La société d’investissement américaine fondée en 1998 par Georges Muzinich présente une photographie contrastée des dernières tendances qui ont remué l’univers de la dette d’entreprise. Entre danger et opportunité, les équipes de la société d’investissement donne une grille de lecture pour pouvoir naviguer à horizon dégagé.

Les incertitudes outre-Atlantique

Les bons du trésor ont bénéficié d’un flight to quality conduisant à leur surperformance. Cela contraste avec les moins bonnes performances des obligations. Selon les observateurs de Muzinich & Co, ce sont bien les actifs à duration plus longue qui ont profité de la configuration macroéconomique. Ainsi, les bons du trésor comme les obligations classées investment grade ont surperformé le high yield. En effet, les actifs risqués sont impactés par la perspective d’une politique de la Fed qui s’annonce moins accommodante et d’une guerre commerciale américano-chinoise dont l’issue paraît bien incertaine. On notera par ailleurs que le secteur des technologies a été touché par le scandale adossé à Facebook et les tweets de Donald Trump à l’encontre d’Amazon. Enfin, le marché du crédit semble être intéressant dans la mesure où le re-pricing des loans encouragent les investisseurs à négocier des emprunts à de meilleurs taux. Néanmoins, cet intérêt retrouvé a eu pour issue une légère hausse des prix, conséquence de l’augmentation de la demande, ce qui indique que les investisseurs semblent comprendre les fondamentaux des émetteurs. De plus, la maison a constaté « une augmentation des émissions de CLO, ce qui renforce le contexte technique ».

L’Europe craint la volatilité

Les marchés européens du crédit ont été globalement bons au mois de mars, mais connaissent une tendance baissière ces derniers jours, notamment du fait du retour de la volatilité en fin de trimestre. Toutefois, les équipes de Muzinich relèvent une information intéressante, et non des moindres : «le crédit européen a surperformé le crédit américain au cours du mois et du trimestre, la Réserve fédérale américaine ayant entamé une trajectoire de hausse des taux plus agressive. » Les valeurs investment grade profitent de la politique accommodante de la BCE, qui a annoncé maintenir les taux au moins jusqu’à la fin de l’année. Cependant, le high yield a souffert de la volatilité liée aux « tarifs douaniers américains récemment annoncés sur les métaux qui ont créé des préoccupations de guerre commerciale mondiale ». En outre, le secteur des technologies s’est crispé sous le coup d’une éventuelle recrudescence d’intensité réglementaire amenée par les États-Unis.

Des marchés émergents à suivre

L’Asie sous-performe légèrement du fait de l’offre abondante et les tensions commerciales engendrées par la présidence américaine. L’Amérique latine a tiré profit d’un important désendettement, conséquence de nombreuses adjudications obligataires. Les secteurs ayant tiré l’activité sur le mois de mars ont été les télécommunications, la technologie et les infrastructures. Les mauvais élèves se trouvent être les secteurs du papier et de la consommation. La réélection de Vladimir Poutine a été concomitante avec une baisse des taux de 25 points de base décidée par la Banque centrale de Russie.

Yacine Kadri

 

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