et le travail d’enquête effectué par les journalistes obligent les acteurs ­publics à une plus grande vertu. La peur d’un étalage médiatique pousse les différents partis politiques à participer d’eux-mêmes à la transparence en s’autocontrôlant ­mutuellement. La tolérance zéro est appliquée, de sorte que le moindre écart est immédiatement sanctionné.

L’Europe du Sud : un manque de maturité évident

Le Vieux Continent souffre de maux qu’il ne parvient pas à dompter. Les pays d’Europe du Sud partagent le triste constat d’être dans les nations où la transparence et la probité ne sont pas ­toujours appliquées à la vie publique bien que la plupart des États du sud de l’Europe restent positionnés dans les 50 premiers pays mondiaux des nations les plus transparentes.

Pas une semaine ne se passe sans que les journaux ne relatent un fait de corruption, de détournement de fonds publics et d’emplois fictifs. Le Sud donne le sentiment à l’opinion ­publique d’être gangrené par le manque d’implication et de transparence de certains acteurs publics. Une étude menée par la Commission européenne en 2016 montre que 79 % des Français et 81 % des Italiens ne font pas confiance à leur gouvernement, alors que 58 % des Finlandais et 55 % des Suédois la leur accordent. L’absence de redevabilité joue immanquablement sur ce résultat. La jeunesse des législations de transparence fait que cette obligation de bonne conduite n’est pas foncièrement inscrite dans les habitudes des acteurs politiques. La fracture Nord/Sud s’explique alors par un défaut de maturité des pays du Sud qui devrait se résorber avec le temps. Le manque d’indépendance des autorités conjugué à des déficits importants de moyens justifie le positionnement dans le classement de certains pays. Pointée du doigt, l’absence de sanctions, ­lorsqu’un scandale est mis à jour, reste symptomatique. 

L’Europe change ses mauvaises habitudes et des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni sont en pleine ascension dans le classement de la Transparency. Les récents scandales, comme l’affaire Cahuzac en France, ont poussé les États à aller plus loin. Les classes politiques sont confrontées à la pression de leurs opinions publiques qui exigent la plus grande fermeté face aux comportements déviants de leurs dirigeants. Le cas de la députée allemande du SPD, Petra Hinz, en est la preuve : elle a été contrainte de démissionner en 2016 après avoir ­publié sur le site de l’Assemblée fédérale un faux curriculum vitæ. Le changement est en marche.

 

Alexandre Lauret

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