Promesse, fin mars, du président de la République de lancer un « plan massif » pour l’hôpital, le premier volet du Ségur de la santé se clôture sur une enveloppe de 8,1 milliards d’euros destinée à revaloriser les salaires et les carrières des personnels hospitaliers.

Les racines de la crise à l'hôpital sont anciennes. Pour certains, elles remontent à la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire (HPST), votée en juillet 2009, qui marque la victoire de la bureaucratie sur le personnel soignant, écarté des instances dirigeantes. Quand d'autres pointent l'effet désastreux des 35 heures sur son organisation, sa perte d'attractivité face notamment à la concurrence du secteur privé et – plus largement – une nette dégradation des temps de travail.

Pourtant, tous s'accordent : l'hôpital français paie mal son personnel soignant Avec un salaire moyen de 2 070 euros net par mois, il faut descendre à la 23e ligne (sur 33) du classement de l'OCDE, pour retrouver les infirmiers français. Même peine pour les médecins, qui émargent également sous la moyenne de l'OCDE. Des chiffres qui interpellent, alors même que la France est le 6e pays de l'organisation en matière de dépenses de santé selon le PIB.

Réparer le passé

Pas d'illusion, l'enveloppe de 8,1 milliards d’euros, dont 7,6 milliards d’euros seront destinés aux personnels non médicaux des hôpitaux et des Ehpad, et 450 millions aux praticiens, ne permettra pas de combler tout le retard accumulé. Depuis la crise économique de 2008, le système de santé n'a en effet été abordé que sous l'angle des économies, malgré ses besoins croissants.

"Pas d'illusion, l'enveloppe de 8,1 milliards d’euros ne permettra pas de combler tout le retard accumulé"

Mais cette page se tourne. "Au-delà de la reconnaissance pour leurs actions dans la période passée et actuelle, il s’agit d’une forme de rattrapage par rapport à des années de retard où chacune et chacun, et peut-être moi-même, a sa part de responsabilité", a reconnu Emmanuel Macron, lors de son allocution du 14-Juillet, en se mettant en retrait du dossier. C'est donc son Premier ministre Jean Castex, qui a présenté et salué la signature de ce premier volet par les partenaires sociaux.

Un paradoxe également, puisque directeur de l’Hospitalisation et de l’Offre de soins au ministère de la Santé en 2006, Jean Castex avait été l'homme clé de la réforme de la tarification à l'activité "T2A" à l'hôpital. Un système qui a mis les équipes sous pression et conduit à la fermeture de nombreux services de soins, jugés pas assez rentables.

Refondre le financement des hôpitaux

Au-delà de la seule rémunération des soignants, c'est donc tout le financement de l'hôpital qui est à remettre à plat. L'abandon de la fameuse "T2A" aurait été un signal fort auprès des soignants. Mais elle devrait finalement être atténué par de nouveaux critères de qualité et de pertinence des soins. Une réforme indispensable aujourd'hui qui met l'accent sur la prévention, au détriment de la multiplication des actes, pour préparer le vieillissement de la population, et investir davantage dans les nouvelles technologies.

Le deuxième défi, surveillé avec attention par les équipes soignantes, est celui des recrutements. L'accord prévoit ainsi 15 000 embauches, dont seulement la moitié correspond à des créations de postes. Une nouvelle preuve, s'il en fallait, des sous-effectifs de l'hôpital. Ce rattrapage acté, le Ségur de la santé se penche dans ses deux autres volets sur des problématiques plus récentes, en abordant la question de la gouvernance, puis de l’organisation territoriale du système de santé.

Comment va évoluer le bulletin de salaire des soignants ?

+ 90 euros à partir du 1er septembre 2020
+ 93 euros à partir du 1er mars 2021
+ 35 euros en moyenne, liés à la révision des grilles salariales en 2021
+ 100 euros de primes au maximum, versées selon des critères collectifs à partir de 2021

Fabien Nizon

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