Décideurs. Quelle est l’essence de votre mission concernant le leadership dans une firme comme Bertelsmann ?

Thomas Rabe. Bertelsmann est une société de médias et de services diversifiés. Par exemple, le groupe RTL est le leader européen de l’audiovisuel, Random House est l’un des leaders mondiaux de l’édition. Gruner + Jahr est un éditeur de magazines pionnier en Europe et en Chine. Arvato est un acteur mondial de l’externalisation des processus opérationnels, sans parler de notre

développement dans le domaine de la gestion des droits d’auteurs musicaux ou de l’éducation avec BMG. Ce type d’organisation nécessite une approche décentralisée et ainsi, une large part de ma mission consiste à gérer un réseau d’entrepreneurs et de leaders.

 

Décideurs. Comment gère-t-on un réseau de leaders ?

T. R. Chez Bertelsmann, nous avons établi un « modèle de leadership » particulier qui fait désormais partie de notre identité. C’est en s’appuyant sur ce modèle que le dirigeant créera des conditions incitatives pour les leaders de business units et transmettra sa motivation. Les incitations ne sauraient se limiter au volet financier. Les plus importantes d’entre elles sont celles qui permettent aux individus de trouver leur espace et leur liberté. Il faut donc leur donner de plus grandes responsabilités : la donnée financière est certes importante, mais elle vient au second plan lorsqu’il s’agit de motiver un entrepreneur à manager votre business. Le dirigeant doit alors fournir un cadre stratégique aux entrepreneurs qui travaillent avec la société, ainsi que des ouvertures intelligentes aux réseaux d’actifs et de ressources humaines de l’entreprise auxquels ils n’ont pas accès. L’enjeu est de parvenir à maintenir un équilibre entre l’indépendance du leader et son accès aux ressources du groupe. Dans l’industrie des médias, il est également fondamental d’intégrer la valeur de proximité des savoirs locaux. Celui qui supervise un pays ou un secteur particulier sait mieux que quiconque quels sont les besoins de ses clients.

 

Décideurs. Quels sont selon vous les ingrédients cachés du leadership ?

T. R. Je ne pense pas qu’il y ait de formule secrète en particulier. Je pense que la difficulté est de parvenir à être compétent dans une gamme élargie de domaines, qui vont de la communication à la capacité à construire des relations fortes entre les équipes. Il est alors primordial que le dirigeant prenne cette mission à sa charge afin de mettre les individus clés dans un état d’esprit coopératif.

 

Décideurs. Quelle est votre approche du partage de la valeur et des profits avec vos meilleurs managers ?

T. R. Depuis 1970, nos collaborateurs ont bénéficié des retombées financières de notre succès. Par exemple, nous attribuerons 92 millions d’euros pour la participation salariale et les bonus au titre de l’exercice 2012. C’est un signe de partenariat qui fonctionne. Et cela est valable qu’il s’agisse de nos cadres supérieurs ou des personnes travaillant sous leur autorité.

 

Décideurs. D’un point de vue du leadership, quels sont vos objectifs à long terme pour Bertelsmann ?

T. R. Mon objectif à long terme est de faire de Bertelsmann la société de médias et de services la plus entreprenante, à savoir une structure où l’entrepreneuriat devient réalité et où des formes modernes de partenariats peuvent être mises en oeuvre. Bertelsmann pourrait alors combiner les avantages d’une grande entreprise tout en étant attentif à la promotion des idées individuelles. Nous espérons devenir un laboratoire leader de la créativité pour répondre aux attentes des entrepreneurs en quête de partenaires avec lesquels ils pourraient concrétiser leurs idées. Ensemble, nous grandirons, nous nous diversifierons, nous internationaliserons plus rapidement ce qui nous permettra de nous affirmer comme un acteur pionnier de l’industrie numérique.

 

Décideurs. Bertelsmann et les autres leaders du secteur peuvent-ils être le moteur de la prochaine révolution numérique ou cela profitera-il aux nouvelles start-up ?

T. R. L’innovation n’est pas une question de taille d’entreprise, c’est une question de liberté d’entreprise. Bertelsmann a toujours parié sur la décentralisation et la délégation de responsabilités. Pour preuve, les décisions sont initiées par les leaders de business units qui connaissent le mieux leur marché.

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