Les banques européennes ont emprunté à la Banque Centrale Européenne (BCE) plus de 1300 milliards d'euros à taux négatifs dans le cadre des opérations ciblées de refinancement de long terme (TLTRO).

Ce jeudi 18 juin, 742 banques européennes ont souscrit pour un total de 1308 milliard d'euros de TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operation) pour trois ans à compter du 24 juin a annoncé la Banque Centrale Européenne (BCE). Une injection de liquidités exceptionnelle de la part de l'institution qui vient s'ajouter à son dispositif anti-crise existant. Au début du mois de juin, la BCE avait déjà décidé d'augmenter son plan d’achats de dettes sur les marchés dit "PEPP" (Programme d'achats d'urgence pandémique) pour le porter à 1350 milliards d'euros.

La quatrième série de TLTRO III de la BCE a surpassé les attentes du marché qui tablait sur une demande des banques d'un total de 1.000 milliards d'euros. Cet engouement des banques s'explique par l'offre très alléchante et inédite d'un taux d'intérêt négatif allant jusqu'à -1%. Les modalités des TLTRO ont été modifiées afin de renforcer le soutien de la BCE au crédit bancaire dans toute la zone euro face à la crise engendrée par la pandémie de la Covid-19. Pour bénéficier de ces conditions de crédit incitatives, les banques doivent s'engager à utiliser les fonds pour financer l'économie réelle et donc continuer à accorder des crédits aux entreprises et aux ménages pour éponger les dommages économiques des derniers mois et relancer l'économie européenne. En d'autres termes, l'institution européenne incite les établissements de crédit, en les payant à travers un taux d'intérêt négatif, à prêter à leurs clients.

Le montant est cependant à relativiser car 760 milliards d'euros ont été remboursés par les banques auprès de la BCE dont une partie proviennent d'ancien prêts TLTRO. Ainsi, l'apport net de liquidités passe de 1308 milliard d'euros à 548 milliards d'euros qui viendront augmenter la capacité de prêt des banques européennes. Un montant qui reste conséquent, surtout pour un soutien sans pénalités et n'affaiblissant pas le secteur bancaire.

Reste à savoir si cette aide est la plus pertinente pour encourager les banques à soutenir l'économie réelle. Les établissement bancaires européens ne sont pas tous logés à la même enseigne face aux problématiques de liquidités et les conditions d'octroi de crédit des banques aux particuliers les plus durement touchés par la crise ne devraient pas pour autant s'alléger. Christine Lagarde, la présidente de la BCE, aurait indiqué que le PIB de la zone euro pourrait chuter de 13% lors du deuxième trimestre, rapporte Reuters sur la base de plusieurs sources européennes.

Béatrice Constans

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