Ces dernières années, l’industrie du bien-être a cassé les codes de notre façon de vivre et a changé nos habitudes de consommer, de vivre et de se soigner. Véritable tendance de fonds, de plus en plus de sociétés de gestion ont souhaité investir sur cette thématique. Mohammed Amor, directeur général de Thematics Asset Management, revient sur les origines de leur fonds Thematics Wellness, co-géré par Pierre-Alexis François, récemment rejoint par Marine Dubrac.

Décideurs. Vous venez de lancer un nouveau fonds thématique basé sur le bien-être, Thematics Wellness. Comment vous est venue l’idée ?

Mohammed Amor : Nous sommes partis du constat suivant : de plus en plus d’individus sont soucieux de leur santé physique et mentale, de leur régime alimentaire, des soins personnels qui vont leur permettre de se sentir bien et de la manière d’occuper leur temps libre. Les habitudes de consommation ont commencé à changer depuis un certain temps, les ménages sont davantage portés sur les produits biologiques et d’origine naturelle. C’est en identifiant ces nouvelles façons de vivre et consommer que nous avons décelé une tendance de fond et avons lancé une stratégie d’investissement qui puisse accompagner et capitaliser sur ces changements profonds, le tout avec une vision de long terme. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer Thematics Wellness.

Quelles sont les spécificités de ce nouveau fonds ?

M. A. : C’est un fonds actions internationales sans contrainte d’investissement, ni géographique ni sectorielle. Nous capitalisons sur une croissance séculaire (structurelle et de long terme) qui se déploie autour du thème du bien-être.

Marine Dubrac : L’expression "un esprit sain dans un corps sain" définit à elle seule l’ensemble des nouveaux comportements de consommation qui ont émergé depuis plusieurs années. Nous avons donc naturellement cultivé notre univers d’investissement autour de trois grands axes, à savoir : la prévention du corps et de la santé mentale, passant par une l’alimentation saine telle que les alternatives végétales, une meilleure hygiène de vie ou encore une amélioration de la gestion du stress pour la prévention des burn-out par exemple. Ensuite, notre second axe est le monitoring/suivi, afin de déceler plus tôt et pouvoir anticiper voire éviter les maladies qui sont aujourd’hui très présentes tels que l’obésité, les cancers répandus comme le cancer du sein ou colorectal, les maladies cardiaques, chroniques, ainsi que de mieux les surveiller. Nous avons par exemple identifié un grand nombre de sociétés dans le secteur de la technologie pour répondre à ces besoins, notamment dans le cadre de la surveillance et des diagnostics des maladies. Enfin, le troisième et dernier axe se base sur l’amélioration du corps et de l’esprit. D’une part, grâce à l’activité physique ainsi qu’à l’amélioration des fonctions corporelles, et d’autre part, par la stimulation cérébrale et la lutte contre l’isolement avec les animaux de compagnie, concept qui a explosé en raison des périodes de confinement. Notre philosophie d’investissement se résume ainsi, "mieux vaut prévenir que guérir pour vieillir mieux". 

"L’expression "un esprit sain dans un corps sain" définit à elle seule l’ensemble des nouveaux comportements de consommation qui ont émergé depuis plusieurs années". 

La crise sanitaire a-t-elle joué sur le processus d’investissement du fonds ?

M. A :  C’est un fait, la crise liée à la Covid-19 a fait de cette thématique un réel enjeu sociétal, les individus ont davantage pris conscience de l’importance de leur santé physique et mentale. Nous avions identifié le bien-être comme étant une tendance de fond il y a dix-huit mois, ce qui est le temps de gestation classique pour la création et le lancement d’un fonds. La crise sanitaire n’a donc pas été le déclencheur et n’a pas accéléré les processus déjà bien établis de notre côté, mais cela a en effet appuyé la phase de test d’investissement de douze mois qui fut très concluante.

Le fonds répond-il aux critères ESG ?

