Alors que chacun s’interroge sur les conséquences de la crise sanitaire et du confinement sur la fabrique de la ville, Nathalie Charles, présidente d’ULI France et global head of investment management de BNP Paribas Real Estate, livre ses premières réflexions à Décideurs.

Décideurs. Quels premiers enseignements tirez-vous de la crise sanitaire et du confinement ?

Nathalie Charles. La fabrique de la ville est à l’arrêt de façon assez forte du fait de la problématique liée au processus d’instruction des autorisations administratives et des chantiers qui ont été arrêtés pendant plusieurs semaines. Cet énorme coup d’arrêt vient s’ajouter à l’impact des élections municipales, période pendant laquelle les démarches administratives avancent plus lentement qu’en cours de mandat. Le redémarrage de l’activité est quant à lui progressif à cause de la crise sanitaire. C’est valable en France mais aussi dans les autres pays où l’association ULI est active, à l’exception de l’Allemagne où les chantiers ne se sont pas arrêtés. Il est donc trop tôt pour tirer des enseignements sur l’impact de la crise sanitaire et du confinement au niveau de la fabrique de la ville.

Quel pourrait être le rôle de la fabrique de la ville dans la relance économique ? 

L’ensemble de notre secteur a un poids important dans l’économie. Il sera donc important dans la relance, d’autant qu’il répond à des besoins essentiels. Des fondamentaux comme la mixité vont sortir renforcés de cette crise sanitaire. Pendant le confinement, la taille des logements et la distance entre les commerces et les lieux de vie ont remis en exergue les inégalités sociales. Nous devrons en tenir compte pour adapter et penser la ville de demain. ULI étant une association qui rassemble des acteurs du public et du privé pour partager leurs expériences, nous contribuons à la réflexion sur ces questions.

Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait-elle faire évoluer à moyen terme les grands principes de fonctionnement de la fabrique de la ville selon vous ?

Nous avons besoin de simplification et d’agilité pour pouvoir améliorer notre capacité d’adaptation. Par ailleurs, le dialogue entre les différentes strates de la ville, de l’agglomération à l’immeuble, doit être renforcé car c’est le meilleur moyen de résoudre les problématiques actuelles et celles de demain. N’oublions pas enfin que nous devons faire avec le bâti existant. Nous devons coupler les idées innovantes avec la capacité de réalisation pour atteindre nos objectifs. Cela prendra naturellement du temps.

Concernant des sujets comme le télétravail, nous ne disposons pas encore d’arguments étayés pour savoir si cette pratique se diffusera massivement et durablement ou si son utilisation généralisée pendant le confinement restera un épiphénomène. Il est donc difficile de mesurer l’impact qu’elle pourrait avoir sur l’urbanisme, la mixité, les quartiers d’affaires… Quant aux conséquences sur la métropolisation, de nombreuses tendances contradictoires sont à l’œuvre actuellement. Impossible de savoir pour le moment celle qui prendra le pas sur les autres. Seule certitude, la poussée viendra des nouvelles générations comme cela a toujours été le cas. Et n’oublions pas que l’homme est un animal sociable. Il n’est pas fait pour vivre en ermite durablement. Le besoin d’avoir une ville qui se développe va donc perdurer.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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