En levant 500 millions de dollars, la néobanque londonienne distance ses concurrentes. Ce tour de table, qui la valorise 5,5 milliards, est un signal positif pour l’économie britannique, qui cherche à préserver son écosystème financier à l’heure du Brexit.

Revolut signe la plus grosse levée de fonds pour une fintech européenne. La néobanque a annoncé mardi avoir bouclé un tour de table de 500 millions de dollars et affiche désormais une valorisation de 5,5 milliards bien supérieure à celle de sa concurrente Monzo (2,5 milliards de dollars). En tout, une vingtaine d’investisseurs lui ont fait confiance : de Technology Crossover Ventures (TVC) – un fonds de la Silicon Valley investi notamment dans Airbnb, qui a mené l’opération –, à Bond Capital, en passant par Lakestar, DST Global ou Sprints.

Cette opération record est une bonne nouvelle à plus d’un titre. D’abord parce que l’activité des fintech britanniques ralentit. Ensuite parce que cette performance est un signe positif pour l’économie d'outre-Manche, qui cherche à conserver sa place de choix dans le monde de la finance. Cette levée de fonds n’a d’ailleurs pas manqué de faire réagir le gouvernement anglais. « Il est clair que le secteur de la fintech britannique continue de prospérer, et l’annonce de Revolut, qui intervient après un record d’investissement en capital-risque dans le secteur de la fintech en 2019 est un indicateur clair de notre force en tant que place pour les fintech au moment où nous quittons l’Union européenne », commente le ministre de la City, John Glen.

En réalité, le taux de croissance de la clientèle des néobanques en Angleterre a chuté au second semestre 2019, passant de 170 % à 150 %. Tandis que, selon un rapport publié cette semaine par le cabinet de conseil Accenture, le solde moyen des dépôts a diminué d’un quart pour tomber à 260 livres, soulignant la difficulté pour les fintech à devenir le compte principal de leurs clients.

Une diversification ambitieuse

Tous les indicateurs ne sont pourtant pas dans le rouge. Le nombre d’utilisateurs passant de 7,7 à 19,6 millions en 2019. Pour sa part, Revolut a attiré au total plus de 10 millions de clients – dont un million en France – depuis son lancement en 2015. Active essentiellement en Europe, elle entend croître à l’international, comme aux États-Unis grâce à un partenariat avec Mastercard. Et elle n’est pas la seule à viser le pays de l’oncle Sam puisque, l’an passé, Monzo et N26, une autre concurrente, avaient fait de même.

En quelques années, Revolut n’a pas cessé de se diversifier, offrant des services de transfert d’argent instantané, de paiements dans plusieurs devises, d’achats et de vente de cryptomonnaies, de trading ou encore d’assurances. Des investissements qui pèsent sur la rentabilité de la néobanque considérant maintenant cet indicateur comme une priorité. En 2018, elle affichait une perte avant impôts de 32,8 millions de livres (contre 14,8 millions un an auparavant) malgré un chiffre d’affaires de 58,2 millions de livres (+455 %).

La fintech entend développer davantage son catalogue de produits bancaires dont « des services de prêts pour les clients particuliers et entreprises, l’extension de l’offre de comptes épargne en dehors du Royaume-Uni, le renforcement du service client, ainsi que le déploiement des opérations à travers l’Europe », selon son communiqué. Si le chemin, avant de rivaliser avec les banques traditionnelles, est encore long pour celle qui aime à se qualifier d’« Amazon de la banque », ce tour de table lui donne du carburant pour mener à bien ses projets.

Olivia Vignaud

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