Après avoir géré l’urgence, la Compagnie Lebon commence à préparer l’après-confinement. Philippe Depoux, directeur général du groupe, revient sur les décisions qui ont été prises ces dernières semaines et partage ses réflexions avec Décideurs.

Décideurs. La solidarité est le leitmotiv des professionnels de la fabrique de la ville depuis le début du confinement. Comment cela se matérialise-t-il au sein de la Compagnie Lebon ?

Philippe Depoux. Elle se matérialise d’abord au niveau du dividende. Tenant compte du contexte exceptionnel actuel le conseil d’administration a décidé de proposer à la prochaine assemblée générale de ne pas distribuer de dividende pour l’exercice 2019. En parallèle, nous avons déployé des mesures sociales, facilitées par les dispositions exceptionnelles de l’Etat, comme le chômage partiel pour le personnel de nos établissements hôteliers et thermales afin de préserver l’emploi. Nous avons généralisé le télé-travail pour le reste des équipes afin de maintenir l’activité mais aussi de garder le lien et ainsi préserver l’âme de l’entreprise.

En externe, nous avons mis un de nos quatorze hôtels, situé à Paris rue du Faubourg Saint-Honoré, à disposition de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris. Nous recevrons les premiers personnels soignants dans les prochains jours et veillerons à limiter les contacts entre eux et nos collaborateurs au strict minimum. Nous avons également donné nos stocks de masques FFP2, disponibles dans nos Thermes de Brides-les-Bains, à l’hôpital de Moûtiers. Dans le cadre de notre activité immobilière, nous avons suspendu les loyers d’avril de nos quelques actifs qui génèrent des cash-flows et avons donné suite aux demandes de report des acteurs qui étaient en passe d’acquérir certains de nos immeubles. Enfin, en matière de private equity, nous sommes en contact régulier avec les dirigeants des entreprises dans lesquelles nous avons investi et nous leur proposons notre assistance dans la gestion de la crise.

Quels sont vos rapports avec vos créanciers ?

Outre le report de certaines charges fiscales et sociales dans le cadre des dispositions prévues par la loi, nous avons demandé à nos financeurs des délais dans le remboursement de certaines échéances. Ils nous ont écouté favorablement car ils ont reçu des préconisations des pouvoirs publics en ce sens, en raison de nos relations de confiance, et dans le cadre de la préparation de l’après-crise. Le véritable sujet portera probablement sur les encours futurs.

"Le fait de fonctionner sur quatre métiers complémentaires est certainement un amortisseur en cas de crise majeure"

Comment jugez-vous l’action du gouvernement dans cette situation de crise sanitaire ?

Je trouve le gouvernement présent, pédagogue et aussi transparent et agile que possible dans une telle situation. Je suis heureux de vivre en France où l’Etat prend en mains un certain nombre de sujet, ce qui nous offre plus de résilience par rapport à d’autres pays. 

Quelles sont vos propositions pour solutionner les problèmes liés à cette situation dans votre activité ?

Le fait de fonctionner sur quatre métiers complémentaires est certainement un amortisseur en cas de crise majeure. Après avoir mis en œuvre les dispositions nécessaires à la survie de la société lors des premières semaines, nous réfléchissons désormais aux moyens et actions qui nous permettront de rebondir une fois la crise sanitaire terminée. Dans notre métier d’exploitant, les clients de nos hôtels et de nos établissements thermaux constitueront la clé de la reprise. Nous devrons rapidement comprendre leurs nouvelles attentes et identifier les nouvelles segmentations pour calibrer notre offre de manière adaptée. Chacun devra mener ce travail d’introspection.

Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait faire évoluer à moyen terme votre stratégie et les grands principes de fonctionnement du secteur de l'immobilier ? 

Nous sommes passés très rapidement d’une période où l’économie fonctionnait bien à une phase où nous avons pris un coup de massue sur la tête. Pour penser à l’après, nous devrons réétudier en profondeur nos business models, notamment avec l’aide de regards extérieurs. Nous pourrons ainsi identifier les points de faiblesse et chercher des solutions. En immobilier, les réflexions autour de la centralité, de la mixité, des concepts communautaires et de la transformation des affectations en usages seront à creuser par exemple. En parallèle, nous devrons retenir les points positifs de cette crise sanitaire et économique. Le niveau de solidarité que nous connaissons actuellement en est incontestablement un et nous permettra d’améliorer le fonctionnement de nos métiers.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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