La question du tracking sera finalement suivie d’un vote des députés. Un changement de stratégie de la part de l’exécutif qui a finalement revu sa copie pour limiter une fronde potentielle d’une partie de sa majorité.

Les connaisseurs de la mécanique parlementaire le savent bien : la conférence des présidents est stratégique. Elle rassemble chaque semaine les présidents des groupes de l’Assemblée nationale, son président Richard Ferrand et le ministre des relations avec le Parlement Marc Fesneau. L’objectif est le suivant : préparer l’ordre du jour et les questions qui seront votées.

Et surprise, la question du tracking sera bien suivie d’un vote. Pour mener à bien le déconfinement, la France compte déployer un système de tracking comme cela se fait dans d’autres démocraties telles que l’Allemagne, Taiwan et Israël. Mais des questions éthiques et sociétales demeurent. Pour y répondre, Emmanuel Macron avait promis dans son allocution du 13 avril, que le Parlement serait amené à "débattre".

Mais très vite, l’exécutif a opté pour un débat sans vote. Pour deux raisons principales : avancer rapidement et éviter de fracturer la majorité aux yeux de tous. Car sur la question des applis telles que StopCovid, les macronistes ne sont pas sur la même longueur d’onde, loin de là. Parmi les partisans du « débat sans vote », trois poids lourds de la Macronie : le secrétaire général de LREM Stanislas Guérini, le secrétaire d’État au numérique Cédric O et le président du groupe LREM Gilles Le Gendre qui, hier, sur LCI,  déclarait encore qu’un vote "n’apporterait rien de plus".

Un positionnement vivement critiqué par l’opposition, mais aussi par plusieurs députés LREM réputés loyalistes. Parmi eux, citons les députés Pierre Person ou Guillaume Chiche. Mais aussi des députés qui ont quitté le groupe Marcheur tels que Paula Forteza spécialisée dans les questions liées au numérique, Valérie Petit ou Matthieu Orphelin. Ils ont notamment cosigné, avec 45 autres députés, une proposition de résolution "invitant le gouvernement a interroger le Parlement par un débat suivi d’un vote lors du recours à une application technologique présentant des risques éthiques et sociétaux". Pour le gouvernement, l’équation était simple : ne pas écouter le Parlement et risquer une fronde potentielle. Ou laisser s’exprimer le débat. La seconde option est clairement la meilleure.

Lucas Jakubowicz

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