Fort de son introduction en Bourse réussie, l’enseigne d’ameublement haut de gamme entend partir  à la conquête de l’international. Objectif : réaliser un chiffre d’affaires de 320 millions d’euros en 2021.

Malgré un environnement économique peu favorable, Roche Bobois a réussi son introduction en Bourse. Avec un prix de 20 euros par action, la capitalisation boursière de la société est d’environ 200 millions d’euros. Mais, avec seulement 12 % de flottant, le manque de liquidité du titre risque d’entraîner une forte volatilité du cours. D’autant plus que son sort dépend fortement du fonds italien TXR qui détient désormais 35 % du capital. Une sortie de ce dernier risquerait en effet d’être mal vue par les marchés financiers.

Cash machine

Un argument que Gilles Bonan, président du directoire de Roche Bobois, balaie d’un revers de main : « L’entreprise reste ­familiale. L’introduction en Bourse nous ­permet surtout de gagner en ­visibilité et en flexibilité ». Et pour cause, cette opération, qui n’avait pas pour but de lever de l’argent, n’impacte que très peu la structure du capital. Les deux familles ­historiques de l’enseigne ­d’ameublement haut de gamme, la famille Roche et la famille Chouchan, détiennent encore 54,4 % de la société. De quoi rassurer les investisseurs ­institutionnels et garantir la ­stabilité du cours à moyen terme. « Nous sommes même convaincus que dans les mois à venir notre valorisation va ­augmenter », ajoute Gilles Bonan. Les résultats ­financiers du ­premier semestre plaident déjà en sa faveur : le chiffre d’affaires a ­progressé de 2,3 % en un an.

Sans oublier que Roche Bobois est une véritable cash machine avec une trésorerie nette de 9,8 millions ­d’euros. Quant à sa marge ­d'excédent brut d'exploitation, elle reste stable à 8,4 %. « Nous avons pour ambition de le porter au-dessus de la barre des 10 % dès l’exercice 2019 », annonce Gilles Bonan. Confiant, le distributeur s'est ainsi engagé à verser un dividende représentant entre 30 % et 40 % de son résultat net. Pour y parvenir, il va concentrer la majorité de ses ­investissements dans les pays les plus rentables, comme les États-Unis, et développer le marché BtoB et e-commerce pour encore mieux absorber les coûts fixes.

« Fabless »

Roche Bobois doit sa réussite à son business model « fabless ». En sous-traitant sa production, la société a su limiter ses coûts fixes. Elle se montre néanmoins exigeante pour garantir la ­qualité de ses produits. « Tous les sites sont basés en Europe car il y a des savoir-faire et une flexibilité que l’on ne retrouve nulle part ­ailleurs », explique Gilles Bonan. Résultat, Roche Bobois se concentre sur la création et sort deux collections par an. Au total, le groupe dispose de 2 000 références dont 200 ­canapés différents. Pour cela, il travaille avec une cinquantaine de designers et s’associe avec de grands noms, comme Philippe Starck ou Jean-Paul Gaultier. Si aucun changement n'est à prévoir en termes de positionnement, Roche Bobois n’hésite pas à afficher une grande amplitude de prix. Une stratégie rendue possible grâce à une ­personnalisation poussée des ­produits vendus. Ainsi, le prix d’un même canapé, en fonction de ses finitions, peut varier du simple au double.

Tensions commerciales

Seule ombre au tableau, le groupe est très exposé aux tensions ­commerciales. 60 % de son Ebitda est ainsi réalisé aux États-Unis et au Royaume-Uni. Pas de quoi néanmoins inquiéter le groupe qui mise sur une croissance soutenue de son chiffre d’affaires avec quarante ouvertures prévues d’ici à 2021, dont neuf aux États-Unis. À cette date, Roche Bobois espère réaliser 320 millions d’euros de revenu. Un objectif ambitieux mais atteignable. D’autant plus que son introduction en Bourse lui permettrait de lever facilement de l’argent si besoin. En un mois, son action a déjà progressé de 10 %.

Vincent Paes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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