L’affaire Tek Fog est un scandale qui fait trembler le gouvernement de Narendra Modi et prouve à quel point, la tech peut servir à manipuler les foules.

Ce n’est un secret pour personne, les réseaux sociaux permettent de répandre des fake news, d’influencer l’opinion et les élections. Une nouvelle preuve flagrante nous vient d’Inde avec l’affaire dite Tek Fog. Selon une enquête du journal indien The Wire, Bharatiya Janata Party (BJP), le parti hindouiste ultraconservateur du premier ministre Narendra Modi est dans la tourmente. Et il pourrait ne pas se relever du scandale.

Truquer les tendances Facebook et Twitter

Au cœur de la tempête se trouve l’application Tek Fog qui permet une opération qui fait saliver tous les responsables politiques : contrôler les tendances les plus discutées sur Facebook et Twitter. Concrètement, grâce à Tek Fog, il est possible de créer un nombre illimité de faux comptes en un temps record, puis de les faire publier un nombre infini de messages avec des mots clés permettant d’influencer les tendances les plus discutées. Pour donner un ordre d’idée, selon The Wire, sur le mois d’avril 2020, l’outil aurait permis de publier 50 000 messages contenant le même mot clé en 30 minutes. En théorie, ce genre de manipulation est impossible puisque les Gafam disposent de barrières. Qui visiblement peuvent être contournées à l’aide d’adresses électroniques temporaires ou d’envois de messages à partir de comptes WhatsApp inactifs.

Cyberharcèlement

Tek Fog serait également mobilisé pour harceler les opposants. En classant des millions de citoyens en fonction de leur emploi, de leur religion, de leur langue natale, de leur âge ou de leur profession. Ce qui permet des intimidations ciblées. Ainsi, l’enquête du journal indien révèle que 18% des messages reçus par 280 femmes journalistes du second pays le plus peuplé du monde proviennent de comptes crées par Tek Fog. "La plupart de ces messages contenaient un ou plusieurs mots injurieux qui apparaissent dans l’interface de l’application, et suggèrent que le classement des cibles dans différentes catégories permet de viser des victimes avec une très grande finesse", détaillent les journalistes. L’architecte de l’appli serait un proche du premier ministre. Pour le moment, le gouvernement et le BJP restent silencieux.

LJ

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