Dédiée à la transformation de bureaux en logements, la nouvelle mouture de l’appel à projets urbains innovants Réinventer Paris se distingue également par l’accompagnement proposé par la municipalité aux propriétaires et futurs acquéreurs ainsi que par son caractère continu. Explications.

Après une première édition qui avait rassemblé 23 sites aux caractéristiques diversifiées et une deuxième qui faisait la part belle aux sous-sols, Réinventer Paris 3 se concentrera sur la transformation de bureaux en logements. "Ces opérations permettent d’apporter de la mixité d’usage dans les arrondissements où les bureaux sont nombreux et contribuent au rééquilibrage territorial dans Paris et entre Paris et les territoires de la Métropole, justifie Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo en charge de l’urbanisme et de l’architecture. En outre, la crise sanitaire que nous vivons devrait entraîner une progression de la vacance dans le parc de bureaux à Paris, tant à court terme en raison du ralentissement économique qu’à moyen terme avec la mutation attendue des habitudes de travail. De plus en plus de propriétaires de ces immeubles vont donc envisager des opérations de conversion." 

Ian Brossat, adjoint de la maire de Paris en charge du logement, ajoute : "Transformer des bureaux en logements permet de développer des produits de tous types, notamment abordables et sociaux, plus massivement et contribuent ainsi à l’atteinte de nos objectifs pour répondre à la demande de logements à Paris. Ces opérations sont aussi l’occasion de créer des habitations supplémentaires sans densifier davantage, ce qui est vertueux sur le plan environnemental et occasionne moins de recours contre les projets." Le C40, réseau mondial des villes luttant contre le changement climatique, soutient d’ailleurs cette nouvelle édition de l’appel à projets urbains innovants.

Les spécificités de Réinventer Paris 3

Concrètement, la Ville de Paris se pose en facilitateur des opérations avec la mise en place d’une ingénierie technique au sein des directions de l’urbanisme et du logement, en lien avec la préfecture de Région, pour accélérer l’instruction, les études de faisabilité et le calendrier des projets. "Chaque projet fera l’objet d’un cahier des charges spécifiques avec un calendrier et une méthode sur-mesure, détaille Emmanuel Grégoire. Les candidats à l’acquisition devront fournir une programmation prévisionnelle et un prix. Un jury ad hoc comprenant des représentants du propriétaire dans une proportion majoritaire, des représentants de la Ville et des experts de l’architecture et de l’urbanisme sera constitué pour étudier les offres et choisir la proposition retenue. Le vendeur étant majoritaire, il restera souverain." Autre spécificité, les projets seront proposés au fil de l’eau, ce Réinventer Paris 3 n’étant pas un "one-shot".

Une première vague de six sites

Le 19 rue des Bernardins dans le 5e arrondissement (site universitaire de 900 m² appartenant à la Ville de Paris), le siège historique de l’APHP développant 25 000 m² avenue Victoria dans le 4e arrondissement, l’ancien centre de distribution électrique situé au 6 rue d’Aboukir dans le 2e arrondissement, l’ancien garage automobile Citroën au 62 avenue de la République dans le 11e arrondissement, le garage Renault au 29 quai de Grenelle dans le 15e arrondissement et le célèbre Tati Barbès au 4 boulevard de Rochechouart dans le 18e arrondissement sont les sites proposés dans le cadre de la première vague de Réinventer Paris 3. Ils totalisent près de 55 000 m² à eux six. "Le potentiel à construire est même beaucoup plus important, ajoute Emmanuel Grégoire. Nous aurons plus de visibilité une fois que les lauréats auront été désignés."

Des objectifs élevés

"Entre 2001 et 2014, 378 000 m² de bureaux ont été transformés en logements puis 350 000 m² entre 2014 et 2020, rappelle pour sa part Ian Brossat. Nous sommes convaincus que nous pouvons faire encore plus dans le cadre de la nouvelle mandature." Si l’adjoint en charge du logement se refuse à évoquer des chiffres, soulignant notamment que la collectivité a largement dépassé son objectif initial de 250 000 m² de bureaux transformés en logements entre 2014 et 2020, Emmanuel Grégoire rêve d’en convertir plus de 700 000 m² dans les années à venir. Plus modeste que ces prédécesseurs dans sa version initiale, Réinventer Paris 3 pourrait toutefois marquer lui aussi l’histoire urbaine de la capitale hexagonale.

François Perrigault

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