La néobanque française Qonto lève 104 millions d’euros auprès de Tencent et DST Capital. Un record sur ce segment de marché. Focus sur une opération qui révèle l’attractivité de la fintech hexagonale et européenne.

Qonto vient de lever 104 millions d’euros en série C, du jamais vu dans la fintech française. Avec cette opération, le groupe totalise 136 millions d’euros d’augmentation de capital depuis sa création en 2016. La néobanque propose des moyens de paiements et des outils de gestion comptable aux entreprises. Spécialisé sur le segment des PME, Qonto dénombre aujourd’hui 65 000 comptes professionnels. Cette nouvelle levée de fonds devrait permettre à la banque en ligne de se lancer en Italie, en Allemagne et en Espagne et ainsi de doubler le nombre de ses comptes et de passer de 200 à 300 employés en 2020. Les sommes amassées doivent aussi permettre à Qonto d’obtenir l’agrément du régulateur bancaire, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Un aval qui permettrait à l’entreprise de devenir un véritable établissement de crédit.

Après avoir participé à la levée de fonds clôturée mercredi 15 janvier par Lydia, le groupe chinois Tencent entre aujourd’hui au capital de Qonto, aux côtés de DST Capital, un fonds russe par ailleurs investi dans de nombreuses entreprises de la tech comme Facebook, Twitter, Airbnb, Alibaba, Wish, Whatsapp,… La fintech européenne est une des cibles privilégiées des investisseurs internationaux, en particulier chinois, car avec la dégradation des relations avec les États-Unis, ceux-ci se tournent vers l’Europe.

Ces investissements représentent, pour Tencent, une opportunité de transfert de technologies, mais aussi un moyen de proposer leurs propres solutions de paiement à leurs clients chinois en voyage en Europe. En effet avec WeChat Pay, la société dispose du moyen de paiement le plus utilisé dans le monde avec au moins 800 millions d’utilisateurs, mais ces derniers ne peuvent pas s’en servir en dehors du territoire chinois. Pour pallier cette faiblesse, Tencent a pris l’habitude de racheter d’autres applications, leur offrant, entre autres, l’accès à différents moyens de paiement sans avoir à sortir de WeChat. Le groupe chinois semble ainsi utiliser ses énormes moyens financiers pour investir massivement dans les start-up étrangères et y puiser des synergies a posteriori. Depuis cinq ans, Tencent a réalisé 27 prises de participation dans le secteur des services financiers, contre « seulement » 15 pour les GAFA. D’ailleurs, pour améliorer son offre de contenus aux utilisateurs de la plateforme, le groupe chinois n’hésite pas à multiplier les investissements dans d’autres secteurs allant des jeux vidéo à la musique. Par exemple, en décembre dernier, Tencent a racheté 10 % des parts d’Universal Music Group, leader mondial de la musique, jusqu’ici détenu par le français Vivendi.

Baptiste Delcambre

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