Femmes, professions libérales, points, régimes spéciaux, calendrier, grèves : le premier ministre a officiellement dévoilé les grandes lignes de la réforme des retraites.

Le mercredi 11 décembre à midi, le premier ministre a officiellement rendu public les grands contours de la réforme des retraites devant le Conseil économique, social et environnemental. Voici les principaux points à retenir.

Une mesure sociale

Tout au long de son discours, le premier ministre a martelé un message qui lui tient à cœur : oui, la réforme des retraites est sociale. Selon lui, il « s’agit d’un pacte fidèle dans son esprit à celui du Conseil national de la résistance ». Un message fort envoyé à certains syndicats ou partis politiques l’accusant de détricoter les acquis mis au point juste après la seconde guerre mondiale.

Au contraire, selon lui, la réforme ne fera pas de perdants, tout en augmentant significativement les pensions de certains. L’ancien député de Seine-Maritime a notamment cité « les livreurs à vélo, l’étudiant qui fait des petits boulots, la caissière à temps partiel ». Il a également expliqué que la réforme : « garantira une pension de 1 000 euros net par mois pour les personnes au Smic », ce qu’il qualifie de « révolution » et « d’avancée sociale ». La réforme à venir s’inscrit, selon lui, dans la lignée de la social-démocratie, de Michel Rocard, de Pierre Mendès-France mais aussi de Georges Pompidou.

Refuser le rapport de force

Certains syndicats, CGT en tête, en sont persuadés : le mouvement contre la réforme des retraites est une bataille. Hélas, pour se battre, il faut être deux. Et le premier ministre a pris de la hauteur en souhaitant « éviter toute rhétorique guerrière » et « toute logique de rapport de force car il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu ».

Edouard Philippe a estimé que la principale menace pesant sur le projet n’était pas les mouvements sociaux mais : « le mur de défiance sur lequel bute nos arguments ». Pour rassurer les Français, Edouard Philippe a souhaité contrer les fake news en déclarant officiellement « qu’il n’y a pas d’agenda caché, que nous voulons léser personne et qu’il n’y aura pas de petites économies ».

Ciao les régimes spéciaux

Cédera ? Cédera pas ? Edouard Philippe était attendu sur la question des régimes spéciaux. En fidèle juppéiste, il est resté droit dans ses bottes et a confirmé leur suppression. « Le système universel sera le même pour chaque Français » ce qui selon lui, « veut dire pour tout le monde, y compris les conducteurs de trains, mais aussi les députés ». Sur ce point symbolique, le gouvernement n’a pas reculé. C’est donc assumé « nous mettrons fin aux régimes spéciaux, mais sans brutalité ».

Système par points, valeur du point

La valeur du point, quant à elle, « sera fixée par les partenaires sociaux, sous contrôle du parlement ». Pour l’hôte de Matignon, il s’agit « d’un signe de confiance ». La loi prévoira également une « règle d’or » pour que « quelle que soit la situation, la valeur du point ne puisse pas baisser ».Ce qui signifie bien évidemment que le futur système de retraite fonctionnera par points, chaque heure travaillée donnant donc droit à une retraite.

Professions libérales : « pas de hold up »

Les professions libérales, avocats en tête, sont sceptiques vis-à-vis de la réforme. La raison ? La peur de devoir payer pour les autres. Pour les rassurer, Edouard Philippe a promis que « les réserves des professions libérales resteront dans les caisses ». Il a également juré que la loi à venir n’organisera « pas de hold up, pas de siphonnage (…), ce n’est pas dans notre projet ».

Une avancée pour les femmes

Alors que les inégalités entre hommes et femmes sont au cœur de l’actualité, Edouard Philippe a insisté sur le fait que ces dernières seront gagnantes. Notamment parce qu’elles sont plus que les hommes concernées par le temps partiel. En outre, le projet « compensera la maternité à 100% » tandis que des points seraient accordés dès le premier enfant.

Le calendrier législatif : coup d’envoi imminent

Edouard Philippe a profité de son discours pour dévoiler le calendrier législatif de la réforme des retraites. Le projet sera prêt à la fin de l’année puis sera présenté en conseil des ministres par Jean-Paul Delevoye le 22 janvier. Dès février, le texte sera discuté au Parlement.

Entrée en vigueur : les grandes dates 

Le premier ministre a déclaré qu’il fallait éviter « la procrastination et la précipitation ». Pour la première fois, il a déclaré à quel rythme la réforme serait déployée. « Ceux qui entreront sur le marché du travail en 2022 intègreront le nouveau système universel ». En revanche pour les personnes déjà en poste, celles qui ont déjà 17 ans de cotisation ne sont pas concernés. Pour les autres, la transition sera progressive. Les anciennes règles resteront en vigueur jusqu’en 2025.

Grèves : un premier ministre solidaire des usagers

Le premier ministre a très peu évoqué les grèves qui paralysent le pays. Il a toutefois exprimé sa solidarité envers « ceux qui galèrent », ceux pour qui « la journée est un véritable parcours d’obstacle ». Parcours d’obstacle qui pourrait bien continuer puisque que l’exécutif, conformément aux promesses de campagne d’Emmanuel Macron, a expliqué clairement que les régimes spéciaux seront bel et bien supprimés. Un casus belli pour les syndicats les plus radicaux.

Compte pénibilité : extension à la fonction publique

Le gouvernement va profiter de la réforme des retraites pour élargir le compte pénibilité « qui sera ouvert au service public », mesure qui devrait notamment profiter aux infirmiers. Par ailleurs, le seuil du travail de nuit sera abaissé.

Lucas Jakubowicz

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