Le négociant en cacao bordelais, Touton, a inscrit la durabilité au sein de son business model. Olivier Lieutard, son directeur général délégué, revient pour Décideurs sur les engagements du groupe à l’égard des parties prenantes, planteurs, pays producteurs et collaborateurs.

Décideurs. Aujourd’hui, Touton c’est quoi ? 

Olivier Lieutard. Installé à Bordeaux depuis sa création en 1848, le groupe figure parmi les principaux négociants mondiaux de denrées agricoles tropicales. Chaque jour, nos "traders" dont le métier n’a pas grande chose à voir avec ceux de Wall Street, s’efforcent de vendre au mieux trois grands types de produits : le cacao, le café, les ingrédients naturels et les épices dont la vanille. Du fait d’une telle diversité de ses activités, et grâce à son réseau de filiales exportatrices implantées dans les pays d’origine, Touton a désormais une présence sur quatre continents et emploie un peu moins de 1 000 collaborateurs à travers le monde. 

Justement quels profils recherchez-vous ?

Le plus gros de notre métier repose sur l’humain. De par sa nature, notre business model nous conduit à être sur le marché toujours au moment le plus complexe. Nous répondons présent même quand un producteur veut vendre mais que personne ne souhaite acheter et inversement. Lorsque le marché ne fait pas l’ajustement seul, nous assurons le trait d’union entre les parties prenantes. Sans intervention humaine tout s’effondre. Notre activité dépend de la capacité de nos collaborateurs à convaincre et à gagner la confiance des vendeurs et des acheteurs. Ce qui suppose de la patience, de l’humilité et du respect. Aussi, sommes-nous attentifs à des soft skills comme l’écoute ou la curiosité. Nous recrutons des candidats désireux de comprendre et d’apprendre et fuyons ceux qui renvoient l’impression de vouloir imposer leurs points de vue ou manières de faire. En réalité, rien ne prédispose à notre métier, si ce n’est un goût pour l’aventure. Et l’esprit aventurier, cela ne s’apprend pas en un jour ! 

"Nous ne sommes pas là pour remplir nos filiales de jeunes expatriés"

Comment parvenez-vous à palier un tel manque ?

Nous misons beaucoup sur la formation interne. Un parcours proposé à l’ensemble des collaborateurs leur permet de disposer d’un socle commun de connaissances sur ce que sont les grandes fonctions et les activités de l’entreprise. À cela, s’ajoute des formations ciblées selon les métiers. Celles-ci s’inscrivent dans un temps plus long. On estime, en effet, qu’il faut en moyenne 5 à 6 ans pour former un trader sur nos produits. Mais, nous comptons aussi sur les jeunes pour se porter volontaires à l’expatriation. C’est en immersion, sur le terrain, qu’ils apprennent le mieux et le plus vite.

Mais comment les retenir ?

L’expérience à l’international représente une véritable opportunité puisque les collaborateurs sont amenés à assumer des responsabilités plus grandes que s’ils restaient au siège. Mais, nous ne sommes pas là pour remplir nos filiales de jeunes expatriés ! Quand ils reviennent, ils ne sont pas dépaysés puisqu’ils retrouvent dans les équipes la même diversité culturelle. L’inverse est aussi vrai puisque nous accueillons au siège des talents issus des pays producteurs où sont implantées nos filiales. Les collaborateurs restent aussi parce qu’ils se reconnaissent dans l’esprit entrepreneurial qui caractérise le groupe. Dans notre métier, il n’y a pas de place acquise ni de parts de marché qui nous soient réservées. Aucun contrat cadre ne nous lie à un fournisseur ou à un client pour les cinq ou dix prochaines années. Chaque matin, il faut donc se remettre à l’ouvrage, challenger le statu quo et innover. 

"La durabilité est une composante essentielle de notre métier"

Les parties prenantes figurent au centre de votre « philosophie ». Concrètement, comment tenir compte des attentes de celles-ci ?

Au cours des trente dernières années, le secteur a connu une très forte concentration du marché qui n’a pas été sans affecter nos chaînes d’approvisionnement. Nous nous sommes dès lors, et à un moment où il y avait encore peu de demande, engagés sur le chemin d’une plus grande durabilité de ces chaînes d’approvisionnement. À ce titre, nous travaillons beaucoup avec les communautés de planteurs, leurs familles ainsi qu’avec les autorités locales et étatiques pour développer des programmes qui s’affrontent à la question de la déforestation ou au travail des enfants. La durabilité est une composante essentielle de notre métier si bien, qu’au-delà de nos engagements vis-à-vis des principes du Global Compact liés aux objectifs de développement des Nations Unies, nous disposons désormais d’un département spécialement dédié à cette question. Notre ambition c’est de parvenir à une forme de standardisation. Et tant que l’on aura besoin d’organiser des sommets ou d’imaginer des dispositifs de bonus/malus c’est que l’on n’aura toujours pas touché au but. Cela prendra du temps. Mais les choses bougent et dans la tête des consommateurs et dans les comportements des acteurs de la filière.

Propos recueillis par Marianne Fougère

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