Près de cinq ans après sa création, la Métropole du Grand Paris a entrepris de nombreuses actions. Patrick Ollier et ses dirigeants ne comptent pas s’arrêter là. Explications du président de la MGP.

Décideurs. Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat à la présidence de la Métropole du Grand Paris ?

Patrick Ollier. Pour créer de toutes pièces une intercommunalité de 7,2 millions d’habitants, il m’a paru indispensable de proposer, dans le cadre du fait majoritaire, une gouvernance partagée et efficace qui a été acceptée afin de mener à bien les projets de la Métropole du Grand Paris dans l’intérêt de tous. Ensemble, nous avons mis en œuvre une dynamique d’actions qui répond à plusieurs objectifs comme le rééquilibrage territorial, la lutte contre les nuisances et l’amélioration du cadre de vie, l’attractivité et le rayonnement, l’aménagement du territoire et la lutte contre la fracture numérique. Pour ce faire, le principal outil que nous avons établi est le Fonds d’investissement métropolitain (FIM), levier important de rééquilibrage territorial en faveur des communes de la Métropole. Depuis 2016, la Métropole du Grand Paris a ainsi contribué au financement de 605 projets et a investi 127 millions d’euros. À cela, nous pouvons ajouter le Fonds métropolitain d’innovation numérique (FMIN), le fonds « Grands projets structurants », le plan piscines, le dispositif « Centres-villes vivants », etc.

Qu’en est-il en matière d’urbanisme et d’immobilier ?

L’appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris », de par l’implication des maires, est une vraie réussite qui bénéficie à terme aux habitants. Plus grand concours européen d’architecture et d’urbanisme, il permet de donner une réalité à 77 projets innovants, dont certains sont entrés en phase opérationnelle dès 2019. Au total, ce sont près de 11 milliards d’euros d’investissements privés financés, 20 hectares d’espaces végétalisés aménagés et 18 000 logements construits. À terme, 80 500 emplois seront créés, dont 61 500 emplois pérennes. Plus que jamais, au fil des signatures des promesses de vente, des dépôts des permis de construire, des poses de premières pierres, le concours est dans sa phase opérationnelle et en cela, la Métropole participe directement à la relance économique du pays. À la demande des maires également, nous avons pris la maîtrise d’ouvrage de ZAC et opérations d’intérêt métropolitain, comme les opérations d’aménagement de Villeneuve-la-Garenne, de Noisy-Le- Grand, de Livry-Gargan et des ZAC des Docks à Saint-Ouen et la Plaine Saulnier à Saint-Denis où se trouvera le Centre aquatique olympique et son franchissement au-dessus de l’autoroute A1.

"La Métropole a signé un Aqua-prêt, le premier emprunt dédié à la lutte contre les inondation"

Quelles ont été les actions entreprises pour préserver l’environnement ?

En matière de transition écologique, nous avons mis en place progressivement la Zone à faibles émissions (ZFE) au 1er juillet 2019. Il s’agit d’une action stratégique du Plan climat air énergie métropolitain (PCAEM) qui concerne à ce jour 57 communes engagées sur les 79 situées à l’intérieur du périmètre de référence. Afin d’améliorer le cadre de vie de ses habitants, la Métropole met en oeuvre, par ailleurs, des actions pour le développement de l’économie circulaire, le déploiement des pass numériques, la lutte contre le bruit, le retour de la nature en ville, la préservation de la biodiversité, la résorption de l’habitat insalubre ou encore la rénovation énergétique. En matière de Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), notre montée en charge dans le cadre de cette compétence a permis de mobiliser un programme pluriannuel d’investissement de 108 millions d’euros sur la période 2019-2023. Il porte notamment sur le soutien du projet de casier pilote de La Bassée, la réouverture et la renaturation de cours d’eau et de rus, l’entretien de plus de 100 kilomètres de digues et murs anti-crue ou encore la désimperméabilisation des sols. En 2019, la Métropole a signé un Aqua-prêt, le premier emprunt dédié à la lutte contre les inondations, avec la Caisse des dépôts et consignations. D’un montant de 54 millions d’euros, cet accord est une nouvelle preuve de la confiance accordée à l’efficacité de l’action de la Métropole.

