Coup de poker ou dernière cartouche : mercredi 27 mars 2019, Theresa May annonce mettre son poste de premier ministre dans la balance du Brexit pour sauver l’accord négocié avec Bruxelles.

Theresa May parviendra-t-elle à mener le Brexit à son terme ? Elle a, en tout cas, abattu une nouvelle carte : elle démissionnera si le Parlement britannique valide le projet de sortie de l’Union européenne qui devrait lui être présenté vendredi 29 mars. Déjà rejeté à deux reprises par ce même Parlement, le texte, guère modifié depuis janvier, avait peu de chances de convaincre sans la concession de Mme May.

En se retirant de l’équation, elle espère persuader le Parlement de surmonter ses dissensions partisanes pour parvenir à un accord à l’arraché. Bruxelles a en effet accepté de reporter au 22 mai la sortie du Royaume-Uni initialement prévue le 29 mars. La première ministre et son accord négocié avec l’UE ont cristallisé non seulement l’opposition traditionnelle du Labour mais aussi d’une partie de plus en plus importante de son propre camp, le Parti conservateur. Son projet de divorce n’a convaincu ni les plus europhiles des Tories ni – et ce sont eux qui se sont le plus faits entendre – les partisans d’un Brexit dur.

La première ministre a en outre suggéré que seule la procédure de sortie de l’UE soit soumise au vote ce vendredi. La question des relations à venir entre les deux futurs divorcés – dont les accords commerciaux – pourrait être rediscutée dans un second temps.

L’opposition du DUP

La proposition de retrait formulée par Theresa May a été bien accueillie non seulement au sein du Labour, qui espère une victoire lors des prochaines élections législatives, mais aussi parmi les conservateurs qui ont immédiatement commencé à préparer l’après-May. Ces espoirs de résolution rapide à la faveur du sacrifice de la première ministre ont cependant été en grande partie douchés par le Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais.

Allié indispensable des Tories au Parlement pour y maintenir une majorité conservatrice, le DUP a qualifié la proposition de Theresa May de « menace inacceptable ». Le petit parti est farouchement opposé à l’accord négocié avec Bruxelles qui, selon eux, accorderait un statut particulier à l’Irlande du Nord pour éviter le retour d’une frontière physique avec la République d’Irlande.

Le Parlement dans sa propre impasse

Outre l’opposition du DUP, Theresa May va devoir affronter un Parlement désorienté. Mercredi, celui-ci a écarté huit scénarios possibles, dont celui d’un nouveau référendum et d’un abandon pur et simple du Brexit. Rejetée avec seulement huit voix de différence, la proposition la plus consensuelle est celle du député conservateur Kenneth Clarke : un maintien permanent dans l’union douanière avec l’UE.

Le Parlement est censé se réunir à nouveau lundi 1er avril pour discuter une nouvelle fois de ces scénarios.

En parallèle, Theresa May va donc tenter de proposer son accord en espérant que la troisième fois sera la bonne. Il lui faudra, avant cela, convaincre le speaker de la Chambre des Communes, John Bercow, qui a déclaré la semaine dernière que le Parlement ne pouvait réexaminer un texte inchangé au cours d’une même session parlementaire.

Cécile Chevré

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