En France, la levée de l’année est à mettre au crédit de Meero qui souhaite « disrupter la photographie ». Un pari audacieux en passe d’être gagné.

Coup de tonnerre dans le petit milieu de la French Tech. Le 19 juin 2019, Meero annonce une levée de 230 millions de dollars soit 205 millions d’euros. Dans l’Hexagone, seul le concepteur de drones Parrot avec 300 millions d’euros en 2015 et l’hébergeur OVH, 250 millions un an plus tard, font mieux. Cette opération permet à la start-up fondée par Thomas Rebaud en 2014 de devenir la sixième licorne française. Cocorico.

Pour mener à bien l’opération, les fonds Eurazeo Growth, Prime Ventures ou Avenir Growth se sont joints aux investisseurs historiques que sont Global Founders Capital, Aglaé Ventures, Alven, White Star Capital et Indivest. La recette miracle de la jeune pousse pour attirer les capitaux ? La photo.

Photographes amateurs et multinationales

Plus précisément, Meero souhaite révolutionner la photographie en déchargeant professionnels et amateurs de toutes les tâches laborieuses et chronophages que sont la retouche ou la post-production. Au-delà de la seule technique, la société parisienne accompagne ses clients via des offres de formation et de networking mais aussi des outils de comptabilité, de CRM ou de marketing.

Un choix judicieux puisque, à l’heure du e-commerce et de la marque employeur, les entreprises ont besoin de mettre en valeur leurs produits et leurs locaux pour attirer les consommateurs et les collaborateurs. Et la force de frappe de Meero est telle qu’elle permet de produire un important volume d’image, à des prix plus attractifs que les photographes indépendants ou les agences de communication, plus que jamais menacés de disruption. Avec un tel positionnement, Meero attire de grands comptes tels que Booking, Expedia, Deliveroo, L’Oreal et Louis Vuitton. Le groupe qui revendique 31 000 clients se rémunère en prélevant une commission sur les missions des photographes ; un modèle qui rappelle les relations entre Uber et ses chauffeurs. Afin d’augmenter ses revenus, le groupe envisage de rendre payante les prestations telles que les devis et les factures des photographes, qui, selon la direction de Meero, seront gagnants au vu du nombre de missions que la néo-licorne rapporte aux freelances.

Tuer le match

Pour le moment, Meero n’est pas encore rentable. Ce qui ne pose pas de problème aux fonds et au fondateur pour qui la photographie professionnelle est un « marché à 80 milliards de dollars ». Sans aucun acteur de taille mondiale présent. Un territoire vierge qui ne demande qu’à être investi à condition de sortir le carnet de chèques : « le fait d’aller vite limite le risque de voir les concurrents se lancer. » Meero tire en partie sa force de l’IA pour assurer la post-production des images. La levée permettra de garder cette avance technologique en faisant passer de 90 à 300 l’équipe tech.

Continuer son hyper-croissance et devenir à moyen terme le leader intouchable du secteur passe par une présence sur tous les continents, ce qui est déjà en partie le cas puisque 5 bureaux sont dispersés dans le monde. D’ici à la fin 2019, le groupe devrait employer 1 200 collaborateurs, sans compter les 60 000 photographes freelances inscrits sur la plateforme.

Lucas Jakubowicz

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