Convergence, consolidation, nouveaux réseaux… En 2013, les acteurs du marché des télécommunications ont redoublé d’efforts pour trouver des sources de croissance.
« Formidable. » C’est l’adjectif employé par Bertrand Grau, consultant chez Arthur D. Little, pour décrire le développement des usages et les avancées technologiques du secteur des télécommunications en 2013. De la 4G à la fibre optique, les opérateurs ont misé sur la qualité de leurs services pour augmenter leurs revenus. En hausse de 2,4 % par rapport à 2012, le chiffre d’affaires enregistré par ces entreprises au niveau mondial s’élève à 1 629 milliards de dollars selon l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe¹ (Idate).

Pourtant, « si les groupes américains et asiatiques ont su tirer profit de leurs innovations, ce n’est pas le cas en Europe », observe Bertrand Grau. Alors que Telefonica, Vodafone et Orange ont vu leurs revenus chuter de 4,5 % à 6 % par rapport à 2012, AT&T et Verizon, les deux leaders du marché, ont réalisé chacun plus de 120 milliards de dollars de chiffre d'affaires. En France, les recettes du secteur sur les marchés de gros et de détail ont diminué de 6,4 % pour s’établir à 46,6 milliards d’euros hors taxes selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).

Comment expliquer la chute des revenus alors que le trafic des télécommunications ne cesse de croître ? Pour Bertrand Grau, la baisse des prix des services mobiles tient notamment à la forte concurrence du marché et à la baisse des revenus liés aux terminaisons d’appel et au roaming international. En France, les tarifs d'abonnements mobiles grand public se sont par exemple effondrés de 27,2 % selon l'Arcep. « Pour réaliser des économies d'échelle, les opérateurs de certains pays comme l’Autriche, l’Allemagne, l’Irlande et dans une certaine mesure la France, ont donc misé sur la consolidation », explique le spécialiste du secteur.

Deals en série
Fusions entre filiales, acquisitions, partage de réseaux… En 2013, le montant mondial des transactions a explosé et atteint 251,9 milliards de dollars, soit une hausse de 104,7 % selon Mergermarket. Parmi les nombreuses opérations de concentration, citons le rachat de Verizon Wireless par sa maison mère pour un montant record de 130 milliards de dollars. Le rapprochement des filiales allemandes de KPN et de Telefonica illustre la réduction du nombre d'opérateurs en Europe. Cette tendance se poursuit d’ailleurs en 2014. En témoignent, la mutualisation des réseaux de Bouygues Telecom et de SFR et l'acquisition de ce dernier par Numericable.

Monétiser à tout prix
À l’heure où les opérateurs français ne parviennent plus à générer de la croissance sur leurs activités traditionnelles, seul le groupe fondé par Xavier Niel tire son épingle du jeu. C’est en s’appuyant sur une stratégie offensive des prix de ses services mobiles que Free a dopé sa croissance (+ 18,9 %) en 2013. Redoublant d'efforts pour rester compétitifs, les trois opérateurs historiques ont vu leur chiffre d'affaires reculer. « Aujourd'hui il n’y a pas de solution miracle. Si les acteurs veulent générer de la croissance interne, ils doivent miser sur la qualité des services délivrés, la monétisation de leurs réseaux auprès des fournisseurs de contenus et la commercialisation de services additionnels comme la vidéo à la demande par exemple », conseille Bertrand Grau. Près de 1,7 milliards d’euros ont été investis en 2013 dans les réseaux à très haut débit en France². Si les investissements du groupe Orange n'ont pas encore permis à l’opérateur de redresser son chiffre d'affaires, sa marge d'exploitation s'est stabilisée à 31,3 % au premier semestre 2014. Une première depuis cinq ans…

(1) 1 186 milliards d’euros, convertis en dollars selon le cours euro/dollar au 31 décembre 2013.
(2) Source : Arcep


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