Le professeur de droit social de l’université de Montpellier vient de rejoindre l’équipe de Pascale Lagesse chez Bredin Prat. Celui qui a accompagné 783 diplômés en trente-trois ans plaide pour l’inclusion des professionnels du droit dans la vie des entreprises.

Décideurs Juridiques. Professeur de droit avant tout, vous êtes aussi avocat. Pourquoi ?

Paul-Henri Antonmattei.  Le statut de professeur autorise l’exercice de la profession d’avocat. Cela me permet de rencontrer les acteurs de la relation sociale : dirigeants d’entreprise, responsables des ressources humaines, élus des organes représentatifs des salariés, législateurs, juges, avocats...  Notre modèle européen est celui de l’économie sociale de marché. La finalité des entreprises est donc humaine, notre cœur de métier. Je conçois le juriste est un stratège de l’organisation humaine. Les spécialistes du droit social sont des créateurs de relations humaines dans l’entreprise.

Vous quittez Barthélémy Avocats pour Bredin Prat. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce mouvement ?

Je n’avais pas prévu mon départ, mais je l’ai fait par amitié pour Michel Morand qui a quitté le cabinet en avril. J’étais jusqu’à présent inscrit au barreau afin d’occuper une place de président délégué non exécutif (puisqu’un cabinet ne peut pas être dirigé par quelqu’un qui n’occupe pas la profession d’avocat à titre principal). En plus de mon intervention sur les dossiers du cabinet, je m’occupais des relations avec les institutions et de l’organisation des conférences. Depuis, je me suis fait omettre du barreau avec l’objectif chez Bredin Prat d’être l’universitaire qui apporte sa particularité dans une approche pratique, qui prend le temps de sortir du quotidien et qui trace les orientations. L’action est le résultat d’une réflexion : on aurait tort de les opposer. C’est la raison pour laquelle avocats et universitaires s’enrichissent mutuellement.

Vous rejoignez une équipe dirigée par une des avocates en droit social les plus reconnues en France, Pascale Lagesse. La connaissiez-vous personnellement ?

Je connais Pascale depuis plus de vingt ans. Elle a parrainé l’une de mes promotions lorsqu’elle exerçait chez Freshfields et, depuis, nous nous voyons régulièrement. Je suis basé à Montpelier bien sûr, mais je prévois de venir régulièrement à Paris.

Vous êtes aussi proche de la culture Bredin Prat...

Tout à fait. Bredin Prat a toujours eu cette démarche de droit de l’entreprise issue de l’école montpelliéraine fondée par le professeur Jean-Marc Mousseron : réunir les disciplines juridiques de l’entreprise dans une même structure, de la même manière que moi-même je suis issu du DJCE de droit de l’entreprise. L’idée est de dire que la spécialité est indispensable, mais qu’il ne faut pas oublier les passerelles entre les matières, en soulevant l’intérêt de l’addition des compétences.

Vous faites aussi le parallèle avec l’université de médecine. Pourquoi ?

L’université de droit dispense une formation théorique, mais nous sommes aussi là pour former les étudiants à leurs futurs métiers. Nous sommes des écoles d’application, même si nous ne sommes pas au même stade que l’université de médecine. Toutefois, à Montpellier, la fac de médecine est une des plus anciennes du monde, elle a 800 ans, et celle de droit la talonne avec ses 750 ans. Mes fonctions de doyen d’université ont rapproché les deux disciplines : je suis persuadé que les professeurs de droit se doivent donc d’enseigner la matière tout en la pratiquant.

"Je conçois le juriste est un stratège de l’organisation humaine. Les spécialistes du droit social sont des créateurs de relations humaines dans l’entreprise."

Cela va de pair avec l’intégration de nos étudiants dans le monde professionnel. Pour le master en droit social comme pour les quatre diplômes universitaires que je dirige, nous sommes en contact avec l’ensemble des cabinets d’avocats spécialistes du droit social, garantissant dès lors une première expérience dans ces structures. Nous avons constitué un réseau intergénérationnel et il ne se passe pas une semaine sans que je ne revoie des anciens. Cela fonctionne : nous affichons plus de 85 % d’intégration professionnelle.

Quelle stratégie de droit social faut-il adopter à l’heure de la crise sanitaire ?

Il s’agit de gérer l’urgence. Sauf que la crise révèle aussi les forces et faiblesses d’une organisation. Au centre des préoccupations : la santé, la sécurité des travailleurs et la sauvegarde de l’emploi. Il est certain que cette crise va modifier des paramètres sur plusieurs années (télétravail, environnement de travail, articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle, exigences de la génération millennials...). Nous tirons les enseignements de cette période pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de ces mesures sur le long terme. Les chantiers actuels dans les entreprises sont à la fois de nature juridique et de nature sociale. Cela nous implique donc au premier chef. C’est ma vision d’un point de vue pédagogique, mais aussi dans la pratique.  

Propos recueillis par Pascale D’Amore

 

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