Depuis que Marry Barra a pris les rênes de General Motors (GM) en 2013, elle en a fait un fabricant leader sur le marché. GM est considéré comme innovant, puissant et prospère - et le cours de son action a évolué en conséquence.

Née la veille de Noël 1961 dans le Michigan de parents d’origine finlandaise, Mary Barra commence à travailler pour General Motors à 18 ans en tant que stagiaire, alliant ainsi études et expérience professionnelle. Fille d’un employé de longue date chez Motor City, elle obtient une licence en génie électrique à l’Institut General Motors (devenu aujourd’hui l’Université Kettering, mais il s’agit toujours d’un institut d’enseignement coopératif) ; elle travaille alors dans une carrosserie où elle répare les capots et les pare-chocs pour pouvoir financer ses études. Après trois ans en tant qu’ingénieur en chef chez GM, elle part étudier à Stanford, où elle obtient un MBA en 1990.

De retour chez GM, elle entame alors une ascension longue et continue au sein de l’entreprise. En six ans, elle devient l’assistante exécutive du président et du vice-président de l’entreprise ; passant désormais plus de temps avec les cadres qu’avec les ingénieurs, elle affiche déjà son ambition d’occuper un jour un poste de haut niveau. Sachant que sa crédibilité serait renforcée par sa double expertise en gestion et en ingénierie, elle décide d’agir en conséquence. En 2003, elle dirige l’usine d’assemblage de Detroit/Hamtramck. Un an plus tard, elle devient directrice exécutive de la division Ingénierie de fabrication automobile. Elle y restera plus de temps - quatre ans - qu’elle n’était jamais restée sur un même poste auparavant.

En 2008, alors que Mary Barra était vice-présidente de la division Ingénierie de fabrication mondiale, il est devenu évident que General Motors était dans une situation difficile. Trois ans plus tôt, l’entreprise avait déjà dû prendre des mesures de restructuration après une perte de 10,6 milliards de dollars, mais sans parvenir à inverser la tendance : en 2007, GM a enregistré une perte de 39 milliards de dollars, la plus importante jamais essuyée par une entreprise automobile. En 2009, au plus fort de la crise financière, elle n’avait guère d’autre choix que de déposer le bilan.

"Rat d’atelier"

C’est à cette époque que Mary Barra a relancé sa division, devenant vice-présidente des ressources humaines. Tout haut responsable des ressources humaines qui saurait naviguer habilement dans ces eaux troubles serait certainement bien vu. Mary Barra n’était pas une cadre ordinaire des RH : en tant qu’ancien "rat d’atelier", elle connaissait les rouages de l’entreprise sur le bout des doigts et pouvait prendre des décisions difficiles avec acuité. Elle a ensuite aidé l’entreprise à repenser les questions liées à la rémunération, aux avantages sociaux, aux soins de santé et au développement du leadership. Elle a également apporté un petit changement illustrant parfaitement son approche pragmatique de la gestion des affaires, en remplaçant le code vestimentaire de dix pages de GM par un énoncé de trois mots : "Habillez-vous correctement".

Mary Barra a travaillé dans le développement de produits pendant trois ans avant de prendre la tête de l’entreprise en 2014, devenant ainsi le premier PDG de GM en 60 ans à ne pas être issu du service des finances. Mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle soit à nouveau mise au défi : quelques mois après sa nomination, on a découvert que des contacteurs d’allumage défectueux depuis longtemps avaient causé 124 décès et 275 blessures, donnant lieu au rappel de 2,6 millions de voitures et au versement d’un dédommagement de plus de 2 milliards de dollars. C’était autant un problème de culture que de produit : GM était au courant de la pièce défectueuse depuis 2003. Quelle a été la réaction de Mary Barra ? Mener une enquête interne qui a conduit à 15 licenciements, et veiller à ce que les employés signalent les problèmes. "Je ne veux pas tourner la page", a-t-elle déclaré à l’entreprise. "Je veux que cet épisode... reste gravé dans notre mémoire collective."

La progression de la rentabilité de GM, après sa faillite, a commencé en 2010 quand l’entreprise a été introduite au NYSE, levant plus de 20 milliards de dollars. En 2017, avec la Chevy Bolt EV, GM a battu Tesla à plate couture en dévoilant la première voiture électrique abordable avec une autonomie de 200 miles. L’entreprise a également investi massivement dans le covoiturage avec App Lyft, et est aujourd’hui un leader dans le développement de voitures autonomes. Grâce à la direction pragmatique, efficace, souple mais consciencieuse de Mary Barra, GM est prêt à se remettre en selle après la crise du coronavirus.

Arjun Sajip

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