Elle aurait pu rester au chaud Place Beauvau, elle a choisi de descendre dans l’arène. La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté conduit la liste LREM à Paris. Elle revient sur les grands axes de son programme.

Décideurs. Depuis le début de la campagne, vous affirmez que Laurent Saint-Martin sera la surprise du scrutin. Pourquoi ?

 Marlène Schiappa. Pour le moment, soyons clairs, nous sommes dans une position de challenger. La configuration est similaire à 2017 : aucun sondage ne nous donnait gagnant et nous avons fait mentir toutes les prédictions. Sur le terrain, je retrouve certaines similitudes avec la dernière présidentielle, notamment un très bon accueil des citoyens et une forte mobilisation des marcheurs. Ce sont des signaux faibles encourageants.

Paris était macroniste à la présidentielle et aux européennes, moins aux municipales. Quel est l’ADN politique de la capitale ?

La ville est clairement macroniste et les dernières municipales ont surtout pris la forme d’un référendum pour ou contre Anne Hidalgo. Certes elle a été réélue, mais avec moins de voix qu’en 2014 et doit sa victoire à une opposition divisée. Paris est une ville jeune, tolérante, innovante, ouverte sur le monde, audacieuse et notre liste est conforme à la sociologie de la capitale. Nous avons beaucoup de candidats chefs d’entreprise, cadres associatifs, de moins de 30 ans. Le contraste est saisissant avec, par exemple, la liste de la majorité sortante qui comporte une surreprésentation d’élus.

À Paris, l’électorat de Valérie Pécresse et celui de LREM semblent proches. Quel message adresser aux indécis ?

Certains électeurs envisagent de voter pour elle sur un malentendu : ils la considèrent "Macron-compatible". Ce qu’elle n’est pas. Valérie Pécresse est plus proche d’Éric Ciotti que d’Emmanuel Macron. Au-delà de la ligne politique, je pense qu’il faut analyser son bilan. Valérie Pécresse se targue de sa politique éducative ? Dans les faits, à Paris, trop de bons lycées sont dans un état déplorable et leurs abords ne sont pas assez sécurisés. Elle joue la carte de la sécurité ? Concrètement, de nombreuses femmes seules ne veulent plus prendre le RER à partir d’une certaine heure. Nous proposons la création d’une police des transports rattachée à Ile-de-France mobilités.

"Paris est clairement une ville macroniste"

Vous considérez la région comme "l’échelon macroniste par excellence"…

Oui, la région permet concrètement de changer la vie des gens, de libérer le potentiel de chacun, d’améliorer le quotidien grâce à des mesures de bon sens. Notre liste en propose 154, chiffrées et concrètes. Parmi elles, des pépinières d’entreprises dans les lycées ou encore des salles de repos pour les livreurs Uber, Deliveroo ou Just Eat. La région peut prendre sa place dans le plan de relance puisqu’elle est compétente en matière de transport ou de formation. Mais cela nécessite une vision, des objectifs sur court et long-terme et non une stratégie de "distributeur automatique de billets" comme cela est fait actuellement.

Au second tour, la gauche s’alliera derrière le candidat le mieux placé au premier. Ce qui pourrait lui permettre de remporter la région…

Je viens de la gauche, mais la gauche républicaine. Or, la gauche francilienne floue les électeurs. Pour le moment, c’est un magma informe : trois listes différentes qui devront se réunir derrière on ne sait qui du jour au lendemain. Au-delà de cette situation étrange, EELV qui semble la liste la mieux placée, a montré ces derniers temps qu’elle avait des problèmes avec la notion de République. Dès qu’EELV prend la tête d’un exécutif, le parti s’empresse de financer des associations séparatistes telles que Milî Görüş à Strasbourg ou le CCIF à Grenoble. Nous, nous portons une région claire sur la laïcité : pas 1 euro d’argent public n’ira aux ennemis de la République.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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