Malgré une année 2020 marquée par la crise sanitaire, Elaia Partners, fonds d’investissement spécialisé dans la tech et la deep-tech a réalisé l’une de ses meilleures années. Samantha Jérusalmy, qui a rejoint le fonds en 2008 avant d’en devenir Partner six ans plus tard, revient sur la stratégie du GP et les conséquences de la pandémie.

Partner chez Elaia Partners depuis plus de 7 ans, comment définiriez-vous la stratégie de votre fonds ?  

Samantha Jérusalmy. La stratégie d’investissement d’Elaia est constante depuis sa création en 2002. Nous ciblons les startups early-stage, depuis le seed jusqu’à la série B, qui développent des modèles de rupture et des technologies avancées. Nous concentrons notre attention sur les modèles B2B à ambition internationale avec des tickets allant de quelques centaines de milliers d’euros jusqu’à quelques millions en primo investissement. Notre business unit historique de "Digital Venture" ainsi que celle, plus récente, de "Deep Tech Seed" nous ont permis de doubler la taille de l’équipe.  Elles sont très complémentaires l’une de l’autre et partagent un ADN commun ainsi qu’un sous-jacent tech et deep tech, très ancrée dans la culture d’Elaia. 

Nous avons toujours été clairs sur notre volonté de faire de la tech B2B. Grâce à notre connaissance des sujets tech, nous comprenons réellement les enjeux et pouvons les rassurer pour les accompagner au mieux dans leur développement.  

Y a-t-il des différences de dynamiques au sein de vos activités ? 

Sur les fonds digitaux, sur lesquels j’interviens, nous recevons près de 3000 dossiers par an et réalisons six à 8 investissements avec des tickets d’1,5 à 2 millions en entrée, jusqu’à dix millions. Il s’agit de montants un peu plus élevés que sur le segment "Deep Tech Seed". Nous avons donc une logique de portefeuille différente quand bien même les modes d’investissements se recoupent.  

Comment l’année 2020 a-t-elle affectée vos relations en tant que partenaire financier ?  

Il a fallu s’adapter pour continuer à investir et désinvestir en s’ajustant aux mesures sanitaires qui nous ont poussés à mener à bien ces opérations à distance. Avec un bilan satisfaisant, puisque nous avons réalisé treize investissements et quatre sorties sur l’année 2020. Nous avons investi massivement et désinvestit tout autant. 

Nous avons évidemment été très précautionneux dans nos opérations lors de la survenue de la crise sanitaire, même par rapport à nos investissements, en adaptant nos décisions d’investissements et de refinancement. Aujourd’hui, avec le recul, nous constatons que notre portefeuille dispose d’actifs très résilients – le sous-jacent tech notamment – mais que nous ne pouvions pas anticiper en amont. Ce secteur de la tech, qui peut être considérée comme le nouveau "gold standard" intéresse désormais de nombreux acteurs du private equity comme en témoigne les discussions que nous avons pu avoir avec divers fonds sur le sujet et comme en attestent nos dernières sorties.  

Bien entendu, quelques secteurs très dépendants ont subi la crise plus que d’autres – à l’image de ceux qui ciblent le retail physique – et ont dû pivoter. Nous avons donc revu tous les business plans en nous positionnant comme le sparring partner de nos startups en portefeuille, en co-pilote.  

Quels sont les leviers financiers pour accompagner au mieux la croissance de vos participations dans cette période de relance ?  

Nous avons poursuivi les soutiens financiers mais pas autant que nous le pensions, car la plupart de ces sociétés sont intelligemment gérées et financées. Les dispositifs mis en place par l’État, soulignons-le, ont eu des effets bénéfiques sur le court terme notamment avec les fonds de solidarité, les prêts garantis par l’État ou encore le dispositif d’activité partielle. Notre rôle aujourd’hui est donc d’accompagner, de conseiller et de financer en plus des aides de l’État.  

Comment anticipez-vous l’année 2021 chez Elaia ?  

Pour continuer à investir activement dans nos start-ups, nous réalisons des levées de fonds sur nos deux véhicules. Nous chassons activement sur cinq secteurs prioritaires avec la transformation digitale – et déjà quelques belles opérations réalisées telles que Easyrecrue –, le digital life science, pour lequel nous sommes accompagnés d’entrepreneurs du monde de la medtech, notamment Franck Lescure en tant que partner ou encore Sacha Loiseau en tant que venture partner. Il y a également le cloud infrastructure et la cyber sécurité avec des success stories telles que la sortie de Volterra, rachetée par F5 Network pour plus de 500 millions d’euros très récemment, le cloud infra avec de nombreux investissements comme Traefik Labs ou OpenIo vendue à OVH et enfin la FinTech et la RetailTech. Le succès de Mirakl nous a donné naturellement envie de poursuivre. Nous anticipons donc une reprise plutôt active, tant en levées de fonds qu’en investissements. 

Propos recueillis par David Glaser

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