Le gouvernement dévoilait jeudi 3 septembre la teneur de son plan de relance. Axées autour de ses trois priorités que sont l’écologie, la compétitivité ainsi que la cohésion sociale, les mesures visent à soutenir les entreprises et, in fine, l’emploi.

Fin du suspense. Après plusieurs semaines de concertations, le plan de relance de l’économie française était présenté jeudi 3 septembre. Si les grandes lignes de cette aide de 100 milliards d’euros ont été dévoilées tout au long de l’été, sa teneur exacte est désormais arrêtée. Le gouvernement prend toute une série d’initiatives afin de répondre aux trois priorités qu’il a dégagées et qui ont vocation à soutenir et pérenniser l’emploi : accélérer le verdissement de l’économie, retrouver de la compétitivité et de la souveraineté, soutenir la cohésion sociale et territoriale. "Avec la crise, on va perdre 100 milliards de richesse nationale. Il s’agit tout simplement de la reconstituer", déclarait le même jour au micro de RTL le Premier ministre Jean Castex.

Verdissement de l’économie

Ainsi 30 milliards d’euros vont-ils être consacrés au verdissement de l’économie, des modes de production, de transports et de consommation, et à la réduction de nos gaz à effet de serre. "Cela s’appliquera à la rénovation thermique des bâtiments, aux investissements dans les infrastructures et dans la mobilité verte, au développement de technologies vertes, à la stratégie hydrogène", commente dans Le Figaro le chef du gouvernement. Ce volet inclura également des mesures en faveur de la transition agricole ou encore de l’économie circulaire.

"C’est un pas de géant pour la transition écologique en France"

Dans le détail, ce sont environ 6,7 milliards d'euros qui seront mobilisés pour la rénovation énergétique des bâtiments (4 milliards pour les bâtiments publics tels que les écoles et les universités et 2 milliards pour les ménages via la prime MA Prime Rénov qui sera accessible à tous). Neuf milliards seront consacrés à l'accompagnement des entreprises dans leur transition énergétique, notamment via la recherche et l'innovation, dont 2 milliards pour développer l'hydrogène vert, c'est-à-dire non issu des hydrocarbures. Le développement d'une agriculture plus durable et d'une alimentation plus saine bénéficiera d'aides de 1,2 milliard d'euros tandis que 300 millions d'euros seront alloués à l'accélération de la rénovation des réseaux d'eau, en particulier en outre-mer. "C’est un pas de géant pour la transition écologique en France", commentait lors de la conférence de presse Barbara Pompili, la ministre en charge de ces sujets.

Compétitivité et souveraineté

Par ailleurs, le gouvernement entend rendre la France plus compétitive et plus souveraine grâce à une enveloppe de 35 milliards d’euros. Pour ce faire, les impôts de production baisseront de 10 milliards d’euros en 2021 et d’autant en 2022. Le tout de manière définitive. Ce rabais bénéficiera à 42 % aux ETI, à 32 % aux PME et à 26 % aux grandes entreprises. La bonne nouvelle avait déjà été dévoilée par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, durant l’été. "Depuis vingt ans, nous avons laissé partir notre industrie. Il y a eu des délocalisations massives, avait-il déclaré sur France 2. Nous voulons relocaliser notre industrie pour être souverain sur les médicaments, sur l’automobile, sur l’aéronautique…" Une décision saluée par le Medef, le patronat ayant fait de la baisse de ces impôts l’un de ses combats depuis 2015.

"Nous voulons relocaliser notre industrie pour être souverain sur les médicaments, sur l’automobile, sur l’aéronautique…"

Par ailleurs, le gouvernement subventionnera à hauteur d'1 milliard d'euros le développement industriel sur les territoires : 400 millions via le dispositif existant des territoires d'industrie et 600 millions à travers un appel à projet sur la relocalisation de productions en France. "Relancer l’économie française, c’est relancer l’industrie", insiste Bruno Le Maire. Les entreprises pourront également compter sur 3 milliards d’euros de soutien pour leurs fonds propres, via une garantie publique. Le gouvernement prévoit également d’allouer 11 milliards d'euros au prochain Programme d'investissements d'avenir (PIA). Celui-ci "sera tourné vers les secteurs stratégiques tels que la santé, l’agroalimentaire ou encore les technologies du numérique", poursuit Jean Castex dans les colonnes du Figaro.

Cohésion sociale et territoriale

Enfin, 35 milliards d’euros seront consacrés à la cohésion sociale et territoriale. "La priorité des priorités, c’est l’emploi des jeunes", martèle le locataire de Matignon. Le plan pour l’emploi de cette frange de la population, voté cet été et doté de 6,5 milliards d’euros, inclut une aide de 4 000 euros pour l’embauche d’une personne de moins de 26 ans dans le cadre d’un contrat de trois mois minimum. Sont également prévus : des primes pour l’embauche des jeunes en alternance, des contrats d’insertion tandis que le service civique sera étendu.

Un "bouclier anti-licenciements"

Autre grande mesure du plan de relance : le déploiement du dispositif d’activité partielle de longue durée, qualifié de "bouclier anti-licenciements" par Élisabeth Borne, ministre du Travail (6,6 milliards). Afin d’éviter que les entreprises en difficultés ne se séparent de leurs forces vives, le gouvernement propose de former leurs salariés et de prendre à sa charge une partie du salaire.

Si prévenir les licenciements en déchargeant les entreprises de certains coûts fixes et en faisant monter les collaborateurs en compétences est une réponse à la crise, le gouvernement entend aussi remplir les carnets de commandes des entreprises. Car le meilleur moyen de conserver les emplois est encore d’avoir du pain sur la planche. Environ 6 milliards d’euros sont notamment prévus pour l’investissement dans les hôpitaux. L’État fait ainsi d’une pierre deux coups en aidant le secteur de la santé à se remettre sur les rails et en donnant du travail à des secteurs comme le BTP qui souffrent du contexte actuel.

Effets escomptés

Sans se lancer dans des promesses de Gascons, Jean Castex avance un objectif de 160 000 créations d’emplois en 2021. Il espère également que la croissance retrouvera son niveau d’avant-crise d’ici à 2022, soit quatre points de croissance (80 milliards d’euros de richesse). Quant au financement de ce plan - qui est loin d’être un sujet anodin -, plus de la moitié proviendra de l’Union européenne, les pays membres ayant acté un dispositif d’aides de 750 milliards d’euros. Le gouvernement français ajoute que les investissements ont vocation à créer de l’activité et donc des recettes. Ce qui doit permettre de rendre le plan sain à long terme et d’éviter que la crise actuelle ne pèse sur les générations futures.

Olivia Vignaud

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