Comment la Métropole du Grand Paris va-t-elle accompagner la relance de l’économie française ?

Le 15 mai 2020, nous avons voté un plan de relance de 110 millions d’euros, décliné en 50 actions, qui concerne plusieurs domaines. Il ambitionne notamment, par des actions en soutien des communes, de revitaliser le tissu économique local, d’accélérer la transition écologique et de favoriser le développement des mobilités douces avec un plan vélo métropolitain de 10 millions d’euros. Par ailleurs, il soutient les secteurs de la construction et de l’habitat par un accompagnement des ménages et intègre également la lutte contre la facture numérique. La Métropole prend toute sa part à la relance économique, aussi, en accord avec le Premier ministre, nous allons coordonner et connecter notre plan de relance avec celui de l’État à 100 milliards d’euros. Par exemple, pour le programme « Centres-villes vivants », doté d’une nouvelle enveloppe de 10 millions d’euros. Comme pour la transition énergétique où nous souhaitons que les habitants bénéficient des aides de l’État en matière de rénovation thermique. Nous essayons également de finaliser notre plan vélo métropolitain avec l’aide des dispositifs gouvernementaux. Enfin, nous participons à hauteur de 14 millions d’euros sur 100 millions au Fonds Résilience Île-de- France pour soutenir dans cette période de crise, nos TPE et PME qui sont fortement impactées. En dehors des mesures de relance, nous avons, en mai, débloqué en urgence 15 millions d’euros en faveur des communes qui ont dû faire face à des dépenses exceptionnelles liées à la crise et 4 millions d’euros pour l’AP-HP, ainsi que 2 millions d’euros pour les autres structures de soin du périmètre métropolitain.

"J’appelle de mes voeux à un acte 2 de la métropolisation"

Comment comptez-vous consolider la résilience du territoire de la Métropole du Grand Paris ?

À travers ce plan de relance, la Métropole du Grand Paris joue pleinement son rôle d’opérateur de la transition écologique de l’économie métropolitaine vers des modes de production, de consommation et d’échanges, plus sobres, plus inclusifs et plus équilibrés. La Métropole du Grand Paris continue à s’engager fortement pour un territoire durable, équilibré et résilient. L’effet de levier métropolitain doit également s’accompagner d’un rapprochement vis-à-vis des habitants de la Métropole, directement concernés par nos politiques. En lien avec notre vice-président délégué aux Finances, Philippe Laurent, à qui j’ai également délégué « l’Information citoyenne », nous allons organiser, selon des modalités qui tiennent compte de l’état d’urgence sanitaire, une concertation avec les Métropolitains. C’est la première fois que nous mettons en place un tel dispositif, qui aura pour but de recueillir l’avis des citoyens sur l’ensemble de leurs sujets de préoccupation. Concernant la transition écologique, la Métropole du Grand Paris intensifie ses actions, comme en témoignent la mise en place progressive de la ZFE, « Métropolis », qui permettra d’installer 3 000 points de charge sur le périmètre de la Métropole, ainsi que le Plan de prévention du bruit dans l’environnement métropolitain (PPBE) qui permet de lutter contre les nuisances sonores en finançant des dispositifs de murs antibruit ou des enrobées phoniques.

Vous militez pour un renforcement de la MGP. Quelles décisions espérez-vous ?

Nous attendons les décisions du gouvernement quant à l’évolution institutionnelle en Île-de-France. Dans cette attente, la Métropole du Grand Paris est régie par les lois Maptam et NOTRe, contre lesquelles j’ai voté. J’appelle de mes voeux à un acte 2 de la métropolisation. D’ici-là, le gouvernement pourrait utilement préciser les compétences de la MGP sans toutefois procéder à un « Big Bang institutionnel ». Ainsi, je demande, par exemple, à ce que la Métropole du Grand Paris devienne une autorité organisatrice de la mobilité (AOM) de second rang. J’ose espérer que le projet de loi « 4D » permette de tenir ce débat.

Propos recueillis par François Perrigault

*Cette interview est extraite du guide Acteurs Publics

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