Le géant du conseil, Accenture, a opéré un changement de stratégie radical en créant cinq nouvelles entités de business basées sur la stratégie, le conseil, le digital, la technologie et les opérations. Une transition pilotée avec succès par Pierre Nanterme.

Décideurs. Quelle est votre vision du leadership??
Pierre Nanterme.
Le leadership, c’est avoir une forte capacité à entraîner une organisation dans des phases de ruptures et de changements majeurs. Accenture s’est engagé depuis ces trois dernières années dans l’une des transformations les plus importantes de son histoire pour s’adapter à la révolution digitale, et ainsi continuer à anticiper les besoins de nos clients. Nous avons donc défini et mis en place un programme nommé «?Ambition 2020?» pour se réinventer et faciliter cette transition. Cela nécessite un fort leadership de la part de l’ensemble des dirigeants pour mettre en marche le changement. Nous avons ainsi modifié notre organisation et fait évoluer notre leadership en faisant davantage de place aux nouvelles générations. Notre stratégie d’investissement a également été redirigée. Depuis trois ans, nous avons fait quarante acquisitions, pour environ 2,5?milliards de dollars, notamment dans les services et solutions liés au digital, le cloud et la cyber-sécurité.

 

 
Décideurs. Vous avez changé votre équipe. Quelles doivent être les qualités de ces nouveaux leaders??
P.?N.
Lors de ces importantes phases de rupture, le leader doit avoir une grande capacité à mobiliser ses équipes et les entraîner vers un objectif commun. Il doit également faire preuve de curiosité intellectuelle et de créativité, car ce sont les fondements de l’innovation. Sa capacité à opérer d’une manière naturelle sur une base internationale, en comprenant les diversités économiques et culturelles, est également déterminante chez nous. Nos leaders doivent être de grands communicants, et dans une entreprise comme la nôtre, qui compte plus de 370?000 collaborateurs dans le monde, ils doivent être à l’aise avec les moyens de communication digitale qui permettent de démultiplier les interactions. J’ai par exemple un hologramme qui m’a permis de tenir une conférence à Chicago tout en restant à Paris.

 

 

Décideurs. À votre niveau, quel usage faites-vous de l’autorité??
P.?N.
Elle doit être naturelle et reconnue par les autres. Si elle se traduit en autoritarisme, cela devient un défaut majeur pour diriger une entreprise. Pour ma part, je l’exprime au travers d’une vision radicale que les collaborateurs vont suivre, non pas par obligation, mais par adhésion. L’autorité n’a pas sa place dans un système fondé sur le ralliement naturel des personnes.
 


Décideurs. Quelle est la partie du leadership la plus délicate à gérer??
P.?N.
Le leader présente un risque d’isolement qui peut conduire à une déconnexion avec la réalité de l’entreprise et celle du marché. Je passe donc le plus de temps possible en immersion dans les différents pays, auprès des clients et des équipes. Chaque jour, pour diriger l’entreprise tout en restant connecté avec la réalité de mon environnement, j’accorde un tiers de mon temps à nos clients, un autre à mes équipes, et le dernier tiers à nos partenaires, ainsi qu’aux investisseurs et analystes financiers.

 
Propos recueillis par Richard Trainini

 

Cet article fait partie du dossier Leadership : l'art de gérer les paradoxes?

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