Pierre-Alexis François : Tout à fait. Déjà à travers sa thématique, le fonds est bien évidemment au cœur des différents enjeux sociétaux de demain. En investissant dans le thème du bien-être nous accompagnons des sociétés qui cherchent à améliorer la santé physique et psychologique des individus à travers le monde. Au-delà de cette dimension intrinsèque, nous avons mis en place au sein de Thematics un processus d’investissement qui prends en compte de manière centrale les différents aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance. Tout d’abord dans la définition de notre univers d’investissement nous excluons d’office certaines entreprises ou certains secteurs en raison de leur contribution négative. Par exemple, nous excluons les entreprises dans le secteur du tabac mais également du charbon, de certains hydrocarbures ou encore des armes en fonction de certains seuils. Ensuite, nous travaillons directement sur une notation spécifique à chaque entreprise en mettant l’accent sur les risques ESG les plus forts par industrie : par exemple dans les vêtements de sport nous prêtons une grande attention à la provenance, à l’origine des matières premières ou encore des lieux de fabrication ; pour la partie alimentation de demain nous sommes vigilants sur l’utilisation de ressources telles que l’eau. Et cette notation a un impact sur le calibrage final de nos positions. De plus, Thematics Wellness sera prochainement labellisé ISR et sera classifié "article 9" dans le cadre de la nouvelle réglementation européenne (SFDR).

Quel est l’encours sous gestion pour cette thématique ?

M. A. : Actuellement, nous gérons sur ce fonds près de 6 millions d’euros et nous serons à 31 millions d’euros d’actifs gérés d’ici à fin juillet. Au 31/12, nous visons les 100 millions d’encours pour un fonds dont la capacité est estimée à 3,5 milliards d’euros.

Marine, vous venez d’arriver au poste de co-gérante du fonds Thematics Wellness, pouvez-vous nous expliquer quel sera votre rôle ?

M. D. : En rejoignant l’équipe de Thematics AM, j’ai la double casquette d’analyste et de co-gérante avec Pierre-Alexis. Grâce à mon expérience sur les sujets du bien-être et des grandes tendances de consommation, j’ai une bonne connaissance de ces secteurs et je suis ravie d’apporter mon expertise sur cette thématique. De plus, Ayant toujours géré des fonds globaux, je suis familiarisée avec le marché américain et je pourrai apporter de nouvelles idées venant de ce continent.

Quelles sont vos ambitions ?

M. D. : En tant que co-gérante de ce fonds, je souhaite aller chercher les sociétés qui entrent pleinement dans la thématique tout en lui apportant un angle novateur. Avec Pierre-Alexis, nous souhaitons conserver une gestion de conviction mais en étant capable de naviguer au mieux dans différentes conditions de marché. 

"Nous analysons les tendances au travers de la pyramide de Maslow et ses quatre forces primaires". 

Beaucoup de médias posent aujourd’hui la question de savoir si les fonds thématiques sont une tendance passagère ou de long terme. Qu’en pensez-vous ?

M. A. : Un fonds thématique, quel que soit le secteur dans lequel il est investi, ne doit pas être un effet de mode. Il doit s’inscrire dans le long terme et répondre au prérequis de la visibilité sur 10, 15 voire 20 ans. Si un thème identifié ne répond pas à cette vision de long terme, alors nous ne considérons pas que c’est une thématique d’investissement. Une fois ce critère validé, nous analysons les tendances au travers de la pyramide de Maslow et ses quatre forces primaires, qui, selon nous, sont les racines fondamentales des bouleversements à l’échelle mondiale, à savoir la démographie, l’innovation, la mondialisation et la raréfaction des ressources. Notre but est de donner un sens à nos investissements tout en répondant aux besoins des épargnants. Nous n’obéissons donc à aucun effet de mode, notre expertise nous permet d’identifier des tendances qui durent pendant plusieurs décennies et persistent à travers plusieurs cycles. Il s’agit d’aller à l’encontre du court-termisme, d’identifier et définir des thèmes de manière focalisée. 

 

Propos recueillis par Marine Fleury 

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