Le 17 juin, l’autorité antitrust du Vieux Continent déclarait craindre que la fusion envisagée entre les deux constructeurs ne réduise la concurrence sur le marché des véhicules utilitaires légers dans 15 pays dont la France. Le contexte de crise actuel jouera-t-il sur les négociations ?

Nouvelle étape à franchir dans le rapprochement entre PSA et Fiat Chrysler. Le 17 juin, la Commission européenne indiquait vouloir mener une enquête approfondie avant de donner son accord, ou non, à la fusion entre les deux constructeurs automobiles. Le service antitrust du Vieux Continent craint que le deal envisagé ne réduise la concurrence sur le marché des véhicules utilitaires légers.

Pour mémoire, selon les données à décembre dernier – c’est-à-dire avant la crise – il était prévu que la nouvelle entité devienne le quatrième constructeur automobile mondial en volume et le troisième en chiffre d’affaires, avec 8,7 millions de véhicules écoulés et des revenus de près de 170 milliards d’euros. Cette fusion, entre égaux, générerait des synergies estimées à environ 3,7 milliards d’euros en année pleine.

Les craintes

Mais, Bruxelles scrute de près les potentielles positions dominantes et s'inquiète donc, ici, du rapprochement sur le marché des utilitaires légers. Ceux-ci « jouent un rôle important pour les particuliers, les PME et les grandes entreprises en ce qui concerne les livraisons de marchandises ou la prestation de services aux clients, souligne Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence. Ils constituent un marché en croissance et leur importance ne cesse d'augmenter dans une économie numérique dans laquelle les consommateurs particuliers recourent plus que jamais aux services de livraison. »

Dans le détail, les craintes concernent une quinzaine de pays, dont l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Belgique et la France. « Les concurrents dans le segment des camionnettes sont moins nombreux que dans celui des voitures particulières et, dans la plupart des pays concernés, tous verraient leur taille significativement réduite par rapport à l'entité issue de la concentration », précise le communiqué. Pour ne rien arranger, l’entrée d’un nouvel acteur rapidement sur ce segment s’avère peu probable compte tenu des barrières élevées à l’entrée et à l’expansion (nécessité de disposer d’un vaste réseau de services, par exemple).

Des concessions à venir ?

La Commission a maintenant jusqu’au 22 octobre pour se prononcer. Pendant la phase initiale, PSA et FCA avaient décidé de ne pas présenter d’engagements visant à répondre aux préoccupations préliminaires exprimées par Bruxelles. Les deux fiancés avaient, en revanche, inclus dans leur calendrier prévisionnel ce délai d’enquête approfondi, généralement incontournable dans ce type de fusion ; et Carlos Tavares, patron de PSA, indiquait « être tout à fait prêt à faire les concessions nécessaires » pour ne pas être considéré en position dominante.

"Les préparatifs de la fusion avancent comme prévu"

À la suite de la décision du 17 juin, les constructeurs automobiles déclarent vouloir coopérer avec les autorités. « Les préparatifs de la fusion avancent comme prévu. Les groupes PSA et FCA réaffirment leur objectif commun de conclure la transaction d’ici la fin du premier trimestre 2021. »

Les deux groupes ont déjà obtenu l’accord des régulateurs japonais, américains, russes et chinois. Une enquête approfondie ne préjuge pas de la décision finale. Si elle peut faire craindre un potentiel blocage, elle peut aussi être l’occasion de négocier des concessions moins importantes. Au dossier FCA/PSA vient s’ajouter un changement de contexte radical depuis l’accord de fusion de décembre dernier. La crise du Coronavirus fait plonger les ventes automobiles. Bien sûr, la Commission pourrait ne pas prendre en compte cet élément mais ses enquêtes, et donc ses décisions, s’appuient sur les prévisions de marché à venir. À voir quelle sera la stratégie adoptée de part et d’autre dans les prochains mois.

Olivia Vignaud

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