Stéphanie Yon-Courtin vient d’être élue députée européenne LREM. Elle s’exprime sur les principaux enseignements à tirer du scrutin du 26 mai.

Décideurs : Avec 50,2% de participation, les Français se sont plus déplacés que lors des scrutins européens précédents. Quel regard portez-vous sur cette mobilisation qui a échappé aux sondeurs ?

Stéphanie Yon-Courtin : Je me réjouis de voir nos concitoyens se déplacer. Cela permet à toutes les opinions de s’exprimer, tout en donnant tort aux personnes qui estiment que les Français se désintéressent des enjeux européens. Ce taux de participation est le plus haut depuis 1994 et la tendance est la même dans tous les pays de l’Union européenne. Quelque chose se passe et les citoyens reprennent leur destin en main. Contrairement à ce que pensent certains pessimistes, les électeurs estiment que la politique, ça sert encore à quelque chose.

En revanche, les sondeurs avaient prévu la première place du RN. Est-ce un échec pour la majorité ?

Non. Politiquement, nous sortons renforcés, ce qui n’est pas le cas du RN qui ne pèsera pas en Europe, contrairement à nous. En revanche, à quelques jours des commémorations du débarquement, le symbole est cruel de voir un parti d’extrême droite à cette place.

Si l’on prend du recul, on constate que le RN fait un pourcentage de voix moins élevé qu’en 2014 et perd même un siège. Il n’y a pas eu de vague populiste. Et les partis d’extrême droite ont des résultats globalement décevants. A terme, ce ne sera pas gagnant pour eux de se contenter de surfer sur les peurs. Face au contexte international et national actuel, je trouve même que le RN s’en sort mal. Nous ne sommes pas loin derrière et aurons le même nombre de députés. Alors que ce type de scrutin est dangereux pour le parti au pouvoir, nous gardons notre socle du premier tour de la présidentielle de 2017.

Sur le terrain, quel accueil ont reçu les représentants LREM durant cette campagne ?

Plutôt bon, les Français sont pro-européens et notre liste qui représente des euro-spécialistes attachés à l’Europe des territoires a été bien reçue. Nous étions là pour parler d’Europe, les Français aussi. Mais la défense d’une Union européenne forte est caricaturée depuis 40 ans et nous a peut-être porté préjudice. Le temps nous donnera raison, d’autant plus que nous ferons nos preuves au Parlement européen où défendrons concrètement les intérêts français.

LR et le PS, les deux principaux partis traditionnels sont balayés. Pour quelles raisons ?

Je pense que l’électorat pro-européen, qui peut voter PS ou LR, a remarqué qu’il existait une distorsion entre les déclarations sur l’importance de l’UE et la réalité. La réalité est la suivante : ces deux partis envoient au Parlement des recasés, des élus qui s’intéressent avant tout au jeu politique national et qui sont souvent abstentionnistes. Ce qui a pu finir par lasser les électeurs qui estiment que l’Europe est une question trop importante pour la prendre à la légère. Notre liste au contraire, s’est engagée à faire preuve d’assiduité et à ne pas cumuler de mandats.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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