TENDANCE. Écolos, solidaires, démocratiques, pacifistes… Non seulement les vertus du modèle scandinave ne sont plus à démontrer mais elles ne cessent de s’imposer dans un nombre croissant d’univers. Retour sur ces sociétés modèles et sur les ingrédients de leur attractivité.

Que les pays du Nord soient régulièrement cités en exemple pour le dynamisme de leur démocratie et la transparence de leur vie politique, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est davantage, c’est qu’ils le soient également pour leur modèle éducatif – positif et bienveillant, idéal pour inculquer le respect de l’autre et l’empathie –, pour leur sens de la déco et du design – pas une enseigne qui, aujourd’hui, ne surfe sur la tendance nordique à grands renforts de lignes épurées, de bois blond et de pastels soft –, pour leur art culinaire – qui cultive le cru, le sain, le local…– et même, depuis la déferlante de polars venus du nord et signés Camilla Läckberg, Stieg Larson ou Jo Nesbø, leur littérature.

À croire que l’ensemble de la société scandinave a désormais valeur de modèle ; ce que vient d’ailleurs de confirmer le « World Happiness Report 2017 » des Nations unies – qui repose sur des critères tels que l’espérance de vie et les revenus mais aussi l’épanouissement personnel et la bonne gouvernance… - et qui, une fois de plus, place les démocraties du nord dans son top ten des pays les plus heureux : aux 1er et 2ᵉ rangs pour la Norvège et pour le Danemark, au 9ᵉ pour la Suède. Rien d’étonnant à ce que la France, du fond de sa 31ᵉ position, y voie un exemple à suivre. Surtout par les temps qui courent.

Culture antidote

Pour Cécilia Tassin, directrice associée en charge de la stratégie chez Blackandgold, cet art de vivre puise ses racines dans un rapport à la nature très particulier. À la fois défensif et fusionnel. « La culture scandinave s’est construite sur des contraintes naturelles, explique-t-elle. Le fait qu’il s’agisse  d’un petit pays où le froid et l’obscurité sont omniprésents a fait émerger un mode de vie protecteur, rassurant, fondé sur la proximité, la solidarité, le lien avec les autres … ».

« En Scandinavie, on appréhende les difficultés du réel comme les contraintes de la nature : on fait avec »

Une culture du « cocon », qui s’exporte depuis plusieurs années sous la forme du « hygge » (prononcez « hue-gueu ») : une recette du bonheur fondée sur le bien-être individuel et collectif qui, pour Cécilia Tassin, illustre parfaitement la « réaction » d’un peuple face à la rudesse de son environnement, sa « propension à développer des valeurs antidotes de réassurance et de reconnexion avec soi et les autres pour contrebalancer un contexte naturellement anxiogène ».

Réconciliation générale

Contexte qui nous était originellement étranger et dont nous découvrons les effets depuis que les questions de chômage, de risque terroriste et de dislocation du vivre-ensemble ont envahi notre quotidien. Face à ces menaces, le modèle scandinave, naturellement porté sur le lien et capable de réconcilier citoyens, politiques et respect de l’environnement, a de quoi faire rêver… « Il y a aujourd’hui dans nos sociétés une réelle volonté de réconciliation générale, souligne Cécilia Tassin. Le modèle scandinave reposant sur le fait d’être " ensembleʺ  et fonctionnant sur le consensus et le dialogue, répond à cette attente. »  Raison pour laquelle il séduit autant.

Maturité sociétale

Autre point fort de cette culture en phase avec nos attentes du moment : la lucidité. Ou plus exactement le rejet de toute forme de déni collectif pour une approche frontale de la réalité qui, pour Cécilia Tassin, s’assimile à une forme de maturité sociétale. « En Scandinavie, on appréhende les difficultés du réel comme les contraintes de la nature : on ne les nie pas, on fait avec. On les regarde en face pour les accueillir et y trouver des solutions ». Particulièrement inspirant à l’heure où, en France, les utopies ont clairement cessé de faire recette. Où les formules miracles – qu’elles émanent des extrêmes ou du PS - sont rejetées au profit d’un regard lucide porté sur le présent. Preuve, estime Cécilia Tassin, que nous sortons du déni pour entrer, à notre tour, « dans une ère de la responsabilité ». Ouf.

Caroline Castets

@CaroCastets1 

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