Chargé de la coordination des autorités financières nationales et internationales, le Financial Stability Board (FSB) a joué un rôle majeur dans la régulation post-crise des banques et des marchés. Son secrétaire général revient sur les grandes réformes mises en place et celles qu’il reste à prendre.

Décideurs. Quels sont vos axes de travail ?

Svein Andresen. La crise financière a eu un coût significatif pour l’économie mondiale, que ce soit en matière de pouvoir d’achat, de chômage ou de dette publique. Et malheureusement, nous sommes toujours en phase de récupération. Pour sortir de cette situation et éviter que cela ne se reproduise, la régulation financière a évidemment un rôle important à jouer. Les membres du G20 mettent tout en œuvre pour corriger les déviances qui ont amené à cette crise. Ce travail, coordonné par le FSB, repose sur quatre dimensions : construire des institutions financières pérennes, mettre fin au principe du « too big to fail », rendre les marchés dérivés plus sûrs et transformer le shadow banking en un marché financier résilient.

 

Décideurs. Les banques ont une responsabilité énorme dans la crise financière de 2008. Comment mieux réguler ce secteur ?

S. A. Les réformes concernant les banques ont pour objectif de changer leur rapport au risque, leur structure capitalistique et leur modèle économique. Avant la crise, elles ont pris des engagements excessifs et les régulateurs n’avaient pas d’outils adéquats pour les prendre en compte et en mesurer les conséquences. C’est pourquoi notre objectif premier était de rendre les banques plus résilientes tout en maintenant le niveau de crédit s’adressant à l’économie réelle. Les effets de ces réformes se font déjà sentir : les banques ont assuré des marges importantes sur leur capital, amélioré leur maturité et commencé à réduire les leviers excessifs. Couplées à une politique monétaire accommodante, ces réformes ont permis une amélioration significative de la situation.

 

« Mettre en place un cadre de standards minimums »

 

Décideurs. Comment améliorer la transparence des marchés financiers ?

S. A. En 2011, nous avions publié une revue recensant les recommandations dans ce domaine. Et de ce point de vue-là, beaucoup a été fait depuis la crise. Par exemple, l’ouverture des données liées aux activités de sécurisation et des dérivés OTC a été améliorée. Désormais, les hedge funds doivent réaliser des reportings pour les régulateurs. Nous devons continuer de travailler sur la communication des banques sur les différents risques qu’elles prennent afin d’améliorer la visibilité des investisseurs. Sur la base du rapport de 2011, le FSB a créé la « Enhanced Disclosure Task Force » (EDTF), un groupe privé d’experts, d’auditeurs et d’utilisateurs. En octobre 2012, ce dernier a publié le rapport Enhancing the Risk Disclosures of Banks qui détaillait une série de principe et de recommandation sur la communication des banques en matière de risque. En 2015, une étude que nous avons menée montre que le nombre de banques suivant nos recommandations a considérablement augmenté. Face à ces résultats, nous avons arrêté ce groupe de réflexion mais le FSB, à travers ses recommandations, continue de fournir les bases des réflexions en matière de régulation. Ainsi, de nombreux éléments ont été repris dans Bâle III.

 

Décideurs. Pensez-vous qu’il y aura un jour un système global de régulation ?

S. A. Le FSB a été mis en place pour coordonner le travail des autorités financières nationales et internationales. Cela va donc bien dans ce sens : amener de la cohérence entre les différentes politiques de régulation. Comme la finance est globale, le FSB s’attache à développer des solutions de régulation qui puissent être opérationnelles aussi bien au niveau national qu’international. Néanmoins, comme chaque marché est différent, nous avons conscience que cette approche a ses limites. Nous nous efforçons dès lors de mettre en place un cadre de standard minimum. Par la suite, c’est à chaque entité nationale de décider si elle veut mettre en place des mesures additionnelles qui vont plus loin que nos recommandations. Notre travail est aussi de voir ce qui se fait dans chaque pays pour voir ce qui fonctionne. Nous pouvons alors nous en inspirer à une plus large échelle.

 

Propos recueillis par Vincent Paes

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