C’est un avocat d’affaires, Philippe Rosenpick, qui est à l’origine de la nouvelle fresque devant les Invalides. Peinte par le street artist Crey 132 à l’occasion des 100 ans de l’armistice, elle est un symbole de l’engagement de l’art contemporain pour la nation, mais aussi de celui du droit pour l’art.

Comment est née cette initiative artistique ?

Philippe Rosenpick. Rose-Marie Antoine, directrice de l’Onac (Office national des anciens combattants), a fait connaître au général de Saint Chamas son souhait d’habiller la place qui porte le nom de rond-point du Bleuet de France. Je connais le général depuis longtemps à travers notre engagement commun dans la Légion étrangère, où j’ai effectué mon service militaire et que j’ai continué à servir pendant ma vie professionnelle. Lorsque le général a été nommé gouverneur des Invalides, nous avons eu l’occasion de nous revoir plus régulièrement. Étant passionné d’art urbain qui, à mon avis, apporte un nouvel air à un art contemporain qui tourne en boucle, centré sur lui-même, j’ai émis l’idée d'organiser une grande exposition d’art urbain aux Invalides.

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Philippe Rosenpick, avocat associé chez Desfilis.

Que signifie-t-elle pour vous ?

Ce n’était pas facile à organiser, mais le général a gardé dans un coin de sa tête l’idée iconoclaste de rapprocher des mondes a priori très éloignés : l’art urbain et l’armée. C’est donc lui qui a proposé à Rose-Marie Antoine l’idée d’installer une fresque de street art sur le rond-point du Bleuet et a suggéré de m’appeler. Je leur ai proposé alors de rencontrer Crey 132, car il me semblait réunir toutes les qualités pour réaliser une telle fresque. Je remercie d’ailleurs Rose-Marie Antoine et le général d’avoir pris le risque de nous faire confiance et d’avoir fait preuve d’ouverture d’esprit envers la jeunesse. Le bleuet n’est pas uniquement un regard vers le passé, mais il reste porteur d’espoir pour le futur, moderne et fédérateur de valeurs fondamentales pour les jeunes générations.

Les street artists sont souvent des lanceurs d’alerte

Pourquoi avoir choisi Crey 132 pour cette cérémonie ?

Depuis que je me suis intéressé à l’art urbain, j’ai rencontré beaucoup d’artistes, dont certains ont une grande notoriété, comme Shepard Fairey ou Conor Harrington. Il y a des artistes qui ont énormément de talent et moins de notoriété, parce qu’ils n’ont pas encore rencontré le bon galeriste ou parce qu’ils sont un peu trop « sauvages ». Crey 132 est un véritable virtuose avec une bombe aérosol en main. Prenez, par exemple, le portrait qu’il a fait du petit garçon qui boit de l’eau pour le Prix du graffiti 2018, une fresque que l’on peut admirer à Moulin. Mais aussi les atmosphères de lumière quand il peint les galeries de métro ou ses portraits d’animaux plus vrais que nature. J’aime son implication dans la cité à travers ses fresques, toujours porteuses de sens, mais jamais agressives, caricaturales ou trop tendance. En outre, il est français, vit en banlieue, n’est pas « dans le star system ». Et j’ai, depuis, appris qu’il avait été lieutenant dans son jeune âge.  C’est une sorte de « poilu » de l’art urbain.  Je me doutais à travers nos discussions que nous avions un socle commun, mais pas à ce point… le hasard de rencontres n’est peut-être pas un total hasard.


Vous êtes régulièrement impliqué dans des projets artistiques. Quel lien établissez-vous entre votre métier et l’art ?

J’ai toujours eu une sensibilité artistique. Quand j’étais jeune, beaucoup de métiers m’intéressaient. Militaire, bien sûr, mais aussi acteur, écrivain, photographe... J’ai beaucoup hésité à devenir reporter de guerre, j’ai fait beaucoup de photographie tout au long de ma vie. Ma femme dessine très bien, elle aurait dû être architecte, mais elle est devenue pharmacienne. Nous avons toujours eu une sensibilité à l’art, sous toutes ses formes.

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L'artiste Crey 132 devant les Invalides à Paris.

Être avocat d’affaires, pour moi, ce n’est pas enchaîner les deals et courir après une médiatisation égocentrique forcément éphémère. Notre succès social doit nous rendre encore plus obligés vis-à-vis de la société. L’image de notre profession se dévalorise peu à peu. Être avocat, c’est aussi servir, comme un militaire, un journaliste, etc. L’art urbain s’est imposé naturellement à moi.

Je me souviens d’une question d’un journaliste à un collectionneur : il lui demandait pourquoi il s’était investi à son âge avancé dans l’art contemporain. Il a répondu : « Parce que c’est l’art de mon époque et il faut vivre avec son époque. » Il en est de même pour l’art urbain qui est nomade, mondial ; il redonne des couleurs et du sens à des tas d’endroits grisâtres. Les street artists sont souvent des lanceurs d’alerte sur certaines évolutions de nos sociétés, sans tabou et sans être inféodés un pouvoir quelconque. Leur regard critique et leur implication sont essentiels à nos démocraties, que cela plaise ou non aux conformistes de tout poil. L’art a toujours été à l’avant-garde des évolutions sociétales, de leur compréhension, de leurs évolutions. Regardez la photo de la petite fille vietnamienne qui court sur une route après un bombardement au napalm. Elle a été essentielle pour la suite de la guerre du Vietnam et ce cliché est aujourd’hui repris par Banksy pour alerter l’opinion. Chacun y mettra le sens qu’il veut. C’est tout aussi naturellement que je dresse un pont entre mon métier d’avocat et mon engagement artistique. Notre notoriété doit servir aussi à accomplir d’autres choses, autrement tout cela serait bien pauvre. Être avocat, c’est aussi servir, aider, alerter, prendre cause, être impliqué, comme le font beaucoup de street artists.

Pascale D’Amore

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Le bleuet n’est pas uniquement un regard vers le passé mais porteur d’espoir pour le futur, moderne et fédérateur de valeurs fondamentales pour les jeunes générations.

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