L'Organisation mondiale de la santé joue, depuis sa création, le rôle de chef de file en matière de prise de décisions sanitaires à l'échelle mondiale. Même si elle a rencontré de nombreux obstacles, son implication dans l’amélioration du système de santé publique a donné lieu à de belles victoires. Retour sur cinq success stories qui ont marqué son histoire.

1. Lutte contre le paludisme

Avec 219 millions de personnes malades et 435 000 décès en 2017, le paludisme demeure la parasitose, transmise par les moustiques, la plus importante à l’échelle mondiale. C’est en 1955, à Mexico, lors de la 8e Assemblée mondiale de la santé que l’OMS redéfinit ses objectifs et lance le programme mondial d'éradication du paludisme. À l'époque, la lutte contre le paludisme se traduit par l’assèchement des marais et la pulvérisation massive de DDT. Un programme discuté, qui, en plus de son coût de plus d’un milliard de dollars, ne sera pas sans conséquences environnementales. Si la partie n’est pas gagnée pour autant, la maladie, qui sévissait dans 90 pays, est éradiquée de la plupart des pays d’Europe, et d’une partie de l’Amérique Centrale et du Sud. À l’heure actuelle, 80 % des cas sont enregistrés dans quinze pays d’Afrique subsaharienne et en Inde. On estime que les efforts pour combattre et éliminer la maladie ont réduit les taux de mortalité de 45 % dans le monde et de 49 % en Afrique. Désormais, au niveau mondial, le plan stratégique vise à faire reculer la maladie dans les pays en développement par le biais de plans de prévention.

2. Éradication de la variole

En 1950, la variole, une affection contagieuse aiguë, fait encore deux millions de victimes dans le monde, notamment en Afrique et en Asie. Cette maladie, transmissible d’un individu à l’autre, présente, après différents symptômes, une éruption cutanée laissant des cicatrices caractéristiques sur le visage, les mains, les bras et le buste, et entraîne la mort dans trois cas sur dix.

L'OMS entreprend l'éradication de la variole et estime qu'un taux de vaccination de 80% est nécessaire pour y parvenir. Des années durant, le programme de vaccination porte ses fruits. Et le but est atteint en 1980, date à laquelle la variole est officiellement déclarée éradiquée par l'OMS.

3. Plan de lutte contre les maladies tropicales négligées  

Pas moins d’une douzaine de maladies tropicales, dites essentielles, sont concernées. Endémiques ou épidémiques, elles ont un impact très défavorable sur la vie des populations pauvres. Selon l'OMS, elles affecteraient une personne sur six à l’échelle mondiale incluant 875 millions d’enfants. Ces maladies tropicales sont aussi responsables de 500 000 décès chaque année dans de nombreux pays d'Afrique. L'onchocercose et le trachome comptent au nombre de ces maladies infectieuses, toutes deux entraînent une cécité visuelle.  L’Organisation a donc mis en place des stratégies qui visent à former le personnel médical, sensibiliser la population, approvisionner en équipements, distribuer des médicaments, dont l’Ivermectine contre l’onchocercose, et réaliser des suivis après les traitements. ONG et organisations humanitaires, à l'image d'Helen Keller International, ont suivi les recommandations de l'OMS et contribué à améliorer la situation sanitaire.

4. Baisse des prix des traitements contre l'hépatite C  

L'hépatite C, une maladie grave transmise par un virus, le VHC, se traduit par une inflammation chronique du foie évoluant, sans traitement, en cirrhose ou en cancer. Pourtant des médicaments antiviraux permettent de guérir plus de 95 % des personnes infectées par le virus de l’hépatite C. Selon l'OMS, plus de 80 % des personnes vivant avec l’hépatite C ne bénéficient pas de services de prévention, de dépistage et de traitement. La raison ? Leur coût exorbitant. En 2014, lorsque le Solvadi arrive sur le marché français, il est pris en charge par la sécurité sociale à partir de 2015 pour un montant pharamineux de plus de 40 000 euros par patient. Si l’introduction de versions génériques de ces médicaments a permis de revoir les prix à la baisse, l’OMS a appelé les pays à profiter des réductions récentes dans les coûts du diagnostic et du traitement pour faciliter l'accès aux soins des personnes malades. L'inde et le Pakistan ont d'ailleurs répondu à cet appel en délivrant des traitements gratuits ou à des prix extrêmement bas.

5. Programme stratégique d’élimination de la fièvre jaune

En 2016, la fièvre jaune, une maladie hémorragique virale aiguë transmise par des moustiques infectés, surgit en Angola et en République Démocratique du Congo et s'exporte au-delà des frontières notamment en Chine. Pourtant, la prévention de la fièvre jaune est possible grâce à un vaccin extrêmement efficace, sûr et peu coûteux. Une seule dose de celui-ci confère une immunité durable et protège à vie contre la maladie. L'OMS décide alors, en 2017, de mettre en place une stratégie d'élimination de l'épidémie de fièvre jaune avec le programme EYE pour « Eliminate Yellow fever Epidemics ». Les objectifs de cette stratégie : protéger les populations à risque grâce à des campagnes préventives de vaccination de masse et à des programmes de vaccination systématique. L'UNICEF, partenaire de la stratégie, fournit de son côté les vaccins. Quarante pays sont ainsi accompagnés avec un renforcement des règles sanitaires. Depuis, aucune épidémie de fièvre jaune n'a été signalée.

Annaëlle Ntsame

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