Les SCPI et OPCI apportent depuis plusieurs années leur pierre au développement de la finance durable. Explications avec Thierry Laquitaine, le président de la commission ISR de l'Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim).

Décideurs. Quel est le niveau d'investissement global en France en 2019 pour les fonds immobiliers ?

Thierry Laquitaine. Pour 2019, nous estimons que le secteur aura investi entre 18 et 19 milliards d’euros en France. Au niveau européen, sur un marché total de 256 milliards la France se place à la troisième place au niveau du volume d’investissement.

Où en sont les fonds immobiliers dans l’intégration d’une démarche écologique et environnementale à la stratégie d’investissement ?

L’immobilier intègre depuis des années la prise en compte des enjeux environnementaux. L’investissement responsable consiste, pour les sociétés de gestion, à incorporer systématiquement les critères extra-financier dans leur gestion. Il se développe sous la pression des investisseurs institutionnels et de plus en plus de celles des particuliers. La dernière enquête Novethic/l’Aspim de 2017 observait une augmentation de 45 % des fonds et mandats immobiliers déclarés ISR sur un panel de 90 milliards d’euros d’encours.

Pouvez-vous nous détailler les mesures incitatives mises en place en France pour favoriser ces démarches ?

Outre les certificats d’économie d’énergie, la loi de Transition énergétique applique aux investisseurs institutionnels une obligation de reporting sur les risques climatiques et l’empreinte carbone du portefeuille. Les labels ont pour vocation d’anticiper de futures réglementations environnementales et valorisent les immeubles les plus performants. Sur la gestion des portefeuilles, nous pouvons citer deux textes importants : le « décret tertiaire » de 2019 qui impose des économies d'énergie dans le parc tertiaire public et privé et la loi Pacte qui prévoit que l’assurance vie doit proposer au moins une unité de compte labellisée ISR, Greenfin ou Solidaire.

Quelles sont les meilleures pratiques actuellement mises en œuvre dans la profession ?

Elles consistent à intégrer dès l’acquisition de l’immeuble une évaluation de sa performance ESG dans les due diligences et d’inclure dans les capex prévisionnels de l’actif (les dépenses d'investissement) celles nécessaires à l’amélioration ou la préservation de ses performances ESG. Il importe aussi de mettre en cohérence l’ensemble des process de gestion pour que les équipes internes qui se succèdent puissent respecter les objectifs ESG. Enfin, le reporting, qui doit être fiable, clair et simple, vient porter ces actions à la connaissance des investisseurs. Ces pratiques sont promues par L’ASPIM et ses membres dans le cadre des travaux sur le label ISR en immobilier.

Dans quelle mesure ces « best practices » participent à la transition écologique et environnementale ?

Les sociétés de gestion ont la capacité de piloter directement l’amélioration des performances ESG des actifs. Pour un réel impact, il faut réunir certaines conditions : des indicateurs ESG pertinents, des compétences spécifiques en interne, un calendrier ambitieux et un nombre d’actifs significatif. La Commission européenne estime que la transition écologique requiert 180 milliards d’euros d’investissement privé par an. L’immobilier a sa part à prendre et l’ISR peut être sa réponse.

À quand un label ISR pour les SCPI et les OPCI ?

Après deux ans de réflexion, échanges et travaux, la proposition par les professionnels d’un label ISR immobilier doit maintenant faire l’objet d’une publication officielle. Nous l’espérons très prochaine.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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