L’américain Bryan Cave (BC), présent à Paris depuis 2008 avec une quinzaine d’avocats, vient de fusionner avec l’anglais Berwin Leighton Paisner (BLP). Rémy Blain, chef de file du bureau de Paris, détaille la stratégie de cette opération transatlantique et cible les priorités pour son équipe.

Décideurs Juridiques. La fusion annoncée en février est effective depuis début avril. Quels changements entraîne-t-elle pour votre équipe à Paris ?

Rémy Blain. Contrairement à d’autres bureaux comme celui de Londres par exemple, nous n’avons pas à organiser de fusion des équipes de BC et de BLP. En revanche, ce mariage va nous permettre d’atteindre nos objectifs dans de meilleures conditions. Paris, comme les autres bureaux européens, était trop petit face à ce que représente BC aux États-Unis. Or, nous devenons tout à coup capables d’attirer des talents en affichant plus de 500 avocats à Londres, 100 en Allemagne, des bureaux aux Moyen-Orient ─ Bryan Cave était présent dans la région mais a dû fermer ses bureaux ─, à Bruxelles, etc. La fusion nous offre donc les moyens de notre développement.

Pourquoi ?

Je rencontrais jusqu’à présent des problèmes de croissance. Mais cela va changer. Les pistes lancées avant la fusion se réactivent déjà. Plus précisément, BLP a forgé sa réputation sur l’immobilier et les grands projets d'infrastructure. L’équipe de Londres a par exemple réalisé les trois plus importantes acquisitions immobilières récentes de la capitale britannique (dont le dernier gratte-ciel construit à La City et connu sous le nom de Cheesegrater) pour un montant de plus d’un milliard de livres sterling chacun. En matière de real estate, nous bénéficions dorénavant d’une plateforme crédible en Europe puisque BLP est l’une des quatre meilleures équipes au Royaume Uni.

Notre objectif à Paris est donc de se développer en droit immobilier mais aussi en restructuring et en financement, cette dernière pratique étant très présente à Londres avec plus de 300 avocats qui y sont dédiés.

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Ne pensez-vous pas que le marché des avocats spécialistes des opérations immobilières à Paris est saturé ?

Nous cherchons des experts autonomes pour des deals européens, voire mondiaux, avec des bases aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie, ce positionnement n’étant pas très répandu.

De nombreuses fusions transatlantiques échouent en raison de la différence de culture. Sur quels éléments misez-vous pour la réussite de la vôtre ?

Les modes de rémunération sont en effet à l’origine très différents. Mais le eat what you kill américain a depuis longtemps été modéré par des éléments de participation au collectif chez BC et le lockstep anglais contient déjà une part d’appréciation chez BLP. Finalement, nous n’aurons pas de mal à nous mettre d’accord sous l’autorité du comité des rémunérations.

Mis à part cela, nous nous ressemblons beaucoup. BC et BLP sont deux firmes intégrées partageant déjà les mêmes valeurs et l’attrait des legal techs pour l’enrichissement de notre offre juridique. Ceux qui se sentent bien chez nous sont ceux qui ont développé leur propre clientèle mais qui n’hésitent pas à les partager, à travailler sur les clients des autres et à faire intervenir leurs associés sur les dossiers de leurs clients. Pour que cela fonctionne, il faut avoir confiance dans notre organisation. Cela est fondamental, ce n’est pas simplement une liste de valeurs affichée dans la cuisine.

Enfin, il faut avoir à l’esprit que cette fusion a été réalisée pour les bonnes raisons : grandir dans différents pays de manière plus rapide et plus efficace que par à-coups dans chaque bureau. Il n’est pas question d’une opération pour sauver un cabinet déficitaire, les deux structures étant en bonne santé financière.

Un autre point de rapprochement : vos deux managing partners monde sont des femmes. Cela est-il significatif pour vous ?

À la maison aussi je suis dirigé par ma femme ! Peut-être que le management féminin est plus à l’écoute, ce qui est pratique puisque les avocats adorent parler ! En tout cas à Paris, nous souhaiterions avoir plus de femmes dans notre partnership. Et lorsque nous cherchons des candidates, face au défaitisme de certains chasseurs de tête, nous préférons privilégier l’accompagnement de profils plus juniors mais dans lesquels nous croyons pour une future association. La cooptation est aussi dans notre culture partagée entre BC et BLP.

 

Propos recueillis par Pascale D’Amore

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