En dépit de la remontée des marchés actions au cours du premier trimestre 2019, les investisseurs sont restés prudents. Olivier Guigné, directeur des investissements de CNP Assurances, adopte, lui aussi, cette posture et exprime quelques réserves sur le potentiel de création de valeurs des marchés obligataires.

Décideurs. Après les fortes turbulences du dernier trimestre 2018, les marchés financiers ont repris des couleurs en ce début d’année. Malgré cela, certains investisseurs demeurent très prudents. Comment vous positionnez-vous dans cet environnement ?

Olivier Guigné. Nous avons adopté une approche relativement prudente sur la gamme actions et développé une stratégie sur la base d’actions protégées, c’est-à-dire des achats d’actions couvertes par des options, en direct ou via des fonds. Ce positionnement nous permet d’avoir un profil de gain asymétrique : en contrepartie d’une couverture sur la baisse, nous acceptons de renoncer à une partie de la hausse. Le rôle d’amortisseur de ces options a bien fonctionné lors de la phase de baisse et nous avons aussi pu bénéficier d’une partie de la hausse au cours du premier trimestre. La période actuelle est propice à cette stratégie. Actuellement, l’évolution des marchés actions est étroitement liée à l’environnement de taux. Les messages accommodants des banques centrales ont permis aux indices boursiers de se reprendre, en dépit de potentielles difficultés à venir sur le plan économique et d’un resserrement de la politique monétaire.

L’apaisement des tensions commerciales sino-américaines peut-il envoyer un signal positif durable aux marchés ?

Désormais l’accord sino-américain est largement intégré par les marchés. Mais un tel accord pourrait-il se prolonger sur le long terme ? Il faut probablement pour cela garder à l’esprit le calendrier électoral américain. Dans ce cadre les investisseurs devraient avoir davantage de certitudes sur la stratégie sino-américaine. La résolution des désaccords commerciaux entre la Chine et les États-Unis pourrait par ailleurs déboucher sur une révision des accords commerciaux des USA avec l’Europe. La stratégie de l’administration américaine vis-à-vis de l’Europe soulevant à ce stade des interrogations.

"La stratégie de l’administration américaine vis-à-vis de l’Europe soulève à ce stade des interrogations"

La pente de la courbe des taux américains s’est récemment inversée. Faut-il anticiper un renversement du cycle macroéconomique aux États-Unis ?

En général, il se dit que la récession peut intervenir dans les dix-huit à vingt-quatre mois après l’inversion de courbe des taux. Je n’aurai pas de certitudes là-dessus. Nous sommes dans un cycle économique exceptionnellement long, lequel peut se retourner. Mais cet environnement est aussi un peu exceptionnel. Les politiques monétaires vont contribuer au maintien du niveau d’activité. Nous avons peut-être troqué un cycle économique rapide et court pour un cycle plus long et dont la montée est douce. Il est donc possible d’imaginer que le cycle perdure encore plusieurs années.

Quels sont vos choix d’investissement sur les marchés actions ? Privilégiez-vous certaines zones géographiques ou secteurs d’activité ?

En raison des dispositions réglementaires comme Solvabilité II, la consommation de capital pour les assureurs est plus favorable aux actions européennes qu’américaines. Nous sommes donc très ancrés sur la zone euro. Nous pensons également que les corrélations restent fortes entre les zones géographiques. Nous demandons aux asset managers avec lesquels nous travaillons de rester sensibles à certaines thématiques, notamment l’Investissement socialement responsable (ISR) et la transition énergétique. Nos portefeuilles de référence ont pour objectif de surpondérer les actions les mieux notées en termes de critères ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance) et celles les plus avancées sur la contribution à la transition énergétique.

"Nous sommes assez prudents sur le crédit"

La FED a récemment stoppé le processus de normalisation de sa politique monétaire. La BCE maintient sa politique accommodante. Ces décisions sont favorables à un environnement de taux bas. Comment créer de la valeur sur les marchés obligataires ?

Globalement, nous sommes assez prudents sur le crédit et la création de valeur potentielle compte tenu à la fois du niveau des taux et des spreads. Sur le segment des obligations corporate, nous avons atteint un seuil plancher en-dessous duquel il semble difficile de créer encore de la valeur. En tant qu’assureur, nous sommes investis via des mandats dans une optique de buy & hold. Les fonds obligataires seraient, à mon sens, les premiers à subir des variations de marché. 

Quelles sont vos politiques d’investissement concernant le private equity et l’immobilier ?

Nous investissons régulièrement dans des fonds de capital-investissement. C’est une classe d’actifs sur laquelle nous abondons régulièrement chaque année et qui continue de délivrer d’excellents rendements. En matière d’immobilier, nous investissons en direct via des mandats. Plus prudents, nous préférons nous concentrer sur des actifs de très bonne qualité.

Propos recueillis par Aurélien Florin